Il s’est passé quelque chose. Depuis qu’on a rejoint le Saint-Laurent et quitté Kamouraska, on a l’impression que notre road trip est terminé et qu’on est maintenant en vacances, plutôt qu’en voyage. Dit comme cela, ça parait un peu bête mais pour cette dernière semaine québécoise, on se sent en roue libre, comme après un long périple.
Comme disent les acadiens, on laisse le bon temps rouler.
On sent qu’on arrive au bout de notre balade, et on a ralenti tranquillement le rythme pour profiter du temps présent. On a devant nous une bonne semaine pour rejoindre la région de Montréal, pas besoin de stresser !
On a donc remonté tranquillement la rive sud du Saint-Laurent, en profitant des petits villages le long du fleuve. La côte sud est différente celle du nord. Les villages sont plus colorés, plus riants.
Depuis Montmagny -excellent kouign-amann au « café breton »- Un traversier (ferry) gratuit permet de rejoindre l’île-aux-grues, une bande de terre de dix km de long au milieu du fleuve. C’est une île de paysans entourée de marais appelés battures. Avec ses deux cents espèces d’oiseaux, c’est le paradis des ornithologues.
Pour nous cela a été surtout une belle balade à vélo le long des hautes herbes des battures.
Tout au bout de l’île un étrange bateau est échoué depuis cinquante ans.
Le poème de Rimbaud est peint sur la coque ! Il sert d’accueil à une auberge juste en face et héberge actuellement une petite expo sur les costumes… de mi-carême. On doit avouer qu’on ne l’a pas visitée.
Retour sur le « continent » et passage par Saint-Jean Port Joli, fameux pour ses sculpteurs sur bois.
Un arrêt obligé aussi à Saint-Michel de Bellechasse et ses belles maisons blanches.
Un peu plus loin, on a fait un détour par Québec sur l’autre rive, pour visiter le musée des Beaux-Arts et sa formidable collection d’art Inuit.
Les artistes traditionnels utilisaient à merveille des os, des pierres, des bois de caribou, des vertèbres de baleine, des dents de phoque, pour produire de magnifiques sculptures. A ne pas rater si vous passez par là.
Puis retour sur la rive sud. Nous nous sommes arrêtés à Saint-Antoine-de-Tilly, « Du côté de chez Swann » … pour une bonne crêpe aux pommes et sirop d’érable évidemment, façon de nous réhabituer doucement, après le kouign-amann de Montmagny aux plaisirs de chez nous.
La crêperie, tenue par une charmante douarneniste, est facile à trouver : c’est juste en face du Magasin général.
Les gens du coin sont mobilisés contre un projet de mine de gaz de schiste qui risque de polluer les nappes phréatiques.
Nous avons finalement quitté le fleuve pour retrouver à Granby ou plutôt dans un camping pas loin, à L’Ange gardien (ça ne s’invente pas) des amis québécois rencontrés au Cambodge cet hiver.
Ils y passent tout l’été dans leur caravane « améliorée ». Ce fut un bon moment passé ensemble et l’occasion de découvrir les fromages du coin et les saucisses aux myrtilles. ici on dit des Bleuets. Excellent et on était loin du rat au barbecue dégusté avec eux à Battambang !
Depuis la grande galerie des totems et les salles consacrées aux premières nations de l’ouest canadien jusqu’à l’histoire récente du pays, tout est passionnant dans ce musée. (cliquer sur l’image ci-dessous pour une visite virtuelle)
Encore une fois, on peut dire « Vaut le voyage ».
Et sur la route du retour vers Montréal, une déviation improbable ! Malgré la tentation d’aller y faire un tour, nous sommes bien arrivés chez Mireille et Serge, à temps pour profiter d’une dégustation de blé d’Inde ((maïs) dans leur jardin !
suivi d’une séance de cure-dents !
Belle conclusion que cette après-midi tranquille dans leur jardin, pour un voyage formidable dans un pays chaleureux. On repart avec des étoiles dans les yeux !
Merci les amis ! On vous attend de pied ferme en Bretagne !
Tout le monde connait la mythique route 66 aux états-Unis. Nous, on a choisi de « faire » la route 138. Elle part de Québec et longe la rive gauche du Saint-Laurent jusqu’à l’Atlantique.
Le fleuve, qui fait déjà un km de large à Québec, s’élargit petit à petit jusqu’à devenir un golfe majestueux dont on ne voit plus l’autre rive.
Question orientation, ce n’est pas compliqué. Si vous sortez de Quebec par l’est, vous prenez la 138 et c’est tout droit sur 1080 kms ! De toutes façons, il n’y a pas d’autres routes !
A main droite, vous apercevez le Saint-Laurent de temps en temps entre les sapins, et à main gauche, c’est la forêt. C’est simple.
Les villages se succèdent et se ressemblent. De jolies maisons de bois peint, posées sur des pelouses impeccables, à bonne distance les unes des autres -on a de la place au Canada-. Difficile d’identifier un centre-ville. On n’est pas en France où les habitations se pelotonnent autour de l’église, du bistrot PMU, de la boulangerie et de la pharmacie. Ici, les maisons sont dispersées le long de la route, avec comme seuls repères l’église blanche en bois et le « Dépanneur ».
Celui-ci est une véritable institution, héritage du « Magasin général » de l’époque des pionniers. On y trouve une épicerie, du pain, un téléphone public, les tickets de loto, un coin de vente d’alcools, des médicaments, des sacs de glaçons, des permis de chasse et de pêche, des vers, mais aussi souvent un distributeur de billets, un café, des pâtisseries maison et quelques plats chauds, une pompe à essence, bref, tout ce qu’il faut pour se… dépanner.
C’est surtout le cœur vibrant de la communauté. Un village sans dépanneur, c’est un village qui meurt !
Les villages sont souvent installées à l’embouchure des rivières qui se jettent dans le fleuve. Ces rivières sont toutes magnifiques et on ne se lasse pas de les admirer. Souvent tumultueuses, elles sont le terrain de jeu des saumons. Elles étaient aussi des voies de communication essentielles pour les autochtones qui les remontaient pour rejoindre l’hiver leurs terrains de chasse en forêt, avec leurs fameux canoës en écorce de bouleau.
La conquête de la Nouvelle-France est inscrite dans les noms géographiques le long de la côte.. Bien sûr, des noms « indiens » ont été conservés , souvent déformés, pour nommer des rivières ou des villages. Mais comme l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, descendre la 138, c’est remonter le cours de l’histoire.
La première nuit après notre départ du Paradis marin, nous avons ainsi dormi un peu après les Ilets-caribou et Grand-ruisseau sur le petit port de Rivière-Pentecôte, au bout de la rue des Pionniers, juste après la Pointe à Toune, la Pointe à Fred, l’Anse des billots, au fond de la Baie des homards. Plus loin, on voyait l’Anse du coffre-fort, le Havre à Picard, la Baie des îles de mai. On imagine bien les marins bretons ou basques arrivant pour la première fois sur le Saint-Laurent, et nommant ainsi tous les caps, baies, anses, pointes qu’ils découvraient devant l’étrave de leurs bateaux.
Il ne faut pas s’étonner que le Québec soit une terre de conteurs !
Bizarrement, on n’a pas vu de Baie des maringouins, les moustiques locaux, ou de Cap des mouches noires. Pourtant, ces insectes sont une vraie engeance, une calamité. Impossible de profiter des soirées douces de l’été québécois sans se tartiner et souvent c’est enfermés dans le fourgon, après une chasse aux intrus qu’on a profité du paysage à travers les vitres. On en veut particulièrement aux minuscules mouches noires qui vous arrachent insidieusement des lambeaux de peau. Nous sommes pour la biodiversité, mais jusqu’à un certain point.
A force de rouler vers le nord-est, le paysage change imperceptiblement.. Toujours autant de rivières à traverser, mais les sapins qui encadrent la 138 deviennent de moins en moins vigoureux. On passe tout doucement vers une végétation boréale.
De jolis villages, de plus en plus espacés, ponctuent notre « montée » vers la fin de la route. Des pancartes signalent que tel hameau a fêté l’an dernier les cent ans de son existence ! On comprend que les nord-américains soient subjugués par nos vieilles pierres quand ils traversent l’Atlantique.
Une étape à Longue-Pointe-de-Mingan nous a donné l’occasion d’une balade vers les îles Mingan et ses phoques, rorquals, macareux, pingouins. On vous réserve pour bientôt (les québécois diraient « pour tantôt ») un billet spécial sur le sujet !
Notre objectif était Natashquan, tout au bout du goudron, à mille cinquante kms de Québec. Le village d’Aguanish, trente kms avant cela, nous a réservé une jolie surprise.
En entrant dans la boutique du fumoir de saumon local, on découvre un drapeau un peu particulier : celui de l’Acadie, tricolore, avec une étoile jaune. La petite communauté d’Aguanish est en fait formée des descendants de réfugiés acadiens, qui ont quitté les îles de la Madeleine – au centre du golfe du Saint-Laurent- lorsque le gouverneur anglais des îles leur a rendus la vie impossible. L’histoire tragique de l’Acadie.
Le drapeau acadien flotte aussi fièrement dans le village. Ces français, originaires de ce qui est aujourd’hui le Nouveau-Brunswick et l’ïle-du-Prince-Edward, deux provinces « anglaises » au sud du Québec, ont été éparpillés dans toute la région lorsque les Anglais les ont expulsés de leur terre. On en reparlera sûrement quand on passera pas là dans quelques semaines.
Et puis, voici enfin Natashquan, trois cents âmes, son dépanneur, son église, son bistrot, son restaurant -excellentes lasagnes aux pétoncles- et ses « galets ». C’est ainsi que l’on appelle ici ces cabanes de pêcheurs sur la baie .
C’est l’image emblématique du village et c’est vrai qu’elle sont belles sous le soleil. On a du mal à les imaginer l’hiver lorsque la baie est prise dans les glaces et que l’on circule dans les rues en moto neige !
Le village est célèbre dans tout le Québec pour être le lieu de naissance de Gilles Vigneault.
L’auteur de « mon pays c’est l’hiver » a aujourd’hui quatre vingt onze ans et a encore donné des concerts l’an dernier à Montréal. Les Vigneault font partie des familles acadiennes venues se réfugier sur la côte nord au XIXème siècle.
La petite maison de ses parents est en cours de rénovation pour accueillir bientôt les visiteurs pour une présentation de l’oeuvre de l’enfant du pays.
On trouve ici une vraie ambiance de « fin de la terre », et c’est ce qu’on recherchait. Natashquan, fin de la route 138 ? après avoir crié victoire, on s’est rendus compte que ce n’était pas tout à fait vrai. Si le goudron s’arrête au bout du village, la 138 continue ! Une piste de quarante cinq kms file dans le paysage de toundra jusqu’au dernier hameau accessible en voiture, Kégashka. Plus loin, encore quelques villages québécois ou Innus, isolés, sans route, accessibles seulement par bateau ou avion.
On a bien entendu poussé jusque Kégashka, ne serait-ce que pour la photo !
Nous sommes toujours au Québec, mais surprise, le hameau est anglophone. A l’épicerie, on nous explique que ce sont des migrants du Labrador, plus au nord, qui ont fondé la communauté. C’est aussi le premier vrai port de pêche que l’on rencontre sur notre route. Un petit côté breton pour ce village du bout du monde ! Ici c’est la pêche au crabe qui fait vivre les gens.
Nous méritions bien, après ces mille kms, un pique nique sur la plage, avec des toasts de saumon fumé d’Aguanish sur un lit de beurre de chicoutai, accompagné par un Alsace made in Riquewihr, miraculeusement arrivé jusqu’au dépanneur local.
Au café-épicerie-restaurant, on se fait servir un café -en anglais- quand une dame entre avec ses deux garçons. Visage rond, teint cuivré, tout sourire, francophone, c’est une Innu qui habite encore plus loin sur la côte. La nation autochtone Innue est présente dans neuf villages de la côte nord. Pour rejoindre Kegashka, la seule solution pour elle l’été est de prendre le bateau qui fait le cabotage le long de la côte jusqu’au dernier village québécois – Blancs sablons – avant le Labrador. L’hiver elle vient à Kegashka en moto-neige.
Aujourd’hui, après une robuste poutine, elle part pour Québec avec son pick up, garé en permanence sur le port. A son tour de prendre la 138, mais dans l’autre sens ! Bonne route !
PS : et comme il faut bien faire demi-tour, la bière du jour sera la Vire capot.
Ce blog s’est endormi en 2018. Pas un mot depuis notre retour d’Iran ! Et pourtant nous avons passé cinq mois à Marrakech cet hiver. Mais c’est un peu notre deuxième chez nous (on est snob ou on n’est pas).
Par contre, ça y est, nous repartons pour un tour de l’Asie du Sud Est le 30 décembre et ce jusqu’à mi mars 2019.
Au menu, un atterrissage à Bangkok (c’est le point d’accès le moins cher, billets à 420 €), puis dès le lendemain, train (à 5 h du matin !) jusqu’à la frontière cambodgienne, puis bus direction Battambang, et le bateau jusqu’à Angkor.
Ca y est, on est partis ! Nous sommes aujourd’hui au vert dans un camping au bord de l’eau à Szeged (N 46.25199, E 20.15892), à la frontière Hongrie-Serbie. Après un superbe week end à Vienne (on vous en reparlera), nous passons une journée de repos, avec sieste, blog et piscine naturellement chauffée à… 36°. Demain on devrait être à Sofia en Bulgarie.
That’s it, we are on our way ! Today we rest in a camping by the river at Szeged, near the Hungary-Serbia border. After a great week end in Vienna (wait for new posts to come), we are spending the day between siesta, blogging and the hot swimming pool (36° !). Tomorrow night we should be in Sofia, Bulgaria.
Pour les amateurs de cartes, voici un aperçu de notre périple depuis Limoges :
Pour Milan Kundera, » Il n’est rien de plus beau que l’instant qui précède le voyage, l’instant où l’horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses ».
Nous sommes à deux jours du départ et on rêve déjà des déserts iraniens (ci-dessous le Dasht-e Lut), entre deux listes de choses à ne pas oublier : difficile de choisir entre l’indispensable et le superflu !
We are two days away from the start of our trip and we are already dreaming of the Iranian deserts (Dasht-e Lut below) while checking the last to-do-lists !
Bien prendre à gauche à Nis, Serbie / Let’s take left in Nis, Serbia
From Limoges to the Turkish/Georgian border, it is quite a long way. The shortest route goes through the north of Italy, but we want to go to Strasbourg and Vienna to visit some friends on the way. So, this could be our route (of course it is only a project, and things may change once we hit the road). Once we are in Batoumi, it will be საქართველო, then Հայաստան and ايران.
Our only real date is in Vienna for Bastille day !
De Limoges à la frontière turco-géorgienne, il y a pas mal de chemin. Le plus court passe par le nord de l’Italie, mais nous avons un rendez-vous chez des amis à Vienne en Autriche. Voici donc ce que pourrait être notre itinéraire, sous réserve de tous les changements que nous pourrons avoir envie de faire en route. Une fois à Batoumi, ce sera la საქართველო, puis l’ Հայաստան et l’ ايران.
Notre seule contrainte est d’être à Vienne pour le week-end du 14 juillet !
We are actually preparing a trip with our motorhome to Georgia, Armenia and Iran. We’ll leave France around mid-july and we should be back in november. We plan to spend august in Georgia and Armenia, and then september and october in Iran. We are welcoming any idea about what to see, what to do there !
On nous a tellement dit que les iraniens étaient un peuple adorable, hospitalier, chaleureux. Cet été, nous allons vérifier sur place. Nous partons pour 4 mois pour la Turquie, la Géorgie, l’Arménie et l’Iran. Bien entendu, nous éviterons les zones de conflit kurdes en Turquie ou les frontières irakiennes côté iranien !
Cela demande quelques préparatifs. Visa iranien, carnet de passage en douane, documentation et cartes à réunir et étudier, choix (à la louche) de l’itinéraire, rencontres en amont avec des amis qui connaissent la région ou ont déjà fait ce périple, peaufinage du camping-car,… Bref, cela occupe !
Départ prévu le 14 juillet. Il parait même qu’il y aura un feu d’artifice à Limoges pour fêter notre départ !
Nous sommes à Limoges depuis hier, après avoir passé 5 jours à Strasbourg et autant à Paris.
Plein d’images dans la tête, plein de belles rencontres, et beaucoup de plaisir tout le long de la route. On a essayé tous les deux de rendre (un peu) compte de tout cela sur le blog.
Aujourd’hui, nous fermons la rédaction de Danieletchon.com, au moins pour un bon moment.
Les blogs, c’est génial mais lire un blog en rétropédalant (dernier billet d’abord, puis on recule dans le temps) n’était pas très confortable. Aussi, après avoir pas mal gambergé pour trouver le moyen de mettre les choses dans l’ordre chronologique, nous vous proposons d’utiliser le lien suivant pour lire si vous en avez envie, nos « aventures » dans le bon sens : https://danieletchon.com/page/3/?order=asc
Pour passer de page en page, il faut en bas de la page cliquer sur « Précédent » et non sur « Plus récent » pour accéder à la suite de notre récit.
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Bonne lecture et merci à toutes celles et ceux qui nous ont fait le plaisir de suivre nos pérégrinations.
Eh oui, déjà 6 mois de balades européennes. Demain, nous passons en Lituanie. puis ce sera la Lettonie, l’Estonie, un ferry pour Helsinki pour retrouver des amis, puis 3 jours à Saint-Pétersbourg (c’est possible sans visa russe !) et retour à Helsinki.
Le 12 octobre, dans un mois tout juste, on embarque sur un ferry direction Travemünde en Allemagne.
On devrait être à Strasbourg autour du 15 octobre.
Nous sommes en pleine forme et notre vaisseau spécial aussi !