Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)


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On the road again

Le temps passe, doucement mais sûrement. Il est temps de commencer à penser à notre prochaine étape, le Laos.

Nous avons donc embarqué dans un bus pour Kratie (Krong Kracheh sur la carte). Il nous a quand même fallu huit heures pour parcourir les 317 kms depuis Phnom Penh.

En route, on s’est arrêté pour un repas rapide dans la ville de Skuon, alias « spider city« . Cette fois-ci pas d’exploration insectivore, mais quand même quelques photos.

On essayera les cafards grillés une autre fois.

Kratie est une ville de province endormie au bord du Mékong, sans grand intérêt. Par contre, juste en face la petite île de Koh Trong vaut la peine de prendre le « ferry » bringuebalant pour la visiter.

Pas de voitures, une piste cimentée tout autour de l’île, des vieux vélos à louer et nous voilà partis !

L’île de Batz en face de Roscoff est un de nos jardins secrets et on s’y serait presque cru ! Bon d’accord, ce n’était pas tout à fait le même paysage. Ici pas d’artichauts et de choux-fleurs, mais des manguiers, des bambous, des bananiers et des cocotiers. Mais une ambiance paisible et paysanne comme là-bas ! C’est l’époque des battages (du riz).

La grande pagode est multicolore, et l’allée pour y accéder, décorée : un côté conte pour enfants.

Pour rejoindre le fleuve depuis la rive en saison sèche, près d’un km à faire sur des planches pour arriver à l’eau. Une version tropicale en quelque sorte de l’estacade de Roscoff.

Il faut mettre les pieds dans l’eau pour accéder au « ferry ».

L’île de Koh Trong, une bien jolie étape loin de l’agitation de Phnom Penh !

De Kratie à la frontière laotienne, les choses sont assez simples : un minibus jusqu’à Stung Treng (à 100 kms) puis un deuxième jusqu’à la frontière  (à 50 kms). Rien de particulier à signaler sinon l’impression de bout du monde quand au milieu de nulle part apparaissent les bâtiments de la douane.

Et c’est là que les choses se corsent. En effet, cette frontière est célèbre pour la corruption de ses fonctionnaires.

Bien décidés à ne pas payer de bakchich, on les a abordés vent debout !

Tout d’abord pour obtenir le tampon de sortie du Cambodge, on voulait nous obliger à payer deux dollars chacun pour obtenir le fameux tampon. Devant notre refus poli, et insistant, on a dû attendre près d’une heure pour récupérer les précieux documents. Le Goff 1-Ripoux 0.

Côté Laotien, même topo : les visas coûtent 30 dollars mais il faut en aligner deux de plus pour obtenir le fameux sésame. Cette fois-ci, on était cinq à refuser collectivement de payer. Une heure plus tard, malgré les propos agressifs des policiers, on a fini par récupérer gratuitement les passeports, gratuitement. Le Goff 2- Ripoux 0. Deux heures de boulot pour deux misérables tampons.

Ce n’était pas tout à fait fini car le chauffeur du mini-van qui devait nous amener à la première ville laotienne avait disparu pour une sieste sans doute bien méritée. On a dû poireauter sous le soleil une bonne demi-heure de plus avant qu’il apparaisse.

20 kms plus loin, fin de notre périple routier à Nakasang, point de départ des grosses pirogues à moteur qui desservent les « 4000 îles » du Mékong juste au nord de la frontière. En effet, à cet endroit, le fleuve se divise en de multiples bras, créant un paysage d’îles verdoyantes et de chutes d’eau magnifiques. Mais ceci est une autre histoire.

Voici quand même une image de notre premier coucher de soleil laotien, sur l’île de Don Khone.

 

 

 

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Les sourires de Chambok

Après notre passage mitigé dans le sud, nous avions envie de nous ressourcer dans le Cambodge profond. C’est ainsi que nous avons rallié Chambok.

Ce n’était pas forcément simple sur le papier. Par mail on nous avait indiqué qu’il fallait descendre à Traeng Trayueng, gros bourg à mi chemin entre Sihanoukville et Phnom Penh et chercher sur place un moyen de remonter les vingt cinq kms de piste pour rejoindre Chambok, sachant qu’il n’y a aucun service public ni tuk tuk pour y aller.

C’est donc avec un peu d’appréhension qu’on est descendu de notre fameux bus-karaoké qui nous avait amenés de Sihanoukville.

Mais dans les deux minutes, on s’est retrouvés chacun à l’arrière d’une moto qui nous a emportés dans un nuage de poussière vers notre destination, à travers les vergers de manguiers.

Et c’est couverts d’une fine couche de latérite rouge, et le coccyx de travers que nous sommes arrivés au « visitors center ».

Chambok réunit six villages et cinq cents familles autour d’un projet d’éco-tourisme, déployé sur mille cinq cents hectares de cultures et de forêts.

A la fin de la guerre en 1998, les paysans ont dû d’abord attendre que les villages soient déminés. Ils ont survécu dans un premier temps en exploitant les bois précieux comme l’acajou avant de se rendre compte que la déforestation sauvage allait tuer la ressource. Le Cambodge a perdu 75% de sa forêt en trente ans. Ils ont donc cherché d’autres solutions.

Rainforest in the Southern Cardamom Mountains. Photo by Rhett A. Butler

Ils se sont lancés collectivement dans un projet d’éco-tourisme participatif. Il est né en 2003 avec le soutien de l’ONG Mlup Baitong, des ministères du tourisme et de l’environnement, du PNUD, et du parc national du Kirirom où sont implantés les villages.

Aujourd’hui, le projet fournit un supplément de revenu aux villageois, et a permis par ailleurs de replanter quarante mille arbres, dont la moitié a été sponsorisée par des visiteurs.

Vous êtes accueilli avec le sourire par de jeunes gens du village au « visitors center », grand bâtiment au milieu de la forêt, équipé d’une cuisine à l’air libre et de  grandes tables pour accueillir les groupes.

De nombreuses activités sont proposées, en individuel ou avec guide. Trekking, balades en charrettes à buffles, à vélo, replantage d’arbres, découverte de la culture du riz, ateliers d’artisanat, de cuisine,  de danse.

Une rotation est organisée pour l’accueil et les activités. Par exemple ce sont deux cents cuisinières qui sont mobilisées à tour de rôle pour les repas des visiteurs.

Pour ce qui est du logement, cinquante maisons dans les villages vous accueillent pour la nuit. Ces chambres chez l’habitant sont très basiques mais se promener le soir dans les villages – très propres – est une merveille. Tout le monde a un geste, un sourire pour vous signaler que vous êtes les bienvenus. Personne ou presque ne parle anglais mais ce n’est pas grave. On se sent adoptés par la communauté pour le peu de temps passé parmi eux.

On est vraiment dans le Cambodge profond, humain, chaleureux.

Compte tenu de la difficulté relative d’atteindre Chambok, seules quelques agences « hors des sentiers battus » proposent à leurs clients des séjours sur place. Pour les deux soirs que nous y avons passé, nous étions les seuls, à part un groupe d’étudiants venu passer l’après-midi.

La première nuit a été épique, car on fêtait au village la fin de la moisson du riz. Un repas collectif était offert à tous. Chacun s’était mis sur son 31 !

Au coucher du soleil,  les bonzes de la pagode voisine ont béni la moisson avec force psalmodies.

Puis ce fut ensuite une longue, très longue soirée de musique. On est rentrés assez tôt se coucher, mais la sono – à fond – a continué à bastonner jusqu’à six heures du matin, moment où tous les coqs et les chiens du village ont pris le relais. Autant dire qu’on a peu dormi cette nuit là.

Nous avons choisi le matin suivant de faire une petite randonnée vers des cascades dans la montagne en compagnie d’un guide, Cham, un des militants à l’origine du projet.

En cette période de l’année, les débits des cinq chutes successives sont assez minimes, mais permettent quand même des douches fraîches sous les cascades. Plaisir inestimable après deux heures de marche sous le cagnard et une très courte nuit !

 

L’après-midi, Chon a pu prendre un cours de cuisine avec ces dames, avec force gestes pour  explications. Mais entre cuisinières pas besoin de mots pour se comprendre.

Le lendemain on a quitté avec regret ces gens qui ont pris en mains leur destin. Un minibus local quittait Chambok à sept heures trente pour rejoindre Phnom Penh. Quelle chance !

Là aussi, c’était le Cambodge profond. Après avoir fait le tour des villages pour récupérer des passagers et de la marchandise, nous nous sommes retrouvés à vingt et un dans un minibus prévu pour neuf places ! Avec tout le poids des sacs de riz et autres paquets dans le coffre arrière et tous les passagers, c’est miracle que les roues avant touchaient encore le sol.

Après cinquante kms serrés comme des sardines, deux jeunes filles de plus sont montées à bord. Si vous vous demandez comment cela est possible, voici la solution : on fait partager le siège du passager avant en deux et la vingt troisième passagère s’installe à GAUCHE du chauffeur.

Au Cambodge, tout est possible, et avec le sourire !


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Des Chinois et des babas cools

« Entourée de plages de sable blanc et d’îles tropicales préservées, Sihanoukville est la destination balnéaire la plus en vogue du Cambodge. (…/…) [C’est] le point de départ vers les îles méridionales, véritables repaires de Robinsons branchés ».

C’est ainsi que le « Lonely Planet » 2018 présente la ville et comme on s’est, bien sûr, reconnus comme Robinsons branchés, on est allés y voir de plus près.

Les plages de la ville sont effectivement très belles. Une bande de sable de… dix mètres de large est bordée de dizaines de bars, paillottes et restaurants. C’est agréable d’y boire une noix de coco fraîche entre deux baignades dans une eau à 30 °.

Mais l’envers du décor est un peu différent. Par exemple derrière la jolie plage d’Otres, une mauvaise piste longe les restaurants et déjà des chantiers de construction se préparent.

Car Sihanoukville est un gigantesque chantier. Des dizaines d’immeubles de vingt, trente étages ou plus sont en train de sortir de terre.

Promoteurs chinois, architectes chinois et ouvriers chinois construisent dans le bruit et la poussière d’immenses complexes d’appartements, d’hôtels et de casinos pour une future clientèle… chinoise. Cette invasion commence à agacer les locaux, comme on l’a lu dans cet excellent article. La Chine est tout bonnement en train d’acheter le pays.

Les touristes chinois ont déjà commencé à déferler. La preuve, sur douze vols internationaux annoncés à l’aéroport aujourd’hui, dix viennent de Chine, un de Ho Chi Minh et un de Kuala Lumpur.

La signalétique en ville est devenue bilingue, voire monolingue quand il faut faire la pub pour des appartements ou des casinos.

Pour le charme et le romantisme, on repassera.

On a donc vite fuit la ville pour la petite île de Koh Rong Samloen, à une heure de bateau.

Elle est censée être plus authentique que sa grande soeur de Koh Rong et on a posé nos valises dans la baie reculée de M’Pay Bay. Cette anse adossée à la jungle (impénétrable) forme un croissant de sable autour d’un petit village.

La plage est superbe, sans le mur de restaurants de celles de Sihanoukville et le sable fin est à la hauteur des dépliants touristiques. S’y baigner est un plaisir, à condition d’oublier les ordures sous les arbres le long du rivage.

Le village se réduit à une centaine de pauvres maisons transformées en « hostels » et sur le front de mer en petits restaurants bricolos. Ce qui était un simple village de pêcheurs est en train de devenir petit à petit un de ces fameux « repaires de Robinsons branchés ».

L’ambiance est très cool, très baba cool en fait, avec farniente, bières et fumettes dans les hamacs. On doit avouer qu’on s’est sentis un peu hors jeu parmi tous ces jeunes occidentaux tatoués qui déambulaient sur le sable ! Et les saletés autour des maisons et des « hostels » gâchent une bonne partie du plaisir.

Heureusement notre guest house, le « Lazy Bones » (ça ne s’invente pas) était très agréable et on s’y est bien reposés, entre baignades et siestes.

Après deux jours à profiter du soleil et de la mer, on a repris le bateau pour Sihanoukville et de nouvelles aventures sur la terre ferme. En route pour Chambok, notre prochaine étape, et tant qu’à faire, dans un bus maginfique, avec karaoké ! Voyez vous-mêmes !

 

 

 

 

 


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Deux jours à Phnom Penh

Pour notre périple vers Sihanoukville et les îles, Phnom Penh est un passage obligé. Et c’est une étape bien agréable. La ville n’est pas en soi très belle, mais dégage une énergie vitale formidable. La circulation incessante des milliers de scooters, motos, tuks-tuks et grosses voitures crée un joyeux bordel loin des raideurs des villes européennes.

Les pubs pour les derniers téléphones cohabitent avec un réseau électrique bringuebalant.

Le « front de mer » le long du Mékong est le lieu de promenade idéal. On s’y rencontre, on y mange, on y fait de la gymnastique. Beaucoup de pauvres gens semblent aussi y vivre, de jour comme de nuit et le spectacle des enfants des rues est bien triste.

Les grandes pelouses devant le palais royal accueillent les pique nique à l’ombre des grands arbres. Il y fait – un peu- moins chaud.

Le roi Sihamouni, un des fils de Sihanouk, n’a plus aucun rôle politique et se contente d’arpenter son palais doré. Il parait que cet ancien professeur de danse dans des conservatoires parisiens s’y ennuie.

Le pouvoir est entre les mains depuis 35 ans du premier ministre Hun Sen, un ancien cadre Khmer rouge qui a viré sa cuti en 1977 et rejoint l’armée vietnamienne qui a débarrassé le pays de la bande de Pol Pot. Il dirige le Cambodge sans tolérer d’opposition. L’an dernier, aux législatives son parti a gagné les 145 sièges de députés, pendant que les opposants étaient arrêtés ou exilés.

De la période Khmer rouge, peu de traces sinon un grand nombre d’handicapés et très peu de personnes âgées. Quand on sait que 25% de la population du pays a disparu entre 1975 et 1979… Deux millions de morts.

Il reste cependant un lieu de mémoire incontournable : le centre d’interrogatoire Tuol Sleng, aussi connu sous le nom de S21, en plein Phnom Penh.

Là, dans un ancien lycée, 20 000 personnes seront torturées puis systématiquement exécutées après enregistrement de leurs « aveux ». Visiter le centre est très éprouvant à cause de l’horreur que les gens y ont subie. Salles de torture, cellules, milliers de photographies de détenus (les bourreaux archivaient tout et n’ont pas eu le temps de tout brûler en partant), témoignages de certains des seuls 12 rescapés vivants libérés en janvier 1979 par les vietnamiens, font du tour du site un moment poignant.

Comment la folie des hommes peut-elle aller aussi loin ?  Tuer son propre peuple. Il suffisait de porter des lunettes pour être traité d’intellectuel et donc considéré comme un ennemi à éliminer. Parmi les photos, des professeurs, des juges, des médecins, des infirmières, des artistes, éliminés parce que éduqués, tout simplement.

Le moment le plus fort, c’est la présence de deux vieux messieurs assis à l’ombre des arbres et qui saluent les visiteurs. Ce sont deux des  rescapés de cet enfer, et qui viennent chaque jour depuis 40 ans témoigner pour l’histoire.

On en ressort bien secoués.

Mais une fois dehors, la vie reprend et la circulation anarchique -mais finalement assez fluide- rappelle que Phnom Penh est en pleine expansion.

Les immeubles neufs cohabitent avec les quartiers vieillissants et quelques immeubles qui rappellent l’Indochine française. Une jeunesse dorée roule en gros 4X4 et fait des affaires, notamment avec les chinois, de plus en plus présents. Les bars et les néons animent la nuit de Phnom Penh, et beaucoup de jeunes et jolies cambodgiennes accompagnent de vieux messieurs blancs !

On n’aura pas visité le palais royal, immense derrière ses murs, ni la célèbre pagode d’argent. Il faisait vraiment trop chaud.

Dans un joli bâtiment traditionnel, le musée national présente la plus grande collection de sculpture khmère au monde.

C’est impressionnant, mais là encore, notre inculture dans le domaine s’est révélée, malgré la lecture suivie du Ramayana par Chon depuis une semaine !

Par contre, on n’a pas raté la visite de la pagode Wat Phnom sur une colline. Un lieu de calme au dessus de la ville et son animation incessante.

Le soir, toujours dans les locaux du musée, nous avons assisté à un spectacle de danses traditionnelles par la troupe Cambodian living arts. En 1979, tous les artistes du théâtre national khmer avaient été soit décimés, soit exilés et il a fallu toute l’énergie d’une ancienne danseuse étoile pour recréer une troupe et retrouver les gestes immémoriaux qui étaient en passe de disparaître. Le résultat est spectaculaire. Une bien belle soirée pour conclure notre court séjour dans la capitale.

Mais ceci n’aurait pas été complet sans une exploration de la gastronomie locale. Daniel s’y est risqué !

Bon appétit !


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Au marché de Siem Reap

Siem Reap est la ville qui sert de base à tous les visiteurs d’Angkor. Pour se rendre sur les temples, les touristes passent devant le marché central de Phsar Leu, sans s’arrêter. Des centaines de motos et tuks-tuks s’agglutinent devant le bâtiment. Cela méritait une visite !

A l’entrée, les changeuses comptent inlassablement leurs liasses de billets en toute transparence et en toute tranquillité.

Dans les allées, on trouve de tout, dans un joyeux désordre.

Les couturières côtoient les bijoutiers et les restaurants.

Plus fort que la Samaritaine !

Mais le top du top c’est quand même le stand de faux billets :

Des billets « chinois » de 50 euros à l’effigie de Confucius, il fallait y penser. On verra si on pourra les écouler à notre retour. En tous cas avec ces billets de 100 dollars, on a pu renflouer la trésorerie !

 

 

 


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La magie d’Angkor

La carte ci-dessus indique Angkor Wat « immense temple richement décoré ». En fait, si c’est bien le temple le plus célèbre, l’ensemble du site d’Angkor couvre 400 km2 en pleine jungle. C’est un caléidoscope de temples (une trentaine), de forêt, de très grands bassins, de canaux d’irrigation, d’espaces défrichés sans doute sous les eaux à la saison des pluies. Il ne faut pas rêver parcourir tout ce territoire à pied, et il faut bien du courage pour le faire à vélo par 40° à l’ombre car certains temples sont distants de 10kms !

Le tuk tuk est la solution. Pour 15$ la journée vous avez votre chauffeur perso qui vous amène où vous voulez et vous attend à la sortie des monuments. Quand en plus vous tombez sur un jeune type très sympa qui vous fournit en bouteilles d’eau fraiche de sa glacière, c’est vraiment le grand luxe.

En bons bibliothécaires, on est partis à l’assaut de nos premiers temples armés d’un guide et on a commencé pas se raconter l’histoire de chacun. Angkor est essentiellement un site hindouiste, construit du IXème au XIIème siècle. C’est donc tout le panthéon et la mythologie brahmaniste, puis bouddhiste qui sont racontés sur ses murs. C’est très compliqué pour des rustres comme nous et on s’y perd complètement entre Vishnu, Brahma et tous les autres.  Très vite, on a abandonné la lecture et on s’est laissés porter par l’esprit des lieux.

Chaque temple dégage une atmosphère particulière difficile à raconter. Entre la présence de la jungle autour et dans les enceintes, les énormes blocs de pierre, les lions, les serpents à cinq têtes, les centaines de statues de déesses enchassées dans les murs, les fragiles danseuses sculptées partout dans la pierre, on est obligés de se laisser aller. De couloirs sombres en cours intérieures, partout la même richesse, la même puissance, la même beauté. C’est magique !

C’est le paradis et l’enfer du photographe amateur qui ne sait pas où donner de l’objectif entre toutes ces scènes mythologiques mystérieuses.

Rassurez-vous, on vous épargnera la plupart de nos photos et on vous renvoie à Internet pour en voir plus, et de meilleures.

On avait pris un passe de trois jours et le dernier jour, on s’était réservés les deux temples les plus extraordinaires.

Angkor Wat est le plus grand, le plus majestueux, le plus emblématique de tous les monuments du site. C’est sans doute le bâtiment religieux le plus étendu du monde.

C’est aussi le plus visité et le « must » est d’ assister au lever du soleil,… avec 10 000 autres touristes photographes. On ne l’a pas fait mais on trouve sur le net des dizaines de versions de l’ image que chacun essaye de reproduire à l’infini, comme celle-ci :

On ne vous racontera pas le bâtiment ; on en serait bien incapables, mais ce qui nous laissés tout esbaubis, ce sont les frises sculptées tout autour du bâtiment principal.

Des scènes de la mythologie hindouiste sont racontées sur des centaines de mètres. C’est tout bonnement époustouflant et impossible à transcrire en photos. Voici quand même quelques exemples.

Des milliers de personnages, d’animaux, illustrent des batailles, des épopées, des épisodes du Ramayana où dieux et hommes composent des spectacles de pierre incroyables. On n’a jamais vu quelque chose d’aussi fabuleux !

A peine remis de ces émotions, on a atteint le dernier temple de notre parcours, le Bayon.

On y entre en passant une porte dans une enceinte de 3 kms de côté, qui annonce la couleur. Bouddha nous y attend :

Jayavarman VII a fait du Bouddhisme la religion d’état de son empire. Ce temple qu’il a fait édifier à la fin du XIIème siècle est en effet consacré à Bouddha et construit sur un rocher au milieu de la forêt. Des dizaines de tours comportant sur leurs quatre faces des visages du Bouddha créent une ambiance puissante, irréelle, mystérieuse. On n’en est pas encore revenu !

Et là aussi, sur les murs du temple, des frises sculptées qui racontent la vie de Bouddha, et aussi de nombreuses scènes de la vie quotidienne. magnifique.

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Le Bayon : une merveille de l’art khmer. Une vidéo trouvée sur Youtube le raconte mieux que nous :

Et c’est sur ce visage énigmatique que nous avons quittés Angkor pour Phnom Penh, secoués par la magie du lieu.

 


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A petite vitesse sur l’Angkor express

Le Tonle sap est une petite mer intérieure au centre du Cambodge. Lors de la saison des pluies, il gonfle de sept fois son volume actuel. Pour rejoindre Siem Reap, base pour les visites d’Angkor, on a le choix entre trois heures de bus ou une journée de bateau, en descendant la rivière depuis Battambang jusqu’au lac. C’est bien sûr le choix que nous avons fait.

Sur le billet, le ferry a de la gueule. En réalité, c’est un peu différent. On embarque tôt le matin en pataugeant dans la boue -ce sont les basses eaux en cette saison- et ce n’est pas tout à fait la vedette annoncée !

Le moteur et le capitaine à l’arrière ont quand même fière allure.

Les deux premières heures du voyage sont assez tristes. Les berges sont couvertes de détritus et les baraques au dessus de la ligne des hautes eaux sont très pauvres. La couleur marronnasse de la rivière n’incite pas à la baignade.

Mais petit à petit le fleuve s’élargit et la croisière devient magnifique. Comme le niveau de l’eau remonte de plusieurs mètres en saison des pluies, les maisons sont soit sur pilotis, soit flottent sur des structures en bois et bidons.

Cela forme de véritables villages flottants, avec administrations, écoles et épiceries sur l’eau.

D’immenses carrelets construits en bambous s’alignent le long des berges.

Après le dernier village au débouché du lac, c’est l’immensité du Tonle Sap qui apparait, avant la remontée d’une nouvelle rivière vers Siem Reap. Il nous aura quand même fallu neuf heures pour arriver, mais cela valait la peine.

Et demain, les temples dAngkor !

 

 

 


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Battambang insolite

Après un repos bien mérité dans la guest house d’Anelyse et Sarom, nous avons accepté l’offre de celui-ci pour une journée entière de ballade dans et autour de Battambang. Bien nous en a pris, car cela a été une journée formidable, hors des circuits habituels.

On a commencé, pour nous mettre en appétit, par la visite d’une « usine » de poisson séché. Dans des ateliers bricolés à l’odeur infernale, des femmes et des hommes nettoient et font mariner dans le sel (on pourrait dire pourrir) des poissons de rivière dans de grandes barriques de bois. Cela ne donne pas vraiment envie.

La « banlieue » ressemble plutôt à une succession de villages très pauvres. Le premier arrêt a été pour la découverte de la récolte du sucre de palme. Grimpant à une échelle de bambou très sommaire, les paysans installent sous les longues tiges des fruits du palmier à sucre des « bidons » qui recueillent le jus qu’ils laissent ensuite fermenter pour en faire de l’alcool.

Plus loin, au bord de la route, des drôles de panneaux solaires attirent l’attention : ce sont en fait des galettes de riz mises à sécher au soleil.

Elles sont fabriquées sur place, à la chaine. Le feu est alimenté par de la balle de riz !

Une fois de retour en centre-ville, c’était l’occasion de faire la connaissance de Madame Kim Hoa, 73 ans, la seule rouleuse de cigarettes de la ville. Elle les roule avec une baguette et un vieux billet de banque.

Elle a survécu au génocide et occupe un tout petit espace d’un m2 entre deux boutiques.

Et jusqu’à cinq à la fois. Qui dit mieux ?

Avec tout cela, nous n’aurons pas vu les curiosités de la ville, le train de bambous, les grottes de Phnom Sampeau, ou l’école de cirque locale. Mais les yeux pétillants de Madame Hoa valaient toutes les « attractions » du monde.


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Des lotus, du riz, et du rat

 

La campagne de Battambang est connue comme un grenier à riz. Le soleil et des centaines de canaux – beaucoup creusés à mains nues pendant la période Khmer rouge – permettent jusqu’à trois récoltes par an. Nous avons passé une après-midi avec notre volubile guide Sarom Sam à sillonner en tuk-tuk ces pistes de long en large.

La campagne est très belle avec ses rizières à perte de vue

Près d’un lac artificiel, creusé aussi à la même époque par les malheureux cambodgiens (trente mille y sont morts pendant les travaux), on a traversé de magnifiques champs de lotus en fleurs.

Les lotus sont cultivés pour les graines qui se trouvent au coeur de la fleur. Celles-ci servent pour les offrandes aux temples. C’est la fleur sacrée des bouddhistes et on la retrouve sculptée sur tous les édifices religieux.

Ces grosses graines ressemblent à des glands et ont un goût de noisettes fraîches très agréables.

De retour sur notre tuk-tuk, nous avons croisé des petits animaux grillés sur le barbecue au bord de la route.

A un dollar le rat, c’est une affaire à ne pas manquer.

Le goût est quelque part entre celui du poulet et celui du lapin. Quelqu’un veut essayer ?


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Ceux qui aiment le Cambodge prendront le train

Capture

De Bangkok, on n’a rien vu. On y a passé deux nuits très courtes, la première parce qu’on est arrivés à 1h du matin, la deuxième parce qu’on s’est levés à 4h30 et entre les deux on a essayé de se reposer du voyage et du décalage horaire.

Pourquoi 4h30 ? Parce qu’on devait être à la gare à 5h pour prendre le train pour le Cambodge. Il y a en effet un seul train pour la frontière et il part tôt pour un trajet de 5h. L’économie réalisée en passant par Bangkok quand on veut aller au Cambodge plutôt que d’atterrir à Phnom Penh est évidente. On a trouvé un vol Paris-Bangkok à 420€ et le train coûte 48 baths, soit environ 1,50 €. Ca vaut la peine de se lever tôt !

C’est donc une ballade ferroviaire que l’on vous propose avec ces quelques photos.

Le contrôleur a fière allure .

Inutile de trop prévoir de nourriture. On est servi à domicile.

Le paysage défile. Rizières, bananiers, cocotiers, une végétation luxuriante.

Alors que le train a traversé des kilomètres de bidonvilles tout contre la voie à la sortie de Bangkok, dans la campagne les petites gares sont souvent proprettes.

 

Il fait assez frais dans les wagons avec les vitres ouvertes mais vers midi, la chaleur arrive. heureusement, la ventilation est prévue.

Le terminus est à Aranyapratet, à sept kms de la frontière. Ce sera notre premier tuk-tuk du voyage, pour la rejoindre. On a réussi à s’entasser à six avec les bagages dans un seul engin, à peu près aussi grand qu’une cabine téléphonique ! Chacun a du payer 20 baths, soit 0.75 €.

Le passage de frontière s’est passé sans problème et nous avons pris un grand taxi, toujours à six (on s’était fait des amis catalans et suisses dans le train) pour Battambang. La route est en travaux et il nous a fallu 3 heures pour rejoindre confortablement la deuxième ville du Cambodge, avec quelques clichés sympas sur le trajet.

Bonzes en route pour la pagode avec leurs sacs de riz.

Une petite sieste après l’effort. (Non, non ce ne sont pas les jambes de Chon).

Pour nous, Battambang c’était aussi le moment du repos, après ce long périple, dans la maison d’hôtes de Annelyse et Sam et de leur petite Mony (merci D.B. pour le tuyau). Des gens adorables, et un petit coin de paradis dans la campagne au sud de la ville.

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cliché Laurent Massagio

Voyez plutôt.

 

Ici commencent (enfin) les VACANCES !