Après deux mois sans vraiment se poser, on a décidé de s’offrir… une semaine de vacances dans un petit village de Maramures et son camping (Sapanta, N 47.94795 E 23.69815, 10€). Farniente, pas de voiture, peu de visites, histoire de se refaire le plein d’énergie pour la suite.
Le Maramures est un département du nord-ouest réputé pour sa charmante campagne, ses forêts et ses maisons en bois. En fait c’est tout l’écosystème qui fonctionne au bois, toits des maisons, églises, portails sculptés sont en bois et l’on chauffe et cuisine au bois.
A Sapanta se trouve la plus haute église en bois du pays, avec son clocher gothique (en bois) de 58m.
C’est aussi et surtout le village du cimetière joyeux grâce au formidable de travail du sculpteur Ioan Stan Patras et de son apprenti et successeur.
Depuis 1935, il a sculpté les tombes des villageois avec des scènes représentant le défunt et un poème relatant sa vie. Ces petits textes sont souvent humoristiques (parait-il), d’où le nom officiel du cimetière. Mais qu’attend l’UNESCO pour classer ce chef d’oeuvre patrimoine mondial de l’humanité ?
800 tombes racontent la vie des campagnes de Maramures depuis un siècle. Difficile de choisir quelles photos présenter !
Et le dimanche, tout le monde est sur son 31 dans le village. L’église est trop petite pour accueillir tous les paroissiens.
Saint-Sauveur-in-Chora et ses mosaïques à Istanbul et le monastère de Rila en Bulgarie se disputaient le titre de plus belle église rencontrée pendant notre voyage. Elle devront désormais partager le podium avec les églises peintes de Bucovine.
Saint-Savior-in-Chora Church and its mosaics in Istanbul and the Rila Monastery in Bulgaria disputed the title of most beautiful church met during our trip. Theye will now share the podium with the painted churches of Bucovina.
Une fois passées les bonnes soeurs-tiroirs caisse à l’entrée des enceintes, et payé une taxe pour prendre des photos -autorisées seulement à l’extérieur- on découvre des bâtiments magnifiques entièrement décorés à l’intérieur comme à l’extérieur.
Once having gone past the cash register-nuns at the entrance of the compounds, and paid a fee to take pictures – authorized only for the exterior- you discover magnificent buildings,entirely decorated inside and out .
Malgré la protection des toits en surplomb, le temps a fortement dégradé les fresques sur les murs exposés à la pluie, mais cela reste assez extraordinaire. L’église de Voronets est la plus célèbre. Le Jugement dernier qui occupe tout l’arrière de l’église est époustouflant.
Despite the protective overhanging roofs, the time has greatly damaged the frescoes on the walls exposed to rain , but itstill is quite extraordinary. The the most famous church is that of Voronets monastery. The Last Judgment that fills the back of the church is stunning.
Et dans l’entrée, 360 cartouches représentent les saints dans l’ordre du calendrier orthodoxe. C’est étonnant et macabre car la plupart sont représentés suppliciés, pendus, brûlés, fouettés, têtes coupées, selon la façon dont ils ont subi le martyre. Malheureusement une bonne soeur-cerbère veille à ce qu’on ne prenne pas de photos. On est loin de nos copines du monastère de Poglet. On a quand même trouvé une photo sur Internet.
Voronet Monastery
At the entrance of the church, 360 frames represent the saints in the order of the Orthodox calendar. It’s amazing and macabre as most are represented tortured , hanged , burned, whipped, with severed heads , depending on how they were martyred. Unfortunately a Cerberus (a nun) ensures that does not take pictures. Nothing to do our friends; the nuns of Poglet monastery .
Au monastère de Moldovita, c’est le mur sud qui est le mieux conservé avec un immense arbre de Jessé, une vie de la Vierge et surtout une représentation des sièges de Constantinople en 626 par les Perses, en 717 par les Arabes et en 860 par les Russes. Les assaillants sont représentés avec des vêtements et des armes du XVIème siècle. La présentation d’icônes miraculeuses de la Vierge aurait permis à chaque fois de repousser les assaillants.
In Moldovita church, the south wall is the best preserved with a huge tree of Jesse, a life of the Virgin and above all a representation of the siege of Constantinople, in 626 by the Persians, in 717 by Arabs and in 860 by the Russians. The attackers are represented with clothes and weapons of the sixteenth century. The presentation of miraculous icons of the Virgin is said to have allowed each time the attackers to be repelled.
La Bucovine est aussi le pays des œufs peints. On en avait vu au musée de Plovdiv, car on en trouve dans tout l’Europe orientale, mais le petit musée personnel de l’artiste Lucia Condrea à Moldovita dépasse tout ce qu’on a pu voir jusque là. Plus de 2 000 œufs, tous différents sont présentés dans des vitrines.
Chaque création est unique. La finesse du travail et la beauté des motifs nous a laissés sans voix, même Daniel, sceptique au départ à l’idée de visiter un musée d’œufs peints. Un coup d’oeil sur son site web donne une idée de son travail.
Bucovina is also the land of painted eggs. We had seen some in Plovdiv museum , but the little personal museum of the artist Lucia Condrea in Moldovita is beyond anything we’ve seen before. More than 2 000 eggs, all different, are presented in display cases. Each creation is unique. The delicacy of the work and beauty of the lay out left us speechless, even Daniel, initially skeptical to the idea of visiting a museum of painted eggs. A look on her website gives an idea of her work.
On a ensuite pris la route vers l’ouest et la région de Maramures, à travers une campagne bucolique, et en découvrant au passage les jolies maisons décorées de Bucovine.
We then took the road to the west and the Maramures, through a bucolic countryside and discovering the pretty decorated houses of Bucovina on the way .
Nous étions dimanche, l’occasion pour certaines de revêtir le costume traditionnel pour aller à la messe.
It was sunday, and the opportunity for some people to wear the traditionnal costumes to go to mass.
Prochain billet : le cimetière joyeux du Maramures.
La Moldavie est coupée en deux. A l’ouest, la Moldavie roumaine et à l’est, la république moldave. Nous n’aurons pas le temps de passer le Prout (si, si) pour aller jeter un oeil sur la partie est, car nous avons un rendez-vous à Budapest le 20 juillet. Pour rejoindre la Bucovine, en Moldavie roumaine, nous avions une longue route depuis le delta du Danube. Aussi, à mi chemin, en fin d’après-midi, nous étions à la recherche d’un endroit pour bivouaquer. Les villages roumains sont des villages-rues et il n’est pas facile de trouver un stationnement hors du bruit de la route principale.
To reach Bucovina, in the north- eastern Moldovan corner of Romania, we had a long drive from the Danube Delta. Also, midway, in late afternoon, we were looking for a place to bivouac . Romanian villages are street-villages and it is not easy to find parking away from the noise of the main road.
Comme nous l’avons déjà fait en Bulgarie, nous sommes donc allés à la recherche d’un monastère. Ils ont l’avantage d’être souvent dans des lieux magnifiques -les moines ont bon goût-, tranquilles et sont souvent dotés d’un parking tout près. Nous voilà donc en route pour le monastère de Poglet, repéré sur la carte, à quelques encablures de la route nationale.
As we have already done in Bulgaria, so we looked for a monastery. They have the advantage of standing in beautiful places -the monks have good taste- , of being quiet and often with a place to park nearby. So here we were on the way to the monastery of Poglet, marked on the map , not far from the highway.
Le monastère était bien plus loin que prévu. Après une heure de route (et de piste ), après nous être trompés plusieurs fois de direction, après avoir demandé notre chemin cinq fois, nous avons fini… dans la cour d’une ferme, parmi les oies et les pintades ! C’est alors qu’est arrivée une bonne soeur tout en noir descendant de son tracteur ! Nous étions bien au monastère.
The monastery was much further than expected . After an hour’s drive , after taking the wrong direction several times and after asking our way five times, we ended … in a farm yard, among geese and guinea fowl ! And suddenly a nun showed up on a tractor! This was the monastery.
Après avoir demandé si nous pouvions nous garer le long de la palissade, la sœur est partie chercher la mère supérieure qui nous a fait rentrer et nous a invité à passer la nuit chez elles ! Soeur Luciana ne parlait que roumain mais s’est débrouillée pour nous passer sur son portable -depuis le paradis?- une soeur francophone qui nous a souhaité la bienvenue à Poglet.
After asking if we could park along the fence, she went to get the mother superior who brought us in and invited us to spend the night at their place ! Sister Luciana spoke only Romanian but managed to get on her cellular -from heaven ? – a nun who welcomed us in French ! .
Elle a fait venir Maria, une jeune religieuse parlant italien, qui nous a pris en charge et nous a fait découvrir le couvent. Il date de 3 siècles, mais a été fermé pendant les années Ceaucescu. En 1996, 4 religieuses s’y sont à nouveau installées . Elles sont maintenant 10 et l’ont remis en état.
She called Maria, a young nun speaking Italian to take care of us and show us the convent. It dates from three centuries, but was closed during the Ceausescu years. In 1996, 4 nuns came back. They are now 10 and have rehabilitated the whole site.
Les bâtiments de bois et la petite église toute simple sont aujourd’hui restaurés, la ferme fonctionne et les bonnes soeurs mènent leur affaire comme de vraies agricultrices, dans ce lieu magnifique, parmi les vergers, les ruches et les fleurs.
The wooden buildings and the simple little church are now restored, the farm works and the nuns go about their business like real farmers, in this beautiful place, among the orchards, beehives and flowers.
L’ambiance est familiale et paisible. Dans la cuisine, on prépare du fromage. Dans la cour, on dénoyaute des abricots pour en faire de la confiture. La ferme bruisse du travail quotidien, au milieu du caquètement des poules.
The atmosphere is peaceful, like a quiet family. In the kitchen, one nun makes cheese. In the courtyard apricots are being prepared to make jam. The farm is busy with daily work amid the cackling of hens.
Après un bon repas -la mère supérieure est venu trinquer avec nous avec le petit vin blanc maison (pas terrible) – , on nous a proposé une chambre digne d’une maison d’hôtes 4 étoiles. Maria nous a invité à la messe du lendemain à 6 h du matin, mais devant notre air peu convaincu, Luciana l’a arrêtée et nous a souhaité une bonne nuit.
After a good meal -the Mother Superior came to have a toast with us with the house made white wine ( not a great one in fact ) -, we were offered a room worthy of a 4-star guesthouse. Maria invited us to church the next day at 6 am, but to our unconvinced face, Mother Luciana stopped her and wished us a good night.
C’est vraiment pas de chance, mais on s’est réveillés à 9h. Un petit déjeuner pantagruélique nous attendait, servi par la nouvelle copine de Chon !
It’s really too bad, but we woke up the next day at 9am. A great breakfast was waiting for us, served by Chon’s new friend.
En partant, pas question de payer : « nous ne sommes pas une auberge mais un monastère ! ». Au contraire, on nous a offert deux pots de miel et deux peaux d’agneau d’une douceur d’angora, ainsi qu’une bouteille d’eau fraîche pour la route ! Etait-ce cela la fameuse hospitalité roumaine ?
When time came to leave, there was no question of paying anything : » we are not a hostel but a monastery ! « . Instead, we were offered two jars of honey, two lamb skins as soft as angora and a bottle of fresh water for the road ! Was that the famous Romanian hospitality ?
Gênés, on s’en est sortis en laissant un peu d’argent pour des messes !!!
Embarassed, we only managed to leave some money for offices !!!
Nos bonnes sœurs ont promis de prier pour nous ! Si avec cela la suite du voyage ne se passe pas bien !
Our sisters promised to pray for us ! Do you know a better insurance for a safe journey ?
Après avoir servi de frontière avec la Serbie puis la Roumanie et coulé vers l’ est et la mer noire, le Danube fait soudainement un coude pour « remonter » plein nord jusqu’à former un immense delta à la frontière de l’Ukraine. C’est le paradis des oiseaux et des pécheurs.
After having served as border with Serbia and Romania and flown to the east and the Black Sea , the Danube suddenlymakes a bend to « go up » due north to form a vast delta on the border of Ukraine. It is a paradise for birds and fishermen .
Nous l’avons parcouru avec le patron du camping du lac à Murighiole, petit village tout au bout du delta, sur le bras droit du fleuve. Octavian est ukrainien, parle couramment français, italien, anglais et un peu d’allemand, et bien sûr roumain, ukrainien et russe.
We criss crossed it with the owner of the Lake campsite in Murighiole, a small village at the end of the delta, on the right arm of the river. Octavian is Ukrainian, speaks fluent French, Italian, English and a little German, and of course Romanian, Ukrainian and Russian.
Il connait parfaitement tous les oiseaux du fleuve et a été un guide idéal pendant les 5 heures où il nous a fait sillonner les lacs et les chenaux de l’immense delta. Le Danube s’étale dans toutes les directions et on se demande comment il se repère dans ce dédale.
He perfectly knows all the birds on the river and was a perfect guide for the 5 hours it took us through the lakes and channels of the vast delta. The Danube stretches in all directions and we wonder how it finds his way in this maze .
Il nous a bien sûr donné tous les noms des oiseaux rencontrés, que nous avons bien sûr oubliés à fur et à mesure.
Of course he gave us all the names of the birds we saw, and of course we forgot all of them.
Mais les rois du delta, ce sont les pélicans, même si au décollage, ils ont l’air ridicule .
But the kings of the delta are the pelicans, though they look ridculous when they take off.
Restent de belles photos d’une très belle matinée, un peu longue, qui a commencé à 6h du matin, mais cela valait la peine de se lever tôt.
But we will not forget the beautiful photos of this cruise, even if we had to be on the boat à 6 a m !
Prochaine étape : sur la route de la Moldavie ou Retraite au couvent !
Bucarest est une ville de plus de 2 000 000 d’habitants, au milieu d’une grande plaine agricole et réputée très chaude l’été. Notre première impression s’est faite depuis un taxi qui nous a conduit à toute vitesse du camping au centre ville passant par de très larges avenues, assez vides (on était dimanche matin) et bordées d’immeubles un peu tristounets.
Pourtant le coeur de Bucarest est agréable, très éclectique : des immeubles XIXème, voisinent avec de l’art nouveau, des immeubles des années 60, des façades modernes en verre et au milieu de tout cela subsistent quelques charmantes villas (souvent en mauvais état) ou une petite église ancienne.
Le quartier « historique » est devenu très branché, avec beaucoup de bistrots, de terrasses, de jolis passages couverts débouchant dans de petites rues vivantes, actives. Bref, il est très plaisant d’y flâner et les bucarestois ne s’en privent pas, du moins ceux qui sont aisés car la pauvreté à Bucarest est bien visible.
Nous sommes allés au musée national qui a une magnifique collection médiévale d’objets en particulier de Valachie et de Moldavie. Les peintures elles, comme à Sibiu, nous ont paru intéressantes mais sans grande originalité. Mais le point culminant des visites touristiques à Bucarest est évidement Le palais du parlement (ex palais du peuple).
C’est un grand quadrilatère bâti de 270m sur 250m. Mais c’est en fait tout un quartier qui a été construit autour. Pour cela le « Génie des Carpates » a fait raser 500 hectares de Bucarest (l’équivalent de 3 arrondissements parisiens) et expulser 40 000 personnes de ce qui était un des quartiers historiques de la ville.
Le résultat est un ensemble d’avenues bordées d’immeubles pour la plupart en marbre et déjà un peu décatis qui mènent triomphalement au palais. Ils devaient servir à loger la nomenklatura !
Il faut avouer que cela forme un ensemble tout à fait cohérent, mais assez froid et qui semble peu habité.
Les chiffres du bâtiment donnent le tournis : 350 000 m2 de plancher, 12 étages et 5 niveaux en sous-sol. Il compterait plus de 10 000 pièces, des milliers de m2 de tapis et 5 000 lustres de cristal ! 20 000 ouvriers ont travaillé nuit et jour de 1983 à 1989 sur le chantier. Un million de M3 de marbre ont été nécessaires pour l’édifier et des monastères ont été réquisitionnés pour broder les tentures des fenêtres. Le point positif est que tous les matériaux et la fabrication sont d’origine du pays.
Et Il Il devait abriter la Présidence de la république, l’Assemblée nationale, le Sénat, le comité central du PC et la Sûreté nationale. Ce ne devait pas être la résidence des Ceaușescu, même si on peut penser qu’ils s’étaient réservés sans doute un petit studio quelque part. Malheureusement pour eux, ils n’ont jamais pu s’en servir : le 21 décembre 1989, au balcon, il était hué par la foule, apparemment à sa grande surprise, et le lendemain, en pleine révolution, Elena et Nicolae s’échappaient en hélicoptère, avant d’être arrêtés, jugés sommairement et exécutés dans la foulée !
En 1989, lorsque les Roumains se sont débarrassés du couple, le bâtiment était achevé à 70 %. Il est aujourd’hui terminé à 95%. Après quelques hésitations sur ce cadeau empoisonné, le nouveau régime y a installé le Parlement, puis le Sénat. On peut regretter que toutes les allusions aux Ceaușescu soient effacées du bâtiment, dont on visite des salles d’apparat absolument vides de mobilier et de décoration. La plus grande fait 3000 m2 et a un plafond ouvrant. On y voit encore deux cadres de marbres de 15 m de haut qui contenaient des portraits d’Elena et de Nicolae.
Nous, on trouve dommage que tout ce passé soit entièrement effacé. Il faut parait-il visiter la maison du couple transformée en Musée pour cela.
La mégalomanie des Ceaușescu et leur culte personnel n’avaient pas de limites. Lorsqu’on entre dans le hall d’entrée principal (50m x50m) on a devant soi deux escaliers monumentaux de 10 m de large : celui de gauche est celui de Nicolae. Quant à celui de droite, une fois terminé, Elena l’a fait refaire car elle voulait pour son escalier des marches moins hautes pour être plus à l’aise : aussitôt dit, aussitôt fait : les marches font 7 cm alors que celles de l’escalier de gauche sont normales !
Pendant 6 ans, la construction a englouti 40 % du PIB du pays ! Reste aujourd’hui un bâtiment incroyable, d’assez bon goût quand même, mais totalement démesuré et apparemment en grande partie vide et inutile.
Ce qui est un peu choquant, c’est qu’aujourd’hui, pour visiter « leur » palais, les Roumains doivent payer -comme les touristes étrangers- 35 lei (8 €). N’ont-ils pas déjà assez payé pour ce Versailles des Carpates ?
Sighisoara est une petite ville avec un centre médiéval très bien conservé. Les rues pavées sont bordées de maisons peintes, évoquant la Hongrie ou l’Allemagne.
Sighisoara is a small town with a well-preserved medieval center The cobbled streets are lined with painted houses, evoking Hungary or Germany.
C’est aussi ici que nous avons rencontré le « Dracula business » ! il se trouve que le modèle de Bram Stoker pour son roman, Vlad Tepes Dracul, est né ici. C’était en fait un chef de guerre roumain, qui s’est battu contre les turcs. Très cruel avec ses ennemis-surnommé l’empaleur-, il valait mieux ne pas tomber entre ses mains !
It is also here that we met the » Dracula business « ! Vlad Dracul Tepes was born here. He was the model for Bram Stoker’s novel. He was actually a Romanian warlord who fought against the Turks. Very cruel with his enemies – nicknamed the impaler-, it was better not to fall into his hands !
Tout ici est prétexte à déclinaison sur ce thème ! T shirts, mugs, dents de vampires en plastique, masques de zombies, épées en plastique bordées de rouge, tapis de souris, pseudos instruments de torture, etc…
Everything here is a pretext for a variation on this theme ! T shirts, mugs, plastic vampire teeth, zombie masks, plastic swords lined with red, mouse pads, fake instruments of torture, etc …
Après Sighisoara, direction la grande ville de Brasov. De belles places et rues piétonnes, des immeubles de couleurs, et la plus grande église gothique, luthérienne, entre Vienne et Istanbul. Elle est un peu lourdingue, quand même !
After Sighisoara, we headed towards the large city of Brasov. Beautiful squares and pedestrian streets, with coloured buildings, and the largest Gothic church , Lutheran, between Vienna and Istanbul. It is a little clumsy, to tell the truth !
Et il n’y a pas qu’à Limoges qu’on trouve des pubs-bibliothèque !
20 km au sud de Brasov s’élève le château de Bran. Là aussi, on est en plein folklore draculesque. Vlad Tepes y aurait passé une nuit. Le bâtiment est très impressionnant sur son rocher, mais il a surtout été habité comme résidence d’été des rois de Roumanie au XIXème siècle.
20 km south of Brasov rises Bran Castle. Again, we are right in the middle of draculesque folklore. Vlad Tepes is said to have stayed there overnight. The building is very impressive on his rock , but it was mainly inhabited as summer residence of the kings of Romania in the nineteenth century.
Après une nuit au Vampire camping, on a pris peur : non pas à cause d’éventuels fantômes mais plutôt à cause des dizaines de stands de draculeries dans la ville et autour du château, et des cars de touristes. On est partis en courant sans le visiter, direction plein sud vers Bucarest en traversant la chaîne des Carpates.
After a night at the so-called Vampire camping, we got scared : not because of any ghosts but because of the dozens of stalls of Draculabilia in the city and around the castle and also because of the numerous tourist buses. We ran away from them without visiting the castle, heading south to Bucharest, crossing the Carpathian Mountains.
Eh oui, nous sommes en juillet et le temps où nous visitions des sites sans le moindre touriste est terminé. Il va falloir s’y habituer !
Obviously, we are in July and the time when we visited the sites without any tourists around is over. We’ll have to get used to it !
Chuck Todaro est d’origine new yorkaise, journaliste, et passionné par la culture Rom. Il a une « guesthouse » dans un petit village de Transylvanie où il accueille des voyageurs curieux d’approcher le monde des Gypsies (cf article dans Causette). Par son intermédiaire, nous avons passé une journée dans une famille de la tribu des Gabor. Il nous a appris que les Gypsies (qui entre eux s’appellent Roms) ont subi 400 ans d’esclavage en Roumanie. Ils ont été libérés au milieu du XIXème siècle. Par analogie avec l’Inde, Chuck parle de castes, depuis les Brahmanes jusqu’aux intouchables.
Chuck Todaro is a New York journalist and is passionate about Roma culture. He runs a « guesthouse » in a small Transylvanian village where he welcomes travelers wishing to approach the world of the Roma. Through him, we spent a day in a family of the Gabor tribe. He taught us that Gypsies ( who call themselves Roma ) suffered 400 years of slavery in Romania. They were released in the mid-nineteenth century. By analogy with India, Chuck talks about castes, from the Brahmins to the untouchables .
Certains sont très riches et construisent d’étranges palais, quand d’autres vivent à proximité des décharges publiques, dans la misère la plus noire.
Some are very rich and build strange palaces, while others live near the garbage heaps , in the most abject poverty.
Nous avons traversé un de ces villages constitué d’énormes maisons de brique rouge, à l’architecture étonnante, à mille lieux des villages misérables croisés jusqu’ici. Devant les maisons, les hommes portent fièrement leurs grands chapeaux, quand les femmes arborent des robes très colorées.
We crossed one of these villages made of huge houses of red brick, with stunning architecture, far from the miserable villages crossed so far. In front of the houses, the men proudly wear their dark suits and big hats when women wear brightly colored dresses.
Les Gabor font partie des « Brahmanes ». C’est une tribu « noble », traditionaliste, de près de 5 000 membres, dont le centre est en Transylvanie autour de Targa Mures, mais répartie aussi dans le reste de la Roumanie, en Hongrie, Allemagne, Danemark, république tchèque et jusqu’aux Etats-Unis. Ils sont très secrets et pratiquent ce que Chuck appelle une « auto-ségrégation » pour éviter toute pollution de leur culture par des éléments extérieurs. Ils travaillent le métal depuis toujours. Les hommes de la famille que nous avons rencontrés sont mécaniciens, ferronniers, zingueurs et en particulier fabricants de gouttières.
The Gabor are among the « Brahmins ». This is a « noble », traditionalist tribe of nearly 5000 members, whose center is in Transylvania around Targa Mures, but that has also spread in the rest of Romania, in Hungary, Germany, Denmark and the Czech republic, and even the United States. They are very secret and practice what Chuck calls a » self-segregation » to avoid any pollution of their culture by outsiders. They are metal workers. The men of the family we met are mechanics, ironworkers , zinc workers , and especially gutters manufacturers.
La famille qui nous a accueillis habite dans un petit village de 1000 habitants (80% de Hongrois, 20% de Roms). Nous sommes en effet dans la région hongroise de Roumanie. Leur grande maison où ils habitent depuis 6 générations (rien à voir avec les palais clinquants vus sur la route) est attenante aux ateliers et au garage de Gaby… Gabor, le chef de famille. Toute la tribu a « Gabor » comme patronyme !
The family that welcomed us lives in a small village of 1000 inhabitants (80% of Hungarians, 20% of Roma ) . We are in the Hungarian region of Romania. The large house where they have lived for 6 generations ( nothing to do with the glitzy palaces seen on the road) is adjacent to the workshops and garage of Gaby… Gabor, the head of the family . The whole tribe has « Gabor » as surname !
La maison est le domaine des femmes qui, comme dans d’autres civilisations (on pense au Maroc), sont les gardiennes des traditions mais aussi les véritables maîtresses du domaine intérieur. Dans la salle de séjour trône un buffet extraordinaire où sont exposés la vaisselle que la maîtresse de maison reçoit à son mariage. C’est en fait une sorte d’autel familial qui marque la richesse de la famille.
The house is the domain of women, as in other civilizations (we think of Morocco). They are the guardians of tradition, but also the true masters of the home and the family. In the living room stands a wonderful buffet which displays the kitchenware that the hostess has received for her wedding. This is actually a kind of a shrine that marks the wealth of the family .
Il y a toute une symbolique autour des vêtements portés par les hommes, et surtout par les femmes.
La confection des jupes est quelque chose d’extraordinaire. Le tissu, de 12 mètres de long, est plissé à la main, puis cousu et repassé pour que les plis restent en place. Plus de mille plis et plusieurs jours de travail ! Lorsque nous étions là, Klara fabriquait trois jupes qui seront expédiées en Angleterre : une commande de Gabor londoniens.
The making of the skirts is something extraordinary. The fabric, 12 meters long, is hand pleated and sewn and ironed for the folds to remain in place. Over a thousand folds and several days of work ! When we were there, Klara was making three skirts that will be shipped to some Gabor customers in London.
La jupe se porte avec un tablier lui même très travaillé et plissé à l’identique. Les jeunes filles non mariées portent deux très longues nattes avec rubans rouges. A partir de 15 ans, après leur mariage, leurs cheveux seront rassemblés sous un fichu.
The skirt is worn with an apron which is very well pleated the same way. Unmarried girls wear two very long braids with red ribbons . Once married, their hair will be gathered under a scarf .
On se marie tôt chez les Gabor et 4 voire 5 générations vivent sous le même toit. Chez Gaby, l’arrière grand-mère a 62 ans et deux arrière petits enfants de 6 et 2 ans. La petite Rita nous a fait complètement craqué. C’est vraiment la star de la maison !
People marry very young among the Gabor and 4 or 5 generations may live under the same roof. At Gaby’s, the great-grandmother is 62 years old and has two great grandchildren of 6 and 2 years old. Little Rita is the star of the house!
Dans cette grande maison pleine de vie, il règne une atmosphère de paix assez étonnante. Des voisins et voisines entrent et sortent, les enfants jouent, les femmes s’affairent, pendant que les marteaux tapent dans l’atelier de ferronnerie. Klara, 24 ans et sa sœur de 14 ans sont les seules à parler anglais (remarquablement bien), qu’elles ont appris, en grande partie, avec la télévision. Cela nous a permis des échanges très intéressants avec des filles intelligentes, ouvertes, curieuses et pleines de personnalité. On s’est tout de suite sentis bien dans cette famille attentionnée, souriante et fière.
In this large house full of life , there is a pretty amazing atmosphere of peace . neighbors and relatives come and go, the children play, the women are busy, while you hear the hammers in the metal workshop. Klara , 24, and her 14 years old sister are the only ones speaking English (remarkably well), which they have learned , in large part, with television. This allowed us some very interesting exchanges with these smart, open, curious girls, and full of personality. We immediately felt well in this caring, smiling and proud family.
On les quittera avec émotion et avec un pot d’échappement réparé par M. Gabor (c’était l’occasion!). Ce même Gaby que l’on verra quitter sa cotte de mécanicien pour un superbe uniforme de policier municipal avant de prendre son service.
We left them with emotion and with an exhaust pipe repaired by M. Gabor ( it was an opportunity !). This same Gaby that we will swap his mechanic’s greasy outfit for a superb uniform of municipal police officer before taking his service.
Décidemment on est loin des clichés des Gypsies fourbes et voleurs ! Les Gabor tiennent beaucoup à cette image d’honnêteté et d’indépendance. On n’oublie pas pour autant les mendiants professionnels rencontrés dans les villes ici ou là, sales et dépenaillés.
We are far from the clichés of Gypsies asknaves and thieves ! The Gabor are proud of this image of honesty and independence. But we do not forget all the professional beggars encountered in cities here and there, dirty and ragged .
On a été bien secoués par cette rencontre. Ce n’est pas en 24h qu’on peut prétendre avoir compris grand chose à cet univers. On est repartis, frappés par la chaleur et la gentillesse de ces gens, et avec mille questions dans la tête.
We have been quite shaken by this encounter. 24 hours are of course not enough to claim to have understood much of this universe. We left, struck by the warmth and kindness of these people, and with a thousand questions in our heads.
Au moment de partir, Rita s’est glissée dans le coffre du camping car et ne voulait plus en sortir !
Upon leaving , Rita has crept into the trunk of the camper and did not want to get out !
(les photos 4, 5, 7 et 8 sont de Chuck Todaro, extraites de son site www.tzigania.com)
Pictures #4, 5, 7 and 8 are from Chuck Todaro, downloaded from his website www.tzigania.com
Sibiu est une ville de Transylvanie de la taille de Limoges. Elle a un passé hongrois et saxon. Au moment de la chute du mur, 20 000 « allemands » y habitaient. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 5 000, beaucoup ayant profité de l’occasion pour rejoindre la mère patrie. Mais l’héritage saxon est partout et même dans le nom de la ville : Sibiu Hermannstadt.
C’est particulièrement vrai dans l’architecture.
On a adoré les « yeux » des toits de Sibiu !
Mais ce qui nous a frappé c’est surtout l’effervescence culturelle de cette ville. Capitale européenne de la culture en 2007, on a l’impression que cela continue au même rythme. Jugez plutôt : pendant les 4 jours qu’on y a passé, on avait le choix entre les 10 ans du TIFF (Transylvania international film festival), le plus grand festival de cinéma de Roumanie, un festival de théâtre, la saison musicale du Philharmonique de Sibiu, un formidable musée des traditions populaires. La seule chose qui nous déçue, c’est le musée Bruckental, constitué des collections personnelles du Baron Samuel de Bruckenthal, gouverneur autrichien de la ville au XVIIIe siècle.
Résultat : on a vu un film en russe (sous-titré en roumain et en anglais) racontant les relations entre le directeur du Louvre et les autorités allemandes pendant 39-45, au titre bizarre de Francophonia, une représentation en plein air d’une version de la tempête de Shakespeare avec acteurs et marionnettes (en roumain, on a quand même craqué après 20 mn), pendant que sur une autre grande place était projeté gratuitement dans le cadre du TIFF un film roumain sur grand écran gonflable, sans oublier deux soirées dans le théâtre à l’italienne du Philharmonique, avec un concert de l’orchestre : Bernstein, Enescu, Lazarescou, Gershwin, (ce n’était peut-être pas le programme de nos rêves mais une belle découverte de musiciens roumains avec un excellent orchestre), et une soirée jazz avec un quintet américain et une chanteuse locale.
Cela fait du bien ! On était un peu sevrés de spectacles depuis 3 mois. Il aura fallu Sibiu et la Roumanie pour nous offrir ces moments ! On est loin de l’image arriérée du pays (même s’il y a encore des charrettes tirées par des chevaux). On sent un pays dynamique, européen à fond (même les églises arborent des drapeaux bleu-jaune-rouge et européens). Les gens sont réservés au premier abord, mais très sympas dès qu’on leur parle. Par contre la francophonie a encore du travail : tout le monde répond spontanément en anglais, ou en allemand, même si on trouve quelques francophones heureux de parler avec nous.
Quant au musée des arts et traditions populaires, on n’a y pas tout vu : il fait 86 hectares et des dizaines de maisons traditionnelles, de moulins à vent, à eau, d’églises en bois, d’ateliers d’artisans, y ont été installés, après avoir été démontés de leur région d’origine puis remontés à l’identique.
On a même surpris une messe en plein air devant une église en bois entièrement peinte à l’intérieur.
C’est une superbe balade. On a quelquefois l’impression d’être dans le village d’Astérix !
Nous voici donc en Roumanie. Les Carpates traversent le pays d’ouest en est, avant de remonter vers le nord. Elles ressemblent beaucoup aux Pyrénées. Des forêts de sapins, des sources et des torrents, des lacs d’altitude. Notre première expérience des Carpates s’est faite un peu par hasard. A la recherche d’un camping, on en a repéré un sur la carte dans le parc national Retezat, tout à l’ouest du massif. Après 35 km de montée, on est arrivés à un lac de barrage et découvert que le camping était encore à 18 km par une piste caillouteuse. On est restés donc près du lac, entièrement seuls dans un environnement superbe. Le calme absolu !
Here we are in Romania. The Carpathian Mountains cross the country from west to east before heading north . They closely resemble the Pyrenees. Pine forests, springs and streams, mountain lakes . Our first experience of the Carpathian Mountains happened by chance. Looking for a campsite, we spotted one on the map in the Retezat National Park, west of the range » After 35 km uphill, we reached a dam and a lake and discovered that the camping was still 18 km away by a stony track. We are thus remained near the lake, completely alone in a beautiful environment. The absolute calm !
Le lendemain, on a décidé de faire le tour du lac : on prévoyait 3 heures de marche.
The next day, we decided to hike around the lake : we expected to have to walk about 3 hours.
Sauf que une fois arrivés au trois quarts du tour, la piste a pris la tangente en grimpant dans la montagne. On a fini par faire demi-tour. Résultat, ce n’est pas 3 heures mais 7 heures qu’il nous fallu pour retrouver nos pénates, avec 30 km dans les jambes :Plus fort que Jean-Mi ! Encore heureux qu’on n’ait pas fait de mauvaises rencontres.
But once we had gone through the three quarters of the lake, the track decided to go up the hill, away from the water. We eventually turned back. As a result we ended up walking for 7 hours ! lucky enough, we did not make bad encounters !
Plus loin vers l’est, une route mythique nous tentait pour notre deuxième incursion dans la montagne : la Transfăgăraș. Elle traverse le massif du nord au sud et était annoncée comme très spectaculaire sur son versant nord, jusqu’à un lac glaciaire tout en haut.
Further east, we were tempted by a mythical road p for our second try in the mountain : the Transfăgăran highway. It crosses the range from north to south anc was publicized as very spectacular on its northern slope, up to a glacier lake.
Cette route a été construite en réponse à l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’URSS en 1968. Ceausescu désirait garantir une intervention militaire à travers les montagnes des Carpates dans le cas ou l’URSS tenterait une opération en Roumanie. Aujourd’hui, c’est un haut lieu touristique. Le lac ne vaut pas tripette, avec ses boutiques de souvenirs et ses baraques à sandwichs, même si c’est le rendez-vous des photos de mariage.
This road has been built as a response to the invasion of Czechoslovakia by the soviet troops in 1968. Ceausescu wanted to have a safe route through the mountains in case of a Russian operation in Romania. Today, it is a tourist attraction. The lake is not worth the trip, with its souvenir shops and sandwich stands, though it is often used as a background for wedding pictures.
La route par contre défie les règles de la pesanteur ! Cela nous a rappelé les « circuits 24 » de notre enfance (les plus jeunes parleront plutôt de jeux vidéos). Ce doit être une des plus sinueuses en Europe !
But the road defies the rules of gravity ! It must be one of the most winding roads in Europe !