« Entourée de plages de sable blanc et d’îles tropicales préservées, Sihanoukville est la destination balnéaire la plus en vogue du Cambodge. (…/…) [C’est] le point de départ vers les îles méridionales, véritables repaires de Robinsons branchés ».
C’est ainsi que le « Lonely Planet » 2018 présente la ville et comme on s’est, bien sûr, reconnus comme Robinsons branchés, on est allés y voir de plus près.
Les plages de la ville sont effectivement très belles. Une bande de sable de… dix mètres de large est bordée de dizaines de bars, paillottes et restaurants. C’est agréable d’y boire une noix de coco fraîche entre deux baignades dans une eau à 30 °.
Mais l’envers du décor est un peu différent. Par exemple derrière la jolie plage d’Otres, une mauvaise piste longe les restaurants et déjà des chantiers de construction se préparent.
Car Sihanoukville est un gigantesque chantier. Des dizaines d’immeubles de vingt, trente étages ou plus sont en train de sortir de terre.
Promoteurs chinois, architectes chinois et ouvriers chinois construisent dans le bruit et la poussière d’immenses complexes d’appartements, d’hôtels et de casinos pour une future clientèle… chinoise. Cette invasion commence à agacer les locaux, comme on l’a lu dans cet excellent article. La Chine est tout bonnement en train d’acheter le pays.
Les touristes chinois ont déjà commencé à déferler. La preuve, sur douze vols internationaux annoncés à l’aéroport aujourd’hui, dix viennent de Chine, un de Ho Chi Minh et un de Kuala Lumpur.
La signalétique en ville est devenue bilingue, voire monolingue quand il faut faire la pub pour des appartements ou des casinos.
Pour le charme et le romantisme, on repassera.
On a donc vite fuit la ville pour la petite île de Koh Rong Samloen, à une heure de bateau.
Elle est censée être plus authentique que sa grande soeur de Koh Rong et on a posé nos valises dans la baie reculée de M’Pay Bay. Cette anse adossée à la jungle (impénétrable) forme un croissant de sable autour d’un petit village.
La plage est superbe, sans le mur de restaurants de celles de Sihanoukville et le sable fin est à la hauteur des dépliants touristiques. S’y baigner est un plaisir, à condition d’oublier les ordures sous les arbres le long du rivage.
Le village se réduit à une centaine de pauvres maisons transformées en « hostels » et sur le front de mer en petits restaurants bricolos. Ce qui était un simple village de pêcheurs est en train de devenir petit à petit un de ces fameux « repaires de Robinsons branchés ».
L’ambiance est très cool, très baba cool en fait, avec farniente, bières et fumettes dans les hamacs. On doit avouer qu’on s’est sentis un peu hors jeu parmi tous ces jeunes occidentaux tatoués qui déambulaient sur le sable ! Et les saletés autour des maisons et des « hostels » gâchent une bonne partie du plaisir.
Heureusement notre guest house, le « Lazy Bones » (ça ne s’invente pas) était très agréable et on s’y est bien reposés, entre baignades et siestes.
Après deux jours à profiter du soleil et de la mer, on a repris le bateau pour Sihanoukville et de nouvelles aventures sur la terre ferme. En route pour Chambok, notre prochaine étape, et tant qu’à faire, dans un bus maginfique, avec karaoké ! Voyez vous-mêmes !