Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)

Deux jours à Phnom Penh

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Pour notre périple vers Sihanoukville et les îles, Phnom Penh est un passage obligé. Et c’est une étape bien agréable. La ville n’est pas en soi très belle, mais dégage une énergie vitale formidable. La circulation incessante des milliers de scooters, motos, tuks-tuks et grosses voitures crée un joyeux bordel loin des raideurs des villes européennes.

Les pubs pour les derniers téléphones cohabitent avec un réseau électrique bringuebalant.

Le « front de mer » le long du Mékong est le lieu de promenade idéal. On s’y rencontre, on y mange, on y fait de la gymnastique. Beaucoup de pauvres gens semblent aussi y vivre, de jour comme de nuit et le spectacle des enfants des rues est bien triste.

Les grandes pelouses devant le palais royal accueillent les pique nique à l’ombre des grands arbres. Il y fait – un peu- moins chaud.

Le roi Sihamouni, un des fils de Sihanouk, n’a plus aucun rôle politique et se contente d’arpenter son palais doré. Il parait que cet ancien professeur de danse dans des conservatoires parisiens s’y ennuie.

Le pouvoir est entre les mains depuis 35 ans du premier ministre Hun Sen, un ancien cadre Khmer rouge qui a viré sa cuti en 1977 et rejoint l’armée vietnamienne qui a débarrassé le pays de la bande de Pol Pot. Il dirige le Cambodge sans tolérer d’opposition. L’an dernier, aux législatives son parti a gagné les 145 sièges de députés, pendant que les opposants étaient arrêtés ou exilés.

De la période Khmer rouge, peu de traces sinon un grand nombre d’handicapés et très peu de personnes âgées. Quand on sait que 25% de la population du pays a disparu entre 1975 et 1979… Deux millions de morts.

Il reste cependant un lieu de mémoire incontournable : le centre d’interrogatoire Tuol Sleng, aussi connu sous le nom de S21, en plein Phnom Penh.

Là, dans un ancien lycée, 20 000 personnes seront torturées puis systématiquement exécutées après enregistrement de leurs « aveux ». Visiter le centre est très éprouvant à cause de l’horreur que les gens y ont subie. Salles de torture, cellules, milliers de photographies de détenus (les bourreaux archivaient tout et n’ont pas eu le temps de tout brûler en partant), témoignages de certains des seuls 12 rescapés vivants libérés en janvier 1979 par les vietnamiens, font du tour du site un moment poignant.

Comment la folie des hommes peut-elle aller aussi loin ?  Tuer son propre peuple. Il suffisait de porter des lunettes pour être traité d’intellectuel et donc considéré comme un ennemi à éliminer. Parmi les photos, des professeurs, des juges, des médecins, des infirmières, des artistes, éliminés parce que éduqués, tout simplement.

Le moment le plus fort, c’est la présence de deux vieux messieurs assis à l’ombre des arbres et qui saluent les visiteurs. Ce sont deux des  rescapés de cet enfer, et qui viennent chaque jour depuis 40 ans témoigner pour l’histoire.

On en ressort bien secoués.

Mais une fois dehors, la vie reprend et la circulation anarchique -mais finalement assez fluide- rappelle que Phnom Penh est en pleine expansion.

Les immeubles neufs cohabitent avec les quartiers vieillissants et quelques immeubles qui rappellent l’Indochine française. Une jeunesse dorée roule en gros 4X4 et fait des affaires, notamment avec les chinois, de plus en plus présents. Les bars et les néons animent la nuit de Phnom Penh, et beaucoup de jeunes et jolies cambodgiennes accompagnent de vieux messieurs blancs !

On n’aura pas visité le palais royal, immense derrière ses murs, ni la célèbre pagode d’argent. Il faisait vraiment trop chaud.

Dans un joli bâtiment traditionnel, le musée national présente la plus grande collection de sculpture khmère au monde.

C’est impressionnant, mais là encore, notre inculture dans le domaine s’est révélée, malgré la lecture suivie du Ramayana par Chon depuis une semaine !

Par contre, on n’a pas raté la visite de la pagode Wat Phnom sur une colline. Un lieu de calme au dessus de la ville et son animation incessante.

Le soir, toujours dans les locaux du musée, nous avons assisté à un spectacle de danses traditionnelles par la troupe Cambodian living arts. En 1979, tous les artistes du théâtre national khmer avaient été soit décimés, soit exilés et il a fallu toute l’énergie d’une ancienne danseuse étoile pour recréer une troupe et retrouver les gestes immémoriaux qui étaient en passe de disparaître. Le résultat est spectaculaire. Une bien belle soirée pour conclure notre court séjour dans la capitale.

Mais ceci n’aurait pas été complet sans une exploration de la gastronomie locale. Daniel s’y est risqué !

Bon appétit !

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