En préparant ce voyage au Canada, on avait rêver d’aller jusqu’à Vancouver. Mais on a réduit nos ambitions.
On est rentré après 8247 kms en deux mois.
Ce pays est GRAND.
Il s’est passé quelque chose. Depuis qu’on a rejoint le Saint-Laurent et quitté Kamouraska, on a l’impression que notre road trip est terminé et qu’on est maintenant en vacances, plutôt qu’en voyage. Dit comme cela, ça parait un peu bête mais pour cette dernière semaine québécoise, on se sent en roue libre, comme après un long périple.
Comme disent les acadiens, on laisse le bon temps rouler.
On sent qu’on arrive au bout de notre balade, et on a ralenti tranquillement le rythme pour profiter du temps présent. On a devant nous une bonne semaine pour rejoindre la région de Montréal, pas besoin de stresser !
On a donc remonté tranquillement la rive sud du Saint-Laurent, en profitant des petits villages le long du fleuve. La côte sud est différente celle du nord. Les villages sont plus colorés, plus riants.
Depuis Montmagny -excellent kouign-amann au « café breton »- Un traversier (ferry) gratuit permet de rejoindre l’île-aux-grues, une bande de terre de dix km de long au milieu du fleuve. C’est une île de paysans entourée de marais appelés battures. Avec ses deux cents espèces d’oiseaux, c’est le paradis des ornithologues.
Pour nous cela a été surtout une belle balade à vélo le long des hautes herbes des battures.
Tout au bout de l’île un étrange bateau est échoué depuis cinquante ans.
Le poème de Rimbaud est peint sur la coque ! Il sert d’accueil à une auberge juste en face et héberge actuellement une petite expo sur les costumes… de mi-carême. On doit avouer qu’on ne l’a pas visitée.
Retour sur le « continent » et passage par Saint-Jean Port Joli, fameux pour ses sculpteurs sur bois.
Un arrêt obligé aussi à Saint-Michel de Bellechasse et ses belles maisons blanches.
Un peu plus loin, on a fait un détour par Québec sur l’autre rive, pour visiter le musée des Beaux-Arts et sa formidable collection d’art Inuit.
Les artistes traditionnels utilisaient à merveille des os, des pierres, des bois de caribou, des vertèbres de baleine, des dents de phoque, pour produire de magnifiques sculptures. A ne pas rater si vous passez par là.
Puis retour sur la rive sud. Nous nous sommes arrêtés à Saint-Antoine-de-Tilly, « Du côté de chez Swann » … pour une bonne crêpe aux pommes et sirop d’érable évidemment, façon de nous réhabituer doucement, après le kouign-amann de Montmagny aux plaisirs de chez nous.
La crêperie, tenue par une charmante douarneniste, est facile à trouver : c’est juste en face du Magasin général.
Les gens du coin sont mobilisés contre un projet de mine de gaz de schiste qui risque de polluer les nappes phréatiques.
Nous avons finalement quitté le fleuve pour retrouver à Granby ou plutôt dans un camping pas loin, à L’Ange gardien (ça ne s’invente pas) des amis québécois rencontrés au Cambodge cet hiver.
Ils y passent tout l’été dans leur caravane « améliorée ». Ce fut un bon moment passé ensemble et l’occasion de découvrir les fromages du coin et les saucisses aux myrtilles. ici on dit des Bleuets. Excellent et on était loin du rat au barbecue dégusté avec eux à Battambang !
Notre dernière étape a été pour une virée à Ottawa / Gatineau et son formidable Musée canadien de l’histoire.
Depuis la grande galerie des totems et les salles consacrées aux premières nations de l’ouest canadien jusqu’à l’histoire récente du pays, tout est passionnant dans ce musée. (cliquer sur l’image ci-dessous pour une visite virtuelle)
Encore une fois, on peut dire « Vaut le voyage ».
Et sur la route du retour vers Montréal, une déviation improbable ! Malgré la tentation d’aller y faire un tour, nous sommes bien arrivés chez Mireille et Serge, à temps pour profiter d’une dégustation de blé d’Inde ((maïs) dans leur jardin !
suivi d’une séance de cure-dents !
Belle conclusion que cette après-midi tranquille dans leur jardin, pour un voyage formidable dans un pays chaleureux. On repart avec des étoiles dans les yeux !
Merci les amis ! On vous attend de pied ferme en Bretagne !
Après Saint-John, direction Grand-Sault / Grand Falls. Comme son nom l’indique, la ville est réputée pour ses chutes et les gorges de la rivière. Pas de chance, en ce milieu d’été, les cascades ne sont pas spectaculaires.
On n’est pas encore au Québec mais Grand-Sault est francophone. il s’agit d’une communauté acadienne. C’est toujours la surprise au Nouveau-Brunswick : les villages acadiens sont un peu partout. Visiblement les enfants de l’école en sont un peu fiers et leur fresque sur le mur du bureau de tourisme donne une idée du volume d’eau au printemps.
Après un passage par le parc national Temiskouata (sapins, lacs, sentiers de randonnées, feu de bois et barbecue… bref, la routine), nous avons retrouvé le Saint-Laurent et ça nous a fait quelque chose : c’est vraiment retrouver l’âme du Québec, et on adore.
Déjà sept mille kms au compteur ! En arrivant à Kamouraska, on a eu envie de se poser un peu et de profiter de cette jolie petite ville sur le fleuve.
Pour les bibliothécaires, Kamouraska est d’abord le roman d’Anne Hébert, mais pour les Québécois, c’est surtout un des plus beaux villages de la province et ils ont raison.
On a donc longuement flâné le long des quelques rues qui longent le fleuve – en fait Kamouraska, c’est tout petit !-. Toutes les maisons sont superbes et les jardins sont fleuris en ce moment. Les québécois ont un vrai goût des couleurs, parfois surprenantes, pour leurs maisons.
Un village québécois sans dépanneur, ça n’existe pas.
Et c’est sur la place devant l’église que vous trouverez la meilleure boulangerie du pays : on vous conseille fortement le pain aux figues et celui aux olives. Un vrai régal !
On vous laisse rêver un peu avec encore quelques images de ce petit joyau de la côte sud du Saint-Laurent.
On peut même y croiser des guides touristiques en costume d’époque.
Et pour terminer la promenade, quoi de mieux qu’un petit café dans le jardin ?
Comme ils disent dans les guides, « Vaut le voyage » !
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PS : la bière du jour sera la Moosehead. A défaut d’avoir vu le moindre orignal, malgré les centaines de panneaux routiers nous mettant en garde contre la traversée possible de l’animal, nous buvons à sa santé !
Bye bye Nouvelle-Ecosse, bonjour Nouveau-Brunswick.
Une bonne journée de route nous a amené jusqu’à la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick. Elle est célèbre pour ses marées : elles sont censées être les plus hautes du monde, avec seize mètres de marnage. On n’a pas vérifié car on a surtout vu la côte à marée basse.
Ce qui est certain c’est qu’au pied des falaises, ce sont des grèves qui se prolongent sur de grands plateaux de vase. On n’a pas spécialement envie de se baigner.
Par contre la mer a creusé les falaises en champignons gigantesques, appelés ici des « pots de fleurs ».
A Hopewell rocks, en fonction de la marée, on peut marcher sur le « plancher de l’océan » et déambuler entre ces structures de grès sculptées par les vagues. Ne pas hésiter à venir tôt le matin -si la marée le permet- avant la foule ! Selon l’humeur, on peut y voir des animaux, des visages ou des créatures fantastiques.
Fundy, c’est aussi un parc national, qui, comme les autres, offre des randonnées dans les forêts et le long des rivières.
Même si on en a quelquefois un peu marre des sapins -ici on dit des épinettes-, cela reste un enchantement que de se balader sur ces sentiers.
On y était le week end -pardon, la fin de semaine- et par hasard on est tombés sur un Pow Wow de trois « premières nations » autochtones, les Mi’gmag, les Pestkotomuhkati et les Wolastoqiyk.
Difficile de définir ce qu’est un Pow Wow. Cela peut être vu comme un spectacle folklorique, avec costumes, musique et danses, mais c’est beaucoup plus que cela. C’est d’abord une rencontre de gens fiers de leur culture et qui aiment se retrouver pour la célébrer, avec aussi une dimension spirituelle suffisamment forte pour que même nous la ressentions. Bien sûr il y a des touristes avec appareils photos, mais il nous a semblé que ce n’était pas l’essentiel. Cela reste familial et sérieux en même temps.
Le Pow Wow a commencé par un mot de la députée du coin souhaitant la bienvenue aux participants et aux spectateurs au nom de gouvernement du Canada, avant qu’un autochtone fasse de même dans sa langue. Le speaker a rappelé que nous étions bienvenus sur leur territoire, et a signalé en passant qu’il n’avait jamais fait l’objet de traité entre l’état canadien et la première nation locale.
Puis tout le monde s’est levé, chapeau bas, pour écouter l’hymne national des autochtones, puis un chant en l’honneur des anciens combattants. On n’a pas compris s’il s’agissait des vétérans de l’armée canadienne ou des anciens guerriers améridiens.
Toujours est-il que la surprise est venue des spectateurs : Nous étions peut-être une centaine et au moins la moitié a levé le poing, comme les danseurs, pendant ce chant. Visiblement autour de nous, sans qu’ils soient identifiables par des vêtements ou un faciès particulier, beaucoup d’autochtones « en civil » étaient venus participer discrètement au Pow Wow.
La voix rauque des chanteurs, le battement du tambour, les pas des danseurs et danseuses nous renvoyaient aux images de westerns qui ont peuplé notre enfance.
Mais là, ce ne sont pas des acteurs mais des gens fiers de leur histoire et porteur de l’avenir de leurs enfants dans le monde d’aujourd’hui. Par un curieux hasard, Le Monde, dans son édition du 7 août faisait le lendemain un long article sur le renouveau des « indiens » des USA.
Après ce moment fort de notre voyage, qui nous nourrit de plus de questions que de réponses, nous avons mis le cap à l’ouest.
On avait une envie… de ville, après toutes ces étapes en pleine nature. Notre choix est tombé sur Saint-John, une petite cité de soixante dix mille habitants, à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. Sans le faire exprès, on a pu continuer à filer la métaphore western, tant la vielle ville sentait l’ouest américain.
Bâtiments construits en fronton, de bois ou de briques, rues en pente comme un mini San Francisco, immeubles massifs style 1900, tout rappelait que nous sommes à cent kms de la frontière US.
On s’est offert un repas dans un restaurant décoré de filets de pêche et de casiers à homards. Mauvaise pioche : « l’assiette du pêcheur » de Chon, avec pétoncles, clams et haddock avait été noyée dans une friture épaisse qui tuait tout intérêt pour les fruits de mer et le sandwich au homard de Daniel avait un goût de chewing gum. Quel gâchis !
Comme on était dimanche, les magasins étaient fermés. On n’a donc pas pu visiter le Musée de la Police, qui d’après les guides, nous aurait permis d’admirer un constable en uniforme de 1849 et même d’anciennes menottes et une volkswagen de 1965 ! Une vraie déception !
On essayera de se consoler en visitant, sur la route qui nous ramènera au Québec, à Edmunston, le Musée des religieuses hospitalières de Saint-Joseph, célébrant leur arrivée à Saint-Basile-de-Madawaska en 1873.
Sûrement à ne pas manquer .
PS : et en préambule à cette visite, la bière du jour sera celle de Soeur Catherine brassée à Grand Sault. N’a-t-elle pas l’air hospitalière ?