Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)


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Derniers regards persans / Last Persian glances

On ne s’y attendait pas, mais il est là, en majesté. Au bout de la rue principale de la dernière ville d’Iran, juste avant la douane, il nous attendait. On l’avait à peine aperçu en sortant d’Erevan, la capitale arménienne, dans la brume de chaleur du mois d’août. Le mont Ararat, symbole de l’Arménie occupée, est couvert de neige, comme un Fuji Yama local. La boucle est bouclée et il est temps pour les cigognes de rentrer à la maison.

We did not expect it, but it is there, in majesty. At the end of the main street of the last city of Iran, just before the customs, it was waiting for us. We had barely  seen it when coming out of Yerevan, the Armenian capital, in the heat haze of August. Mount Ararat, symbol of occupied Armenia, is covered with snow, like a local Fuji Yama. The loop is complete and it is time for the storks to go home.

Ca y est. On est donc à la frontière turque ! Après deux jours à Qazvin et un dernier repas « en famille », on a pris la route de Limoges.

That’s it. We are at the Turkish border ! After two days in Qazvin and a last « family » meal « , we took the road to Limoges.

Hier soir on dormait à Tabriz et ce soir on est à Bazargan, avec devant nous l’immense Turquie à traverser.

Fin d’un tour de Perse qui aura duré deux mois. Assez pour prendre plein les yeux et plein la tête et pour repartir avec plein de questions sur ce pays si attachant. Il faudra un peu de temps pour décanter tout cela.

Last night we were sleeping in Tabriz and tonight we are in Bazargan, with the huge Turkey in front of us. End of a tour of Persia that lasted two months. Enough to fill our eyes and head s and to leave with many questions about this country so endearing. It will take a little time to decant all this.

Mais les peupliers d’Iran jaunissent et nous rappellent que notre visa vient à expiration. Demain, bonjour la Turquie !

But the poplars of Iran are turning yellow and remind us that our visa is about to expire. Tomorrow, hello Turkey!

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Le long de la Caspienne/ Along the Caspian sea

Déjà une semaine que nous avons quitté Mashad. En laissant derrière nous la grande ville, nous avons entamé le chemin du retour vers Limoges. Nous avons pris le chemin des écoliers pour rejoindre Qazvin et l’autoroute qui nous ramènera en Turquie.

Already a week since we left Mashad. With the greatbig city behind us, we started our way back to Limoges. We are on our way to reach Qazvin and the motorway which will bring us back to Turkey.

L’idée était de longer la Mer Caspienne et découvrir cette partie de l’Iran. En effet la chaîne de montagnes de l’Alborz retient les précipitations et l’humidité de la Caspienne et permet une végétation et un climat subtropicaux.

The idea was to go along the Caspian Sea and discover this part of Iran. the mountain range of the Alborz retains the rain andthe  humidity of the Caspian sea and allows a subtropical vegetation and climate.

Mais de jour en jour, nous n’avons eu pratiquement que des déconvenues !

But day after day, we had practically nothing but disappointments!

Le premier jour, nous nous sommes arrêtés à Nishapour pour saluer la tombe de Omar Khayyam, dans un parc où il cohabite avec un saint chiite et son mausolée. Le parc est séparé en deux : à droite le mausolée et un grand nombre d’iraniens, et à gauche derrière des grilles, la moité du jardin qui abrite le monument à Khayyam. Gratuité à droite, et ticket à gauche côté Khayyam. On n’est pas radins mais quand même ! Quand en plus on découvre que le monument est en réfection et couvert d’échafaudages, on comprend qu’il n’y ait personne et on a l’impression d’avoir été arnaqués !

The first day we stopped in Nishapur to greet Omar Khayyam’s grave in a park where he sleeps for ever near some Shiite holy man and his mausoleum. The park is separated in two: on the right the mausoleum and a large number of Iranians, and on the left, behind fences, the other half of the garden which houses the monument to Khayyam. Free entrance on the right, and ticket for the left side. When we discovered that the monument is being repaired and covered with scaffolding, we understood why there was nobody on that side and we felt a bit scammed!

On a repris la route vers le parc national du Golestan, à travers la chaîne de l’Alborz. Belles vues des montagnes couvertes de forêts et passage dans des gorges impressionnantes, mais à chaque fois qu’on envisageait de s’arrêter pour bivouaquer, on découvrait des tas d’ordures laissés par des pique-niqueurs.

We took the road to the Golestan National Park, through the Alborz. Beautiful views of the mountains covered with forests as we passed through impressive gorges, but whenever we planned to stop to bivouac, we discovered piles of garbage left by picnickers.

On a donc continué jusqu’à la nuit et un relais de camionneurs turcs au bord de la route à Soltan Abad. Ces forçats de la route font la navette entre la Turquie, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan !

So we continued until the night and a TIR car park for Turkish truckers at the roadside in Soltan Abad. These guys commute all year long between Turkey, Turkmenistan, Uzbekistan, Tajikistan and Kyrgyzstan!

Le lendemain, c’est le camping car qui nous a causé quelques frayeurs : il perd de l’huile par le tuyau d’échappement. Les mécaniciens parlent de turbo, d’injecteurs, mais nous disent qu’on peut rouler jusqu’en Turquie. Il n’y a pas de Ford en Iran, mais beaucoup de l’autre côté de la frontière. On croise les doigts !Le garage « spécialiste » des diesels de Gonbad-e Qabus vaut une photo quand même !

The following day, it was the camper that caused us some fears: it loses oil through the exhaust pipe. The mechanics talk about turbo, injectors, but tell us that we can drive to Turkey. There is no Ford in Iran, but a lot of Ford dealers after the border. the Gonbad-e Qabus  garage for diesel is worth a picture anyway!

La côte de la Caspienne est très décevante. On savait déjà que les Iraniens ont des progrès à faire question environnement, et que si les villes sont propres c’est parce que les services de nettoiement travaillent tout le temps.

The coast of the Caspian is very disappointing. We already knew that the Iranians have a long way to go about environmental issues, and that if cities are clean, it is because cleaning services work all the time.

Mais on n’a jamais vu des plages aussi sales. Le sable est marronasse, et couvert de détritus. Le plus incroyable est que cela ne semble gêner personne.

But we’ve never seen such dirty beaches. The sand is brown and covered with rubbish. The most incredible thing is that it does not seem to bother anyone.

On a donc roulé trois jours sur cette quatre-voies qui longe la côte, avec d’un côté un mur de maisons et d’immeubles qui privatisent en grande partie l’accès aux plages, et à gauche la montagne dans les nuages.

We therefore rode three days on this four-lane highway that runs along the coast, with on one side a wall of houses and buildings that largely privatize  access to the beaches, and on the left the mountain in the clouds.

Il faut dire aussi que le temps s’est bien détérioré et que nous avons traversé la région en grande partie sous la pluie. Cela n’arrange pas vraiment l’ambiance. Et quand il faut trouver un point de chute pour la nuit sous l’orage, ce n’est pas terrible. On a quand même trouvé ce qu’il fallait, avec une vue imprenable sur la mer, comme l’atteste la photo ci-dessous.

It must also be said that the weather has deteriorated considerably and that we have crossed the region largely under the rain. It does not really set the mood. And when you have to find a place to sleep for the night under the storm, it’s not very nice. We nevertheless found what we needed, with an unobstructed view of the sea, as the photo below shows.

En fait, il faut se retourner vers le côté montagne pour trouver un peu d’intérêt à la région. Le père du dernier Shah s’était fait construire à Ramsar une grande villa sur les contreforts de l’Alborz au milieu d’un jardin de palmiers et d’arbres tropicaux.

In fact, you have to turn to the mountain side to find a bit of interest in the area. The father of the last Shah had built a large villa at Ramsar in the foothills of the Alborz in the middle of a garden of palm trees and tropical trees.

La visite de l’intérieur n’est pas vraiment une surprise. On savait depuis son palais de Téhéran qu’il aimait les styles Louis XV, Louis XVI et Empire. On a demandé à une guide de retourner les assiettes sur la table dressée dans la salle à manger : c’est du Haviland de Limoges !

The visit was not really a surprise. We knew already from his palace in Teheran that he liked the Louis XV, Louis XVI and Empire styles. We asked a guide to turn the plates on the table in the dining room: it is from Haviland de Limoges!

Ce qui est par contre formidable c’est le tout nouveau musée de l’ivoire installé depuis six mois dans un pavillon du jardin. Les Pahlavi avaient collectionné des centaines d’objets, surtout d’origine indienne et chinoise, qui ont été rassemblés ici. C’est magnifique. C’est difficile de rendre compte de ces travaux d’une finesse incroyable. Complètement époustouflant !

What is worth the trip is the brand new ivory museum which has opened six moths ago in a pavilion in the garden.The Pahlavi Shahs had collected hundreds of objects, mostly of Indian and Chinese origin, which are now gathered here. That’s wonderful. It is difficult to account for these works of incredible finesse. Completely stunning !

50 kms plus loin, le « musée national du thé » à Lahijan est sans doute le plus ringard qu’on n’est jamais vu. Une grande salle avec mezzanine où trône le bureau du directeur du musée et de vagues objets sans intérêt. On est partis en courant !

On the other hand, the « National Museum of Tea » in Lahijan is without a doubt the takiest one we have ever seen. A large room with mezzanine where thrones the desk of the director of the museum and vague objects without interest. We ran away!

Après une dernière tentative toujours aussi vaine pour trouver une plage propre, nous sommes montés à Massouleh, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Tout en haut d’une vallée où se succèdent les espaces de pique nique et les restaurants, on découvre un joli village étagé à flanc de montagne.

After a last and still vain attempt to find a clean beach, we went up to Massouleh, a UNESCO World Heritage Site. At the top of a valley where picnic areas and restaurants alternate, we discovered a pretty village stepped on the mountainside.

Les toits des maisons du bas servent d’assises et de rues à celles au dessus. C’est assez étonnant mais on doit dire qu’on n’a pas été emballés : on se croirait au Maroc dans l’Atlas et on dirait un « Moulay Brahim » iranien.

The roofs of the houses below serve as foundations and streets to those above. It is quite astonishing but we must say that we were not wrapped: it looks like an Iranian « Moulay Brahim ».

Vous l’aurez compris, la traversée le long de la Caspienne ne nous laissera pas un souvenir impérissable. Le temps gris et pluvieux y est peut-être pour quelque chose, mais on vit aussi le syndrome du retour. L’énergie pour la découverte s’est un peu émoussée. Mais la gentillesse des Iraniens est toujours au rendez-vous. Hier soir, garés dans une rue calme de village, trois femmes ont toqué à la porte pour nous apporter un plat tout chaud de spécialités locales, avant de nous inviter pour un thé en famille.

As you must have figured it out by now, the crossing along the Caspian will not leave us an imperishable memory. Gray and rainy weather is perhaps for something, but we hav also « the syndrome of the return trip ». The energy for discovery has a little blunted. But the kindness of the Iranians is always there. Yesterday evening, parked in a quiet village street, three women knocked at the door to bring us a hot dish of local specialties, before inviting us for a family tea.

C’est finalement sans regret que nous mettons cap sur la montagne, pour rejoindre l’autoroute qui nous mènera sans encombre, inch’Allah, jusqu’en Turquie, avec un arrêt à Qazvin pour saluer nos amis Fatemeh et Saïd, et une étape à Tabriz pour un dernier tour du bazar.

It is finally without regret that we set sail towards the mountain, to reach the freeway that will take us safely, inch’Allah, to Turkey, with a stop in Qazvin to greet our friends Fatemeh and Said, and a day in Tabriz for a final round in the bazaar.

Route terre, comme on dit au Guilvinec !

Let’s go back to the port, as they say in Brittany !


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Chez l’Imam Reza / At Reza’s place

Mashad, la deuxième ville du pays, est situé e au nord-est, aux confins du Turkmènistan et de l’Afghanistan. On a hésité à faire tout ce chemin pour y passer. On aurait eu tort de l’éviter. Nos amis iraniens nous l’avait dit : ne ratez pas Mashad et le sanctuaire de l’imam Reza. Ils avaient raison. Certains diront que c’est un sanctuaire de plus, un tombeau de plus et c’est aussi ce qu’on pensait. Mais en arrivant, on a du l’admettre, c’est un lieu incroyable !

Mashad, the second largest city in the country, is located in the northeast, on the borders of Turkmenistan and Afghanistan. We hesitated to go all the way to get there. It would have been wrong to avoid it. Our Iranian friends told us : do not miss Mashad and the sanctuary of Imam Reza. They were right. Some will say that it is one more sanctuary, one more tomb and that is what we thought. But when we arrived, we had to admit it, it is an incredible place !

Reza est le huitième imam du Chiisme. Il est mort empoisonné en 818 après J-C, et son sanctuaire est le plus grand lieu saint pour les Chiites, avec Kerbala et Najaf en Irak. Pour avoir visité Kerbala il y a vingt ans quand on habitait au Liban, on témoigne que c’est le plus important !

Reza is the eighth imam of Shiism. He died poisoned in 818 AD, and its sanctuary is the greatest holy place for the Shi’ites, with Kerbala and Najaf in Iraq. For visiting Kerbala twenty years ago when we lived in Lebanon, we testify that this is the most important!

En plein centre-ville, c’est un espace de 75 hectares ! Les chiffres donnent le tournis : dix grandes cours reliées les unes aux autres par des porches décorés, des mosquées énormes, des bibliothèques, des écoles, un restaurant, des musées, la tombe de Reza bien entendu, mais aussi celles d’autres dignitaires.

In the heart of the city, this is an area of ​​75 hectares! Numerous figures give vertigo : ten large courtyards linked together by decorated porches, huge mosques, libraries, schools, a restaurant, museums, Reza’s tomb, of course, but also those of other dignitaries.

Jusqu’il y a six mois, les non musulmans ne pouvaient pas y entrer. Maintenant c’est possible. On est accueillis comme des princes, avec un thé et des patisseries, avant d’être confiés à un guide (francophone). Grâce à lui, on a pu parcourir une grande partie du complexe et se rendre compte de son immensité.

Until six months ago, non-Muslims could not enter the shrine. Now it’s possible. We are welcomed like princes, with tea and pastries, before being entrusted to a guide (francophone). Thanks to him, we were able to go through a large part of the complex and realize its immensity.

Les cours succèdent aux cours, on descend en sous-sol pour découvrir une immense mosquée couverte de miroirs en mosaïque, on remonte pour visiter d’autres salles de prière.

Courtyards follow courtyards, we descend into the basement to discover a huge mosque covered with mosaic mirrors, and go up to visit other prayer rooms.

On passe des porches qui mènent à des medrassas ou des bibliothèques. C’est impressionnant.

We walk through porches that lead to more mosques,  medrassas or libraries. It’s impressive.

Pour le fun, on est allé voir la bibliothèque publique du site, qui revendique des livres en 93 langues, rangés en CDU. On y  a trouvé un Mary Poppins en latin !

For fun, we went to see the public library of the site, which claims books in 93 languages, arranged in CDU. We found a Mary Poppins in Latin!

On ne peut pas entrer sans le saint des saints, le mausolée de l’imam, mais ce qui est le plus extraordinaire, c’est la foule qui circule dans l’ensemble des espaces ; VINGT millions de pèlerins chaque année  ! On y vient de toute la galaxie chiite, Iran bien sûr, mais aussi Afghanistan, Pakistan, Inde, Irak, Liban, golfe persique.

Non muslims can not enter in the holiest part, the mausoleum of the Imam, but what is most extraordinary is the crowd which circulates in all the spaces; TWENTY millions pilgrims every year! They comme from all the Shia galaxy, Iran of course, but also Afghanistan, Pakistan, India, Iraq, Lebanon, the persian gulf.

Difficile de rendre compte de cette ville dans la ville avec quelques photos, le site officiel du sanctuaire propose des visites virtuelles qui permettent de réaliser l’importance de cet ensemble architectural unique. Le site (version anglaise) est un peu poussif mais cela vaut la peine d’y jeter un œil.

Difficult to account for this city in the city with a few photos, the official site of the sanctuary offers virtual tours that make it possible to realize the importance of this unique architectural ensemble. The site (English version) is a little bit slow but it’s worth taking a look.

http://razavitv.aqr.ir/panorma_pilgrimage/en

Et encore, nous sommes un jour de semaine, hors vacances ! Pour Norouz, le jour de l’an iranien, le sanctuaire accueille UN MILLION de visiteurs !

And again, we were there on a weekday, out of holidays! For Norouz, Iranian New Year, the shrine welcomes ONE MILLION visitors!

Pour vous donner une idée de l’ambiance,une vidéo filme en direct ce qui se passe autour du tombeau de Reza.

To give you an idea of ​​the atmosphere, a video clips live what happens around the tomb of Reza.

C’est ici/ It’s here : VIDEO

En tous cas, il est dit que tout visiteur au sanctuaire gagne sa place au paradis. Nous verrons bien, Inch’Allah !

In any case, it is said that every visitor to the sanctuary gains his place in paradise. We shall see, Inch’Allah !


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Opération Safran / Operation Saffron

La région du Khorasan, au nord est de l’Iran, est le pays du safran. Torbat-e- Heydariyeh est le centre de la zone de production qui fournit cinquante à soixante dix tonnes de la précieuse épice, la moitié de la production nationale. On a du mal à imaginer le volume d’un tel poids. Nous sommes en période de récolte et on voit dans les champs les cueilleurs à l’oeuvre.

The region of Khorasan, in northeastern Iran, is the country of saffron. Torbat-e- Heydariyeh is the center of the production area which provides seventy tons of the precious spice, half of the domestic production. It is difficult to imagine the volume of such a weight. It is harvest time and we can see the pickers at work in the fields.

On s’est arrêté dans le premier village sur la route (35.65515, 59.2622), pour essayer d’en acheter directement au producteur. Ce qui n’a pas été simple au départ car personne ne parlait un mot d’anglais et le réseau internet était si faible qu’on ne pouvait pas utiliser les dictionnaires en ligne. Finalement, on a fini par se faire comprendre par Hassan, le cafetier-restaurateur-épicier, qui nous a fait monter dans sa vieille 405 (un automobiliste iranien sur dix roule en Peugeot 405), avec son fils Amine Reza sur les genoux. Nous voilà partis pour une destination inconnue. En fait Hassan nous a amené à travers champs vers la parcelle familiale où la récolte battait son plein.

We stopped in the first village on the road (35.65515, 59.2622), trying to buy directly from the producer. It was not easy at first because no one spoke a word of English and the internet was so weak that you could not use online dictionaries. Eventually, Hassan, the owner od the restaurant-grocery store, understood what we wanted and pushed us in his old 405 (an Iranian motorist out of ten drives a Peugeot 405), with his son Amine Reza on his knees. We left for an unknown destination. In fact Hassan took us across fields to the plot where the harvest was in full swing.

Accueillis avec le sourire, nous sommes repartis avec une grosse poignée de fleurs offertes par une des ramasseuses. De quoi faire au moins un gramme de safran !

Welcomed with a smile, we left with a large handful of flowers offered by one of the pickers. Enough to do at least one gram of saffron!

 

De retour dans la voiture, Hassan a sorti deux paquets qu’il nous a fait respirer : un sac de safran rouge, et un de safran jaune. En sniffant les deux, on avait l’impression de dealer de la drogue en cachette au fin fond de la campagne !

Back in the car, Hassan took out two packages he made us breathe : a bag of red saffron, and one of yellow saffron. By sniffing the two, one felt like a drug dealer doing business away in the countryside!

Une fois au village, Hassan a ouvert les fleurs du safran de Chon, en conservant bien entendu les trois stigmates rouges, mais aussi, et séparément, la tige jaune qui porte les stigmates : d’où le sac de safran jaune. Celui-ci sent beaucoup moins fort et est vendu deux fois moins cher.

Returning to the village, Hassan opened Chon’s flowers of Saffron, preserving of course the three red stigmas, but also, and separately, the yellow stems that carry the stigmata : hence the bag of yellow saffron. This one feels much less strong and is sold twice cheaper.

Il nous a ensuite amené dans une autre boutique du village équipée d’un pèse-lettres et on s’est mis d’accord pour le prix, avec force écritures, calculs et gestes, faute de langue commune : 600 000 rials pour 10 grammes soit 1,30 € le gramme.

He then took us to another shop in the village equipped with a letter-weighing machine and we agreed to the price, after a lot of handwriting, calculations and gestures, for lack of a common language : 600,000 rials for 10 grams or 1,30 € per gram.

Résultat, s’étant quittés bons amis, après 20 kms, on a fait demi-tour pour en acheter un peu plus. Cette fois-ci, la transaction a été plus facile, car Hassan avait réquisitionné deux gendarmes qui passaient par là pour faire la traduction.

As a result, after 20kms, we turned around to buy a little more. This time, the transaction was easier, for Hassan had requisitioned two gendarmes who were passing by to do the translation.

Et bien sûr, tout s’est terminé avec un verre de thé !

Quant à Chon, elle surveille amoureusement ses deux petits tas de safran tout frais, mis à sécher sur le tableau de bord.

And of course, it all ended with a glass of tea!

As for Chon, she lovingly looks after  her two small batches of fresh saffron, put to dry on the dashboard.


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La diagonale du vide / crossing the void

La géographie de l’Iran est rythmée par deux chaines de montagnes : l’Alborz , ouest-est, qui longe la Caspienne depuis la frontière turque jusqu’à celle du Turkménistan, et le Zagros, depuis l’Arménie jusqu’au golfe persique. Ces deux massifs prennent en ciseaux les deux grands déserts iraniens, le Dasht-e-Kavir au nord, face au Turkménistan, et le Dasht-e-Lut au sud, face à l’Afghanistan et au Pakistan. Ils sont immenses et couvrent les deux tiers de la taille de la France !

The geography of Iran is punctuated by two mountain ranges: the Alborz, west-east, which runs along the Caspian from the Turkish border to that of Turkmenistan, and the Zagros, from Armenia to the Persian Gulf . These two massifs take in scissors the two great Iranian deserts, the Dasht-e-Kavir in the north, in front of Turkmenistan, and the Dasht-e-Lut in the south, in front of Afghanistan and Pakistan. They are huge and cover two thirds of the size of France !

Traverser en diagonale les 1 500 kms de Chiraz à Mashad n’est pas difficile car les routes sont bonnes mais c’est terriblement ennuyeux.

Crossing diagonally the 1,500 kms from Shiraz to Mashad is not difficult as the roads are good but it is terribly boring.

Si il n’y avait pas quelques villes comme Yazd et quelques oasis perdues dans l’immensité, on se croirait sur la lune. Les étendues de graviers, les zones de dunes, succèdent aux barres de pitons rocheux déchiquetés, en passant par des lacs de sel asséchés. Pas un arbre, peu de végétation à part de courageux tamaris de loin en loin.

If there were not a few cities like Yazd and some oases lost in the immensity, one would feel like being on the moon. The gravel stretches, the dune areas, are followed by bars of shattered rocky peaks, or dried salt lakes. Not a tree, little vegetation apart from some courageous tamaris from time to time.

On voit plus de panneaux « attention chameaux » que de chameaux ! On oublierait presque les caravanes de la route de la soie, si on ne croisait pas, de temps à autre, un caravansérail bien pratique pour se mettre à l’ombre à midi.

One sees more « beware of  camels » signs than the real animals! One would almost forget the caravans of the Silk Road, if one did not come across, from time to time, a convenient caravanserai to get into the shade at noon.

Tabas, à mi-parcours, est tout de même une étape sympathique. C’est une ville-oasis sous les palmiers, elle est dotée d’un magnifique jardin où poussent à profusion palmiers, orangers, citronniers, mûriers, grenadiers, le tout accompagné du murmure des bassins d’eau fraîche. Il y a en fait très peu de palmiers dans le désert du nord, car il y fait trop froid l’hiver.

Tabas, at the halfway point, is however a nice stage. It is an oasis town under the palm trees, it has a magnificent garden, where there is a profusion of palm trees, orange trees, lemon trees, mulberry trees, pomegranate trees, all accompanied by the murmur of pools of fresh water. There are actually very few palm trees in the northern desert, because it is too cold in the winter.

Une trentaine de kms plus loin, au hasard d’un virage (ils sont rares), nous est apparu un grand village de terre pratiquement abandonné.

About thirty kms further, around a curve (they are rare), we spotted a large adobe village, almost totally abandoned.

Faut-il rendre les tremblements de terre réguliers dans la région responsables de cet abandon ? On pense aux 40 000 morts de Bam en 2003, mais on a découvert que Tabas avait aussi été détruit en 1978, et subi 45 000 morts.

Are the regular earthquakes in the region responsible of the destruction ? One thinks of the 40,000 casualties in Bam in 2003, but we discovered that Tabas was also destroyed in 1978 and suffered 45,000 deaths.

Plus loin, nous laissons derrière nous, la ville poussiéreuse de Ferdows, avec une pensée pour Ferdowsi, le poète auteur du Shah Nameh, le livre des rois. Ce monument de la littérature persane est un poème épique, retraçant l’histoire de l’Iran depuis la création du monde jusqu’à l’arrivée de l’Islam, en plus de 60 000 couplets de deux vers, écrit aux alentours de l’an 1000. C’est un peu l’équivalent de l’Illiade et l’Odyssée, le Mahabaratha, l’Epopée de Gilgamesh ou les Chevaliers de la table ronde dans d’autres régions du monde. De nombreux iraniens portent comme prénom les noms de héros du Shah Nameh  et tout le monde ici connaît par cœur les exploits de Rostam, le héros pourfendant les méchants !

Further away, we leave behind us, the dusty city of Ferdows, with a thought for Ferdowsi, the poet author of the Shah Nameh, the Book of kings. This monument of Persian literature is an epic poem, retracing the history of Iran from the creation of the world until the advent of Islam, in  60,000 double verses, written around the year 1000. It is somewhat equivalent to the Illiad and the Odyssey, the Mahabaratha, the Gilgamesh Epic or the Knights of the round table in other parts of the world. Many Iranians wear the names of the heroes of the Shah Nameh as their first name, and everyone here knows by heart the deeds of Rostam, the hero fighting the villains !

Hercule et ses petits travaux font pâle figure devant le champion de tous les champions du Shah Nameh, défendeur de la nation iranienne face à tous les envahisseurs, hommes ou démons !

Hercules and his little works annot stand before the champion of all the champions of the Shah Nameh, the defendant of the Iranian nation against all invaders, men or demons!

Quant à nous, plus modestement, on a traversé confortablement ce grand désert à notre rythme. Ce soir nous dormons dans un parc à Torbat-e-Heydayeh (35.24878, 59.20954). C’est avec soulagement qu’on voit arriver le bout de cette diagonale du vide, et la ville de Mashad. C’est la deuxième plus grande ville d’Iran et elle abrite le plus grand sanctuaire chiite du pays autour du mausolée de l’imam Reza, particulièrement vénéré par les Iraniens. Ce sera notre prochaine étape.

As for us, more modestly, we comfortably crossed this great desert at our rhythm. Tonight we sleep in a park in Torbat-e-Heydayeh (35.24878, 59.20954). It is with relief that we see coming the end of this diagonal of emptiness, and the town of Mashad. It is the second largest city in Iran and is home to the largest Shi’a shrine in the country around the mausoleum of Imam Reza, particularly revered by the Iranians. This will be our next step.


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Yazd et le désert

Nos amis de Téhéran nous avaient prévenus : c’est à Yazd que les défilés de Achoura sont les plus impressionnants. On y est arrivés 48h après le jour fatidique, mais la fête (?!) a continué encore trois jours, avec assemblées devant les mosquées et chants à fond dans les rues. Franchement, on a failli repartir, on en avait un peu marre de Achoura !

Our friends in Tehran had warned us: it is in Yazd that Ashura is the most impressive. We arrived there 48 hours after the fateful day, but the celebration went on for another three days, with meetings in front of the mosques and loud singing in the streets. Frankly, we almost run away, as we were a little fed up with Ashura !

On avait prévu de s’installer sur une place dans la « médina » mais les rues sont trop étroites pour le camping car. Donc c’est dans une rue « normale » (31.899155, 54.37997), loin des hauts parleurs que nous avons passé deux nuits au calme.

We had planned to settle on a square in the « medina » but the streets were too narrow for the camper. So it’s in a « normal » street (31.899155, 54.37997), away from the loudspeakers that we spent two quiet nights.

 

Heureusement que la vieille ville construite en briques de terre vaut le détour, même si la plupart des boutiques étaient fermées pour cause de « deuil ». Et voici quelques photos de notre balade au hasard des rues. Les stars de l’architecture locale sont bien sûr les Badgirs, les tours à vent qui servent à rafraichir les maisons.

Fortunately the old adobe town is worth a visit, even though most of the shops were closed for « mourning ». And here are some pictures of our random walk along the streets. The stars of the local architecture are of course the Badgirs, the wind towers that serve to refresh the houses.

La place principale de Yazd est dominée par un énorme fronton qui autrefois servait d’entrée à un théâtre spécialisé dans les représentations du martyr d’Hussein. Aujourd’hui c’est simplement un décor impressionnant qui fait face à la grande avenue sur laquelle se passaient les défilés. Les colonnes de hauts parleurs étaient encore à fond toute la journée !

Yazd main square is dominated by an enormous pediment which once served as an entrance to a theater specialized in the representations of the martyrdom of Hussein. Today it is simply an impressive setting that faces the great avenue on which the parades took place. The columns of speakers were still in full swing all day long !

La mosquée du vendredi a une jolie façade, mais elle ne tient pas la comparaison avec celles d’Ispahan et de Chiraz.

The Friday mosque has a pretty facade, but it does not compare with those of Ispahan and Shiraz.

Une jolie surprise a été le petit musée de l’eau. Il était fermé pour cause de fête mais le gardien a bien voulu nous laisser rentrer. Il occupe une maison traditionnelle et une belle expo de photos explique le fonctionnement des Qanats, ces canaux souterrains qui diffusent l’eau dans les sous-sols des maisons. Le musée met l’accent à juste titre sur les hommes qui creusaient et maintenaient ces canalisations. Travailler dans ces tunnels minuscules était un travail incroyable, dangereux et rien que de regarder ces clichés, on devient claustrophobe ! On a bien sûr eu une pensée pour Mohamed El Faiz.

A nice surprise was the small museum of water. It was closed because of Ashura but the keeper was kind enough to let us in. It occupies a traditional house and a beautiful exhibitionof photos explains the all you need to know about  the Qanats, these underground channels that diffuse water in the basements of houses. The museum rightly emphasizes the men who digged and maintained these pipes. Working in these tiny tunnels was an incredible job, dangerous, and watching these pictures is enough to becomes claustrophobic !

Sur la route de Yazd, on a commencé à prendre la mesure des grands déserts de l’est iranien. Des paysages de caillasses, des lacs asséchés à perte de vue, des montagnes à l’horizon et de très très longues lignes droites.

On our way to Yazd, we began to realize the size of the great deserts of eastern Iran. Landscapes of stones, dry lakes as far as the eye can see, mountains on the horizon and  long strectches of road with no curves.

Et après Yazd, cap sur le désert du Dasht-e-kavir et le village de Farahzaad. Au passage, découverte d’un caravansérail abandonné sur le côté du chemin, idéal pour le pique-nique de midi.

And after Yazd, we headed for the desert of Dasht-e-kavir and the village of Farahzaad. We discovered an abandoned caravanserai on the side of the road, ideal for the lunch picnic.

On imagine combien traverser ces déserts inhospitaliers devait être pénible et comme ces étapes au milieu de nulle part devaient être attendues par les caravanes de la route de la soie.

One can imagine how difficult it was to cross these inhospitable deserts, and how these caravanserais in the middle of nowhere were waited for by the caravans of the Silk Road.

Après cinq heures de désert de pierres, (pour les derniers 100 kms, on n’a croisé que 6 voitures !) petit à petit, le sable affleure, les dunes apparaissent et c’est un enchantement. On se croirait du côté de Merzouga , mais le Merzouga d’il y a 30 ans, sans les quads, les flottes de 4X4, les chameaux pour touristes, ni les dizaines d’hôtels, de campings… et de camping cars.

After five hours of stony desert, (for the last 100 kms, we crossed only 6 cars!) Little by little the sand outcrops, the dunes appear and it is an enchantment. It is like Merzouga, but the Merzouga of 30 years ago, without the quads, fleets of 4X4, camels for tourists, dozens of hotels, campsites … and motor homes.

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Farazaad, c’est trois petites auberges et quatre fermes. On s’est offert deux nuits à la Barandaz lodge (34.095215, 54.78514) et nous n’avons pas été déçus. Accueil sympa, attentionné, discret.

Farazaad is just three small inns and four farm houses. We had booked  two nights at the Barandaz Lodge (34.095215, 54.78514) and were not disappointed. A friendly welcome,and attentive and discreet staff.

C’est agréable, après deux mois de camping car, de se faire servir les repas et de bénéficier de vraies douches. Bon d’accord, on dormait sur des tapis moins moelleux que notre lit mais c’était quand même un vrai luxe.

It is nice, after two months in the motorhome, to be served meals and benefit from real showers. Okay, we slept on carpets less fluffy than our bed but it was still a real luxury.

Avec les dunes qui commencent au pied du village, on se sentait un peu comme au Maroc ! Repos absolu, coucher de soleil et lever de lune sur l’erg étaient au menu.

With the dunes that start at the foot of the village, it felt a bit like Morocco ! Absolute rest, sunset and moonrise on the erg were on the menu.

Et rien de tel qu’un ragout de chameau cuit dans la cendre avant d’aller dormir.

Que cela fait du bien après toutes nos étapes urbaines !

And nothing like a camel stew cooked in ashes before going to sleep.

How good it is after all our urban stages!

 


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Men in black

En 680 après J.C. (soit 61 après l’Hégire), Hussein est assassiné avec 72 de ses compagnons, à Kerbala en Irak, par les partisans de l’Imam Mouawya. chef des Omeyades. Petit fils de Mohamed, Hussein revendiquait le titre de calife, après l’assassinat de son père Ali, compagnon et gendre du prophète. Cette guerre de succession est à l’origine de la scission entre Chiites (pro Hussein) et Sunnites (pro Mouawya).

In 680 AD (61 after the Hegira), Hussein was assassinated with 72 of his companions in Kerbala, Iraq, by the followers of Imam Mawawya. head of the Omeyads. Mohamed’s grandson, Hussein claimed the title of caliph, after the assassination of his father Ali, a companion and son-in-law of the prophet. This war of succession is at the origin of the split between Shiites (pro Hussein) and Sunnis (pro Mouawya).

Son assassinat est tombé le 10 du mois de Moharram, jour de la fête d’Achoura. Cette fête avait été instituée par Mohamed lui-même sur la date d’une ancienne fête juive. Dans le monde sunnite, c’est une journée de joie où les enfants reçoivent des cadeaux, un peu comme Noël chez nous. Pour les Chiites, c’est au contraire une journée de deuil absolu, commémorée de manière très spectaculaire.

His assassination fell on the 10th of the month of Moharram, the day of the festival of Ashura. This festival had been instituted by Mohamed himself on the date of an ancient Jewish feast. In the Sunni world, it is a day of joy when the children receive gifts, much like Christmas with us. For the Shiites, on the contrary, it is an absolute day of mourning, commemorated in a very spectacular way.

En fait c’est tout le mois de Moharram qui est une période de deuil. Les gens s’habillent encore plus en noir, Tchador pour les femmes, pantalons et chemise noire pour les hommes. Les villes se drapent de banderoles et drapeaux noirs et verts, avec des inscriptions en lettres rouges, symbole du sang des martyrs de Kerbala. Des stands sont montés à tous les coins de rue, distribuant des boissons aux passants et diffusant avec force décibels des chants à la gloire d’Hussein.

In fact it is the whole month of Moharram which is a period of mourning. People dress even more in black, Chador for women, pants and black shirt for men. The cities are draped with banners and black and green flags, with inscriptions in red letters, symbol of the blood of the martyrs of Kerbala. Stands are mounted on every street corner, distributing drinks to passers-by and broadcasting (yelling ?) songs to the glory of Hussein.

Depuis notre passage à Kashan (le premier jour du mois de Moharram) nous avons vu cette transformation : de plus en plus de noir, de plus en plus d’habillage des villes. Mais c’est les 9 et 10 Moharram (30 septembre et 1er octobre cette année) qui ont marqué le summum de la commémoration.

Since our visit to Kashan (the first day of the month of Moharram) we have seen this transformation : more and more black, on people and on the cities. But it was the 9 and 10 Moharram (30 September and 1 October this year) that marked the pinnacle of the commemoration.

Nous étions à Chiraz avec des amis iraniens qui nous ont amenés voir les défilés du 9 Moharram, le soir en centre ville. C’était tout simplement époustouflant. Des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, dont 80% en noir se sont retrouvés aux abords du mausolée de Shahcheragh où se terminait le défilé.

We were in Shiraz with Iranian friends who took us to see the 9 Moharram parades in the evening in the city center. It was simply breathtaking. Tens or even hundreds of thousands of people, 80% of whom were black, met around the Shahcheragh mausoleum where the parade ended.

Mais c’est toute la ville qui retentissait des chants, des tambours, des cris des participants. Le tout avait, et c’est cela le plus extraordinaire pour ce défilé somme toute macabre, une ambiance de fête populaire, avec le calme et la ferveur religieuse en plus.

Seuls, on se serait sûrement sentis exclus de cette soirée, mais avec Yamin et Mehdi comme chaperons, on a pu sereinement « profiter » du spectacle, non sans que Chon ait dû se draper dans un joli tchador (à fleurs !) pour pénétrer dans l’arène.

But it was the entire city that resounded with songs, drums, cries of the participants. the whole thing had, and this is the most extraordinary for tsuch a macabre parade, a popular festive atmosphere, with calm and religious fervor in addition. By ourselves we would surely have felt excluded from this evening, but with Yamin and Mehdi as chaperones, we were able to serenely « enjoy » the show.  Chon had to drape herself in a nce chador (with  flowers!) To penetrate the arena.

On avait déjà vu des vidéos de ces défilés d’hommes en noir qui se frappent la poitrine ou se flagellent avec des martinets sur les épaules, au rythme des tambours. Même si ici, il n’y avait pas de débordements, de sang versé, c’est tout de même une soirée incroyable à vivre de si près.

We had already seen videos of these parades of black men beating their chests or flogging with swifts on their shoulders, to the rhythm of the drums. Even though here there was no overflowing or bloodshed, it is still an incredible evening to live.

On avait l’impression que toute la ville était assise en tailleur le long du parcours pour assister au passage de ces centaines d’hommes réunis par groupes correspondant à un quartier de la ville ou à des villages alentour. Beaucoup dans la foule se frappaient eux aussi la poitrine au rythme des tambours. Le cadre magnifique de la grande cour du mausolée ajoutait à la magie de l’événement.

It seemed as if the whole city was sitting cross-legged along the route to witness the passage of these hundreds of men gathered in groups corresponding to a district of the city or to surrounding villages. Many in the crowd also beat their chests to the rhythm of the drums. The magnificent setting of the great courtyard of the mausoleum added to the magic of the event.

 

Après deux heures de ce spectacle insensé (pour nous), les oreilles emplies des battements de tambours, et les genoux en compote à cause de la station assise en tailleur, on est rentrés à pied, après avoir partagé avec nos deux jeunes amis… deux énormes hamburgers. Ils nous ont assuré que c’était les meilleurs de Chiraz. En tout cas, c’était le premier pour Chon. Il aura fallu que ce soit en Iran, un soir de veille d’Achoura pour qu’elle découvre la gastronomie américaine !

After two hours of this senseless spectacle (for us), the ears filled with the beating of drums, and the knees aching after having been seated cross-legged, we returned on foot after sharing with our two young friends .. two enormous hamburgers. They assured us that it was the best in Shiraz. In any case, it was the first for Chon. It was in Iran, one evening  of Achoura, that she discovered the American gastronomy!

Cette soirée n’était en fait que la répétition générale du défilé du 10 Moharram, le lendemain, à midi. On n’y a pas assisté (une fois ça suffit!) mais on s’est rendu en ville un peu plus tard pour l’épisode final de ce week-end exceptionnel, à savoir la distribution de repas gratuits dans tous les villes à partir des mosquées et autres lieux saints. En circulant en taxi vers le centre-ville, on voyait sur les trottoirs des files de gens attendant d’être servis. Certains avaient même amenés leurs casseroles pour repartir avec de la nourriture pour toute la famille.

This evening was in fact only the rehearsal for the 10 Moharram parade, the next day at noon. We did not attend (once was enough!) But we went to town a little later for the final episode of this exceptional weekend, namely the distribution of free meals in all the cities from mosques and other holy places. By taxiing downtown, you could see on the pavements queues waiting to be served. Some had even brought their pots to go home with food for the whole family.

En ce qui nous concerne, Yamin et Mehdi nous ont amené dans la vieille ville -rues étroites, maisons de pisé- dans un sanctuaire soufi. Dès l’entrée, on a été séparés, hommes d’un côté, femmes de l’autre, et on s’est installé devant des repas de poulet et riz offerts à tout le monde . Comme d’habitude en Iran, on a mangé assis plus ou moins en tailleur sur des tapis.

As for us, Yamin and Mehdi brought us into the old city-narrow streets,  houses of adobe- in a Sufi sanctuary. From the entrance, we were separated, men on one side, women on the other, and settled before meals of chicken and rice offered to everyone. As usual in Iran, we ate seated on carpets.

Après le repas, on s’est retrouvé dans la salle du sanctuaire où plusieurs maîtres derviches ont leur tombeaux. C’est un endroit très calme où l’on peut passer du temps en toute sérénité. Dans les années 70, on aurait parlé d’un lieu qui dégageait des « bonnes vibrations ».

After the meal, we met again in the hall of the sanctuary where several masters dervishes have their tombs. It is a very quiet place where you can spend time in peace. In the 1970s, we would have talked about a place that had « good vibrations ».

Nous y sommes restés un bon moment, assis sur les tapis, avant qu’une très vieille dame vienne nous saluer et nous mettre sous la protection d’Ali ! C’était la veuve d’un des derviches enterrés dans le sanctuaire, et en quelque sorte la gardienne du lieu. Un grand moment d’émotion.

We stayed there for a while, sitting on the carpet, before a very old lady came to greet us and put us under the preotection of Ali ! She was the widow of one of the dervishes buried in the sanctuary, and in a way the guardian of the place. A great moment of emotion.

Le lendemain, après un dernier petit déjeuner avec Mitra et Yamin, on a pris la route de Yazd.

The next day, after a last breakfast with Mitra and Yamin we left Shiraz for Yazd.


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Chiraz, ville des poètes / Shiraz, city of poets

 

« Je te salue, ô Chirâz, cité incomparable ! Que le ciel te protège de tout danger : j’adresse mille et mille louanges à ce pays que la lumière céleste a gratifié de tant de splendeurs… ô pèlerins de l’Amour, venez à Chirâz et l’Amour, si votre coeur l’implore, vous comblera de tous ses dons  » (Hâfez)

Pour les Iraniens, Chiraz est d’abord la ville des poètes et des jardins et nous avons pu le vérifier. En effet dans quelle autre ville au monde y-a-t-il un véritable pèlerinage autour des tombes des poètes locaux ?

For the Iranians, Shiraz is first of all the city of poets and gardens and we have been able to verify it. In what other city in the world is there a real pilgrimage around the graves of local poets?

Installés sous les arbres du parc Azadi (N29.629931, E52.542737), nous avons retrouvé Mitra, notre « apparition » d’Ispahan. La première chose qu’elle nous a fait découvrir… c’est la sépulture de Hafez. Ce poète né en 1213 est un monstre sacré de la poésie en Iran. Chaque famille possède le recueil de ses poésies -c’est le livre le plus vendu après le Coran- et chaque iranien peut en réciter quelques vers. Ses textes, entre profane et sacré, lui ont acquis un statut proche de celui d’un prophète.

Installed under the trees of the park Azadi (N35.74391, E51.31345), we met again Mitra, our « apparition » in Isfahan. The first thing she showed us was the tomb of Hafez. This poet born in 1213 is a star of poetry in Iran. Each family has a collection of poems – it is the most sold book after the Koran – and every Iranian can recite some verses. His texts, between profane and sacred, have acquired a status close to that of a prophet.

Son tombeau est exposé sous un petit pavillon à colonnes, dans un joli jardin. Des citations ornent le fronton du monument, un poème est gravé dans le marbre de la tombe et des hauts parleurs diffusent ses textes. Prendre une glace sous les frondaisons du petit café au fond du jardin c’est aussi profiter d’une douce musique sur laquelle sont chantées ses poésies.

His tomb is exposed under a small pavilion with columns, in a pretty garden. Quotations adorn the pediment of the monument, a poem is engraved in the marble of the tomb and loudspeakers spread its texts. Tohave an ice cream under the foliage of the small coffee at the bottom of the garden is also to enjoy a soft music on which are sung his poems.

Mais ce qui est le plus frappant, c’est la ferveur autour de ce personnage. Les Iraniens viennent toucher sa tombe, s’y prosternent presque, en murmurant des vers, en prononçant des voeux. On consulte aussi Hafez sur des questions personnelles : ouvrir au hasard son livre donnerait des réponses à ses propres interrogations en interprétant les paroles du poète.

But what is most striking is the fervor around this character. The Iranians come to touch his tomb, almost prostrate themselves, murmuring verses, pronouncing vows. They also consult Hafez on personal questions : to open at random his book would give answers to one’s own questions by interpreting the words of the poet.

Si Hafez n’a jamais quitté Chiraz, Saadi, l’autre grand poète de la ville, né autour de 1320, a été un grand voyageur.

If Hafez never left Shiraz, Saadi, the other great poet of the city, born around 1320, was a great traveler.

Il a vécu en derviche dans tout le Moyen-Orient, Irak, Palestine, Egypte, Syrie, péninsule arabique,  avant de revenir s’installer dans sa ville natale. Sa production est plus éclectique, poésie, textes en prose, ouvrages de morale et de philosophie. Les Iraniens y puisent de nombreuses sentences qui illustrent la vie quotidienne.

He lived as a dervish throughout the Middle East, Iraq, Palestine, Egypt, Syria, the Arabian Peninsula, before returning to his hometown. His production is more eclectic, poetry, prose texts, works of morals and philosophy. The Iranians draw from it many sentences that illustrate everyday life.

Le deuxième jour de notre séjour, c’est vers sa tombe que nous a conduit Mitra. Elle aussi est établie dans un très beau jardin et bénéficie d’un bâtiment plus important. On y a retrouvé la même ambiance qu’autour de Hafez. Seule différence, son mausolée n’est pas sur le circuit des groupes de touristes et on s’y sent plus au calme.

On the second day of our stay, Mitra drove us to his grave. It is also set in a beautiful garden and benefits from a larger building. It has the same atmosphere as around Hafez. The only difference is that its mausoleum is not on tourists tour and it feels more calm.

Le lendemain, c’était le tour de la tombe de Khajoo Kermani, un troisième poète chirazi. Elle est située, non pas dans un jardin, mais à l’entrée de la ville, au flanc d’une colline d’où descend une très belle chute d’eau. Il s’agit en fait de l’entrée historique de Chiraz quand on arrive du nord. Un arc de triomphe, qui s’y trouve encore, était un passage obligé pour les voyageurs. Il héberge au sommet un Coran très ancien et passer dessous était signe de bonne augure pour les caravanes qui quittaient la ville ou y pénétraient. La colline est aménagée en terrasses et il fait bon s’y promener à la fraîche. On y a une vue imprenable sur la ville. Là aussi un arrêt est obligatoire pour toucher la tombe du poète dont la statue domine la cité !

The next day was the turn of  Khajoo Kermani’s grave, a third Shirazi poet. It is located, not in a garden, but at the entrance of the town, on the side of a hill from which descends a beautiful waterfall. It is in fact the historical entrance to Shiraz when arriving from the north. A triumphal arch, which is still there, was an obligatory passage for travelers. It hosts at the top an ancient Koran and passing under it was a good sign for the caravans that left or entered the city. The hill is arranged in terraces and it is good to walk there in the evening. There is a breathtaking view of the city. Here also a stop is obligatory to touch the tomb of the poet whose statue dominates the town !

Trois jours, trois poètes ! Mais c’est incontournable quand vous êtes pris en charge par une chirazienne !

Three days, three poets ! But it is unavoidable when you are with a shirazi lady.

Mais il ne faudrait pas croire que Chiraz se résume à un voyage en poésie. C’est aussi la ville des jardins.

But Shiraz is not only a trip through poetry, it is also the city of gardens.

« Tes jardins sont nombreux, tes vergers sans limite, tes palais montent jusqu’aux cieux… » (Saadi)

Même si aujourd’hui ils sont moins nombreux qu’à l’époque, il en reste de magnifiques, comme celui d’Eram au nord de la ville. Chiraz est célèbre dans tout le pays pour ses cyprès et c’est vrai qu’ils sont splendides, tout comme ses palmiers -les premiers que nous voyons en Iran-.

Even though today they are less numerous than in Saadi’s time, there are still some magnificent ones, such as the one in Eram north of the city. Shiraz is famous all over the country for its cypress trees and it is true that they are splendid, as are its palm trees  – the first we saw in Iran-.

S’il n’y a pas de grande place emblématique comme à Ispahan, la ville renferme de beaux monuments, notamment de l’époque Zand, quand elle était la capitale du pays. La forteresse de briques du Shah Karim Khan, au centre de la ville est impressionnante, même si la cour intérieure n’a pas le charme des jardins que nous avons visités. Une étrange tour penchée fait penser à Pise.

If there is no large emblematic square as in Isfahan, the city contains beautiful monuments, especially of the Zand era, when it was the capital of the country. The brick fortress of Shah Karim Khan, in the center of the city is impressive, although the inner courtyard does not have the charm of the gardens we visited. A strange leaning tower reminds one of Pisa.

La mosquée Vakil est, elle, un havre de tranquillité au coeur de l’activité du bazar.

The Vakil mosque is a haven of tranquility at the heart of the bazaar’s activity.

Nous avons aussi passé une journée hors de la ville, dans la montagne, à une vingtaine de kms au nord. Le village de Ghalat a été détruit par un tremblement de terre, mais est devenu une destination de balades et de repos pour les Chirazis. On y vient pour des randonnées dans la montagne, mais aussi pour des pique-niques au bord du torrent ou pour les restaurants. C’est un lieu assez étrange entre éboulements, parkings improvisés, cafés et boutiques.

We also spent a day outside town, in the mountains, about twenty kms to the north. The village od Ghalat was destroyed by an earthquake, but became a destination for walks and rest for the Shirazis. They come here for hiking in the mountains, but also for picnics along the river or for restaurants. It is a rather strange place between abandonned buildings, improvised parking lots, cafes and shops.

Ce fut une très belle journée hors des sentiers battus, qui s’est bien sûr soldée par un bon repas, au restaurant Gilevaa, que nous recommandons fortement si vous passez par ici le week end.

It was a very nice day off the beaten track, which of course ended with a nice meal at the Gilevaa restaurant, which we highly recommend if you come around here over the weekend.

Et c’était un agréable répit avant « d’attaquer » le week end très spécial des cérémonies des fêtes de l’Achoura. Elles commémorent chaque année la mort d’Hussein, lors de la guerre de succession pour le titre d’imam qui fut le départ du schisme entre les Sunnites et les Chiites. Nous avons vécu ces cérémonies de très près avec nos amis chirazis. C’est sûrement le spectacle le plus incroyable que nous ayons vu ! On n’en est pas encore complètement remis !

And it was a pleasant pause before « facing » the very special weekend of the ceremonies of  Achura. They commemorate the death of Hussein during the war of succession for the title of Imam which was the beginning of the schism between the Sunnis and the Shiites. We lived these ceremonies very closely with our shirazi friends. This is surely the most incredible show we’ve seen! We have not yet completely recovered from it !

Et cela méritera bien entendu un billet très spécial !

And of course it will well deserve a special post on this blog !