En 680 après J.C. (soit 61 après l’Hégire), Hussein est assassiné avec 72 de ses compagnons, à Kerbala en Irak, par les partisans de l’Imam Mouawya. chef des Omeyades. Petit fils de Mohamed, Hussein revendiquait le titre de calife, après l’assassinat de son père Ali, compagnon et gendre du prophète. Cette guerre de succession est à l’origine de la scission entre Chiites (pro Hussein) et Sunnites (pro Mouawya).
In 680 AD (61 after the Hegira), Hussein was assassinated with 72 of his companions in Kerbala, Iraq, by the followers of Imam Mawawya. head of the Omeyads. Mohamed’s grandson, Hussein claimed the title of caliph, after the assassination of his father Ali, a companion and son-in-law of the prophet. This war of succession is at the origin of the split between Shiites (pro Hussein) and Sunnis (pro Mouawya).
Son assassinat est tombé le 10 du mois de Moharram, jour de la fête d’Achoura. Cette fête avait été instituée par Mohamed lui-même sur la date d’une ancienne fête juive. Dans le monde sunnite, c’est une journée de joie où les enfants reçoivent des cadeaux, un peu comme Noël chez nous. Pour les Chiites, c’est au contraire une journée de deuil absolu, commémorée de manière très spectaculaire.
His assassination fell on the 10th of the month of Moharram, the day of the festival of Ashura. This festival had been instituted by Mohamed himself on the date of an ancient Jewish feast. In the Sunni world, it is a day of joy when the children receive gifts, much like Christmas with us. For the Shiites, on the contrary, it is an absolute day of mourning, commemorated in a very spectacular way.
En fait c’est tout le mois de Moharram qui est une période de deuil. Les gens s’habillent encore plus en noir, Tchador pour les femmes, pantalons et chemise noire pour les hommes. Les villes se drapent de banderoles et drapeaux noirs et verts, avec des inscriptions en lettres rouges, symbole du sang des martyrs de Kerbala. Des stands sont montés à tous les coins de rue, distribuant des boissons aux passants et diffusant avec force décibels des chants à la gloire d’Hussein.
In fact it is the whole month of Moharram which is a period of mourning. People dress even more in black, Chador for women, pants and black shirt for men. The cities are draped with banners and black and green flags, with inscriptions in red letters, symbol of the blood of the martyrs of Kerbala. Stands are mounted on every street corner, distributing drinks to passers-by and broadcasting (yelling ?) songs to the glory of Hussein.
Depuis notre passage à Kashan (le premier jour du mois de Moharram) nous avons vu cette transformation : de plus en plus de noir, de plus en plus d’habillage des villes. Mais c’est les 9 et 10 Moharram (30 septembre et 1er octobre cette année) qui ont marqué le summum de la commémoration.
Since our visit to Kashan (the first day of the month of Moharram) we have seen this transformation : more and more black, on people and on the cities. But it was the 9 and 10 Moharram (30 September and 1 October this year) that marked the pinnacle of the commemoration.
Nous étions à Chiraz avec des amis iraniens qui nous ont amenés voir les défilés du 9 Moharram, le soir en centre ville. C’était tout simplement époustouflant. Des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes, dont 80% en noir se sont retrouvés aux abords du mausolée de Shahcheragh où se terminait le défilé.
We were in Shiraz with Iranian friends who took us to see the 9 Moharram parades in the evening in the city center. It was simply breathtaking. Tens or even hundreds of thousands of people, 80% of whom were black, met around the Shahcheragh mausoleum where the parade ended.
Mais c’est toute la ville qui retentissait des chants, des tambours, des cris des participants. Le tout avait, et c’est cela le plus extraordinaire pour ce défilé somme toute macabre, une ambiance de fête populaire, avec le calme et la ferveur religieuse en plus.
Seuls, on se serait sûrement sentis exclus de cette soirée, mais avec Yamin et Mehdi comme chaperons, on a pu sereinement « profiter » du spectacle, non sans que Chon ait dû se draper dans un joli tchador (à fleurs !) pour pénétrer dans l’arène.
But it was the entire city that resounded with songs, drums, cries of the participants. the whole thing had, and this is the most extraordinary for tsuch a macabre parade, a popular festive atmosphere, with calm and religious fervor in addition. By ourselves we would surely have felt excluded from this evening, but with Yamin and Mehdi as chaperones, we were able to serenely « enjoy » the show. Chon had to drape herself in a nce chador (with flowers!) To penetrate the arena.
On avait déjà vu des vidéos de ces défilés d’hommes en noir qui se frappent la poitrine ou se flagellent avec des martinets sur les épaules, au rythme des tambours. Même si ici, il n’y avait pas de débordements, de sang versé, c’est tout de même une soirée incroyable à vivre de si près.
We had already seen videos of these parades of black men beating their chests or flogging with swifts on their shoulders, to the rhythm of the drums. Even though here there was no overflowing or bloodshed, it is still an incredible evening to live.
On avait l’impression que toute la ville était assise en tailleur le long du parcours pour assister au passage de ces centaines d’hommes réunis par groupes correspondant à un quartier de la ville ou à des villages alentour. Beaucoup dans la foule se frappaient eux aussi la poitrine au rythme des tambours. Le cadre magnifique de la grande cour du mausolée ajoutait à la magie de l’événement.
It seemed as if the whole city was sitting cross-legged along the route to witness the passage of these hundreds of men gathered in groups corresponding to a district of the city or to surrounding villages. Many in the crowd also beat their chests to the rhythm of the drums. The magnificent setting of the great courtyard of the mausoleum added to the magic of the event.
Après deux heures de ce spectacle insensé (pour nous), les oreilles emplies des battements de tambours, et les genoux en compote à cause de la station assise en tailleur, on est rentrés à pied, après avoir partagé avec nos deux jeunes amis… deux énormes hamburgers. Ils nous ont assuré que c’était les meilleurs de Chiraz. En tout cas, c’était le premier pour Chon. Il aura fallu que ce soit en Iran, un soir de veille d’Achoura pour qu’elle découvre la gastronomie américaine !
After two hours of this senseless spectacle (for us), the ears filled with the beating of drums, and the knees aching after having been seated cross-legged, we returned on foot after sharing with our two young friends .. two enormous hamburgers. They assured us that it was the best in Shiraz. In any case, it was the first for Chon. It was in Iran, one evening of Achoura, that she discovered the American gastronomy!
Cette soirée n’était en fait que la répétition générale du défilé du 10 Moharram, le lendemain, à midi. On n’y a pas assisté (une fois ça suffit!) mais on s’est rendu en ville un peu plus tard pour l’épisode final de ce week-end exceptionnel, à savoir la distribution de repas gratuits dans tous les villes à partir des mosquées et autres lieux saints. En circulant en taxi vers le centre-ville, on voyait sur les trottoirs des files de gens attendant d’être servis. Certains avaient même amenés leurs casseroles pour repartir avec de la nourriture pour toute la famille.
This evening was in fact only the rehearsal for the 10 Moharram parade, the next day at noon. We did not attend (once was enough!) But we went to town a little later for the final episode of this exceptional weekend, namely the distribution of free meals in all the cities from mosques and other holy places. By taxiing downtown, you could see on the pavements queues waiting to be served. Some had even brought their pots to go home with food for the whole family.
En ce qui nous concerne, Yamin et Mehdi nous ont amené dans la vieille ville -rues étroites, maisons de pisé- dans un sanctuaire soufi. Dès l’entrée, on a été séparés, hommes d’un côté, femmes de l’autre, et on s’est installé devant des repas de poulet et riz offerts à tout le monde . Comme d’habitude en Iran, on a mangé assis plus ou moins en tailleur sur des tapis.
As for us, Yamin and Mehdi brought us into the old city-narrow streets, houses of adobe- in a Sufi sanctuary. From the entrance, we were separated, men on one side, women on the other, and settled before meals of chicken and rice offered to everyone. As usual in Iran, we ate seated on carpets.
Après le repas, on s’est retrouvé dans la salle du sanctuaire où plusieurs maîtres derviches ont leur tombeaux. C’est un endroit très calme où l’on peut passer du temps en toute sérénité. Dans les années 70, on aurait parlé d’un lieu qui dégageait des « bonnes vibrations ».
After the meal, we met again in the hall of the sanctuary where several masters dervishes have their tombs. It is a very quiet place where you can spend time in peace. In the 1970s, we would have talked about a place that had « good vibrations ».
Nous y sommes restés un bon moment, assis sur les tapis, avant qu’une très vieille dame vienne nous saluer et nous mettre sous la protection d’Ali ! C’était la veuve d’un des derviches enterrés dans le sanctuaire, et en quelque sorte la gardienne du lieu. Un grand moment d’émotion.
We stayed there for a while, sitting on the carpet, before a very old lady came to greet us and put us under the preotection of Ali ! She was the widow of one of the dervishes buried in the sanctuary, and in a way the guardian of the place. A great moment of emotion.
Le lendemain, après un dernier petit déjeuner avec Mitra et Yamin, on a pris la route de Yazd.
The next day, after a last breakfast with Mitra and Yamin we left Shiraz for Yazd.