Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)


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Pots de fleurs et Pow Wow

Bye bye Nouvelle-Ecosse, bonjour Nouveau-Brunswick.

Une bonne journée de route nous a amené jusqu’à la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick. Elle est célèbre pour ses marées : elles sont censées être les plus hautes du monde, avec seize mètres de marnage. On n’a pas vérifié car on a surtout vu la côte à marée basse.

Ce qui est certain c’est qu’au pied des falaises, ce sont des grèves qui se prolongent sur de grands plateaux de vase. On n’a pas spécialement envie de se baigner.

Par contre la mer a creusé les falaises en champignons gigantesques, appelés ici des « pots de fleurs ».

A Hopewell rocks, en fonction de la marée, on peut marcher sur le « plancher de l’océan » et déambuler entre ces structures de grès sculptées par les vagues. Ne pas hésiter à venir tôt le matin -si la marée le permet- avant la foule ! Selon l’humeur, on peut y voir des animaux, des visages ou des créatures fantastiques.

Fundy, c’est aussi un parc national, qui, comme les autres, offre des randonnées dans les forêts et le long des rivières.

Même si on en a quelquefois un peu marre des sapins -ici on dit des épinettes-, cela reste un enchantement que de se balader sur ces sentiers.

On y était le week end -pardon, la fin de semaine- et par hasard on est tombés sur un Pow Wow de trois « premières nations » autochtones, les Mi’gmag, les Pestkotomuhkati et les Wolastoqiyk.

Difficile de définir ce qu’est un Pow Wow. Cela peut être vu comme un spectacle folklorique, avec costumes, musique et danses, mais c’est beaucoup plus que cela. C’est d’abord une rencontre de gens fiers de leur culture et qui aiment se retrouver pour la célébrer, avec aussi une dimension spirituelle suffisamment forte pour que même nous la ressentions. Bien sûr il y a des touristes avec appareils photos, mais il nous a semblé que ce n’était pas l’essentiel. Cela reste familial et sérieux en même temps.

Le Pow Wow a commencé par un mot de la députée du coin souhaitant la bienvenue aux participants et aux spectateurs au nom de gouvernement du Canada, avant qu’un autochtone fasse de même dans sa langue. Le speaker a rappelé que nous étions bienvenus sur leur territoire, et a signalé en passant qu’il n’avait jamais fait l’objet de traité entre l’état canadien et la première nation locale.

Puis tout le monde s’est levé, chapeau bas, pour écouter l’hymne national des autochtones, puis un chant en l’honneur des anciens combattants. On n’a pas compris s’il s’agissait des vétérans de l’armée canadienne ou des anciens guerriers améridiens.

Toujours est-il que la surprise est venue des spectateurs : Nous étions peut-être une centaine et au moins la moitié a levé le poing, comme les danseurs, pendant ce chant. Visiblement autour de nous, sans qu’ils soient identifiables par des vêtements ou un faciès particulier, beaucoup d’autochtones « en civil » étaient venus participer discrètement au Pow Wow.

 

La voix rauque des chanteurs, le battement du tambour, les pas des danseurs et danseuses nous renvoyaient aux images de westerns qui ont peuplé notre enfance.

Mais là, ce ne sont pas des acteurs mais des gens fiers de leur histoire et porteur de l’avenir de leurs enfants dans le monde d’aujourd’hui. Par un curieux hasard, Le Monde, dans son édition du 7 août faisait le lendemain un long article sur le renouveau des « indiens » des USA.

Après ce moment fort de notre voyage, qui nous nourrit de plus de questions que de réponses, nous avons mis le cap à l’ouest.

On avait une envie… de ville, après toutes ces étapes en pleine nature. Notre choix est tombé sur Saint-John, une petite cité de soixante dix mille habitants, à l’embouchure de la rivière Saint-Jean. Sans le faire exprès, on a pu continuer à filer la métaphore western, tant la vielle ville sentait l’ouest américain.

Bâtiments construits en fronton, de bois ou de briques, rues en pente comme un mini San Francisco, immeubles massifs style 1900, tout rappelait que nous sommes à cent kms de la frontière US.

On s’est offert un repas dans un restaurant décoré de filets de pêche et de casiers à homards. Mauvaise pioche : « l’assiette du pêcheur » de Chon, avec pétoncles, clams et haddock avait été noyée dans une friture épaisse qui tuait tout intérêt pour les fruits de mer et le sandwich au homard de Daniel avait un goût de chewing gum. Quel gâchis !

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Comme on était dimanche, les magasins étaient fermés. On n’a donc pas pu visiter le Musée de la Police, qui d’après les guides, nous aurait permis d’admirer un constable en uniforme de 1849 et même d’anciennes menottes et une volkswagen de 1965 ! Une vraie déception !

On essayera de se consoler en visitant, sur la route qui nous ramènera au Québec, à Edmunston, le Musée des religieuses hospitalières de Saint-Joseph, célébrant leur arrivée à Saint-Basile-de-Madawaska en 1873.

https://i0.wp.com/umce.ca/hoteldieustbasile/wp-content/themes/Hoteldieu/images/Exp1.jpg

Sûrement à ne pas manquer .

PS : et en préambule à cette visite, la bière du jour sera celle de Soeur Catherine brassée à Grand Sault. N’a-t-elle pas l’air hospitalière ?

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En roue libre

Il s’est passé quelque chose. Depuis qu’on a rejoint le Saint-Laurent et quitté Kamouraska, on a l’impression que notre road trip est terminé et qu’on est maintenant en vacances, plutôt qu’en voyage. Dit comme cela, ça parait un peu bête mais pour cette dernière semaine québécoise, on se sent en roue libre, comme après un long périple.

Comme disent les acadiens, on laisse le bon temps rouler.

On sent qu’on arrive au bout de notre balade, et on a ralenti tranquillement le rythme pour profiter du temps présent. On a devant nous une bonne semaine pour rejoindre la région de Montréal, pas besoin de stresser !

On a donc remonté tranquillement la rive sud du Saint-Laurent, en profitant des petits villages le long du fleuve. La côte sud est différente celle du nord. Les villages sont plus colorés, plus riants.

Depuis Montmagny -excellent kouign-amann au « café breton »- Un traversier (ferry) gratuit permet de rejoindre l’île-aux-grues, une bande de terre de dix km de long au milieu du fleuve. C’est une île de paysans entourée de marais appelés battures. Avec ses deux cents espèces d’oiseaux, c’est le paradis des ornithologues.

Pour nous cela a été surtout une belle balade à vélo le long des hautes herbes des battures.

Tout au bout de l’île un étrange bateau est échoué depuis cinquante ans.

Le poème de Rimbaud est peint sur la coque ! Il sert d’accueil à une auberge juste en face et héberge actuellement une petite expo sur les costumes… de mi-carême. On doit avouer qu’on ne l’a pas visitée.

Retour sur le « continent » et passage par Saint-Jean Port Joli, fameux pour ses sculpteurs sur bois.

Un arrêt obligé aussi à Saint-Michel de Bellechasse et ses belles maisons blanches.

Un peu plus loin, on a fait un détour par  Québec sur l’autre rive, pour visiter le musée des Beaux-Arts et sa formidable collection d’art Inuit.

Les artistes traditionnels utilisaient à merveille des os, des pierres, des bois de caribou, des vertèbres de baleine, des dents de phoque, pour produire de magnifiques sculptures. A ne pas rater si vous passez par là.

Puis retour sur la rive sud. Nous nous sommes arrêtés à Saint-Antoine-de-Tilly,  « Du côté de chez Swann » … pour une bonne crêpe aux pommes et sirop d’érable évidemment, façon de nous réhabituer doucement, après le kouign-amann de Montmagny aux plaisirs de chez nous.

La crêperie, tenue par une charmante douarneniste, est facile à trouver : c’est juste en face du Magasin général.

Les gens du coin sont mobilisés contre un projet de mine de gaz de schiste qui risque de polluer les nappes phréatiques.

Nous avons finalement quitté le fleuve pour retrouver à Granby ou plutôt dans un camping pas loin, à L’Ange gardien (ça ne s’invente pas) des amis québécois rencontrés au Cambodge cet hiver.

Ils y passent tout l’été dans leur caravane « améliorée ». Ce fut un bon moment passé ensemble et l’occasion de découvrir les fromages du coin et les saucisses aux myrtilles. ici on dit des Bleuets. Excellent et on était loin du rat au barbecue dégusté avec eux à Battambang !

Notre dernière étape a été pour une virée à Ottawa / Gatineau et son formidable Musée canadien de l’histoire.

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Depuis la grande galerie des totems et les salles consacrées aux premières nations de l’ouest canadien jusqu’à l’histoire récente du pays, tout est passionnant dans ce musée. (cliquer sur l’image ci-dessous pour une visite virtuelle)

Encore une fois, on peut dire « Vaut le voyage ».

Et sur la route du retour vers Montréal, une déviation improbable ! Malgré la tentation d’aller y faire un tour, nous sommes bien arrivés chez Mireille et Serge, à temps pour profiter d’une dégustation de blé d’Inde ((maïs) dans leur jardin !

suivi d’une séance de cure-dents !

Belle conclusion que cette après-midi tranquille dans leur jardin, pour un voyage formidable dans un pays chaleureux. On repart avec des étoiles dans les yeux  !

Merci les amis ! On vous attend de pied ferme en Bretagne !

 

 

 


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Flânerie…

Après Saint-John, direction Grand-Sault / Grand Falls. Comme son nom l’indique, la ville est réputée pour ses chutes et les gorges de la rivière. Pas de chance, en ce milieu d’été, les cascades ne sont pas spectaculaires.

On n’est pas encore au Québec mais Grand-Sault est francophone. il s’agit d’une communauté acadienne. C’est toujours la surprise au Nouveau-Brunswick : les villages acadiens sont un peu partout. Visiblement les enfants de l’école en sont un peu fiers et leur fresque sur le mur du bureau de tourisme donne une idée du volume d’eau au printemps.

Après un passage par le parc national Temiskouata (sapins, lacs, sentiers de randonnées, feu de bois et barbecue… bref, la routine), nous avons retrouvé le Saint-Laurent et ça nous a fait quelque chose : c’est vraiment retrouver l’âme du Québec, et on adore.

Déjà sept mille kms au compteur ! En arrivant à Kamouraska, on a eu envie de se poser un peu et de profiter de cette jolie petite ville sur le fleuve.

Pour les bibliothécaires, Kamouraska est d’abord le roman d’Anne Hébert, mais pour les Québécois, c’est surtout un des plus beaux villages de la province et ils ont raison.

On a donc longuement flâné le long des quelques rues qui longent le fleuve – en fait Kamouraska, c’est tout petit !-. Toutes les maisons sont superbes et les jardins sont fleuris en ce moment. Les québécois ont un vrai goût des couleurs, parfois surprenantes, pour leurs maisons.

Un village québécois sans dépanneur, ça n’existe pas.

Et c’est sur la place devant l’église que vous trouverez la meilleure boulangerie du pays : on vous conseille fortement le pain  aux figues et celui aux olives. Un vrai régal !

On vous laisse rêver un peu avec encore quelques images de ce petit joyau de la côte sud du Saint-Laurent.

On peut même y croiser des guides touristiques en costume d’époque.

Et pour terminer la promenade, quoi de mieux qu’un petit café dans le jardin ?

Comme ils disent dans les guides, « Vaut le voyage » !

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PS : la bière du jour sera la Moosehead. A défaut d’avoir vu le moindre orignal, malgré les centaines de panneaux routiers nous mettant en garde contre la traversée possible de l’animal, nous buvons à sa santé !

 


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A fond les violons !

La route du « Cabot trail » est encore plus spectaculaire du côté ouest de l’île du Cap Breton. Après avoir traversé les collines du parc  national, elle longe la mer dans un paysage magnifique.

On plaint seulement les nombreux cyclotouristes qui se tapent des pentes à 15%.

Pas de longue distance cette fois-ci. Notre objectif est le village d’Inverness, où se tient  tous les ans un concert de musique écossaise, sur la pelouse de l’église de Broad Cove.  C’était la soixante troisième édition !

https://www.capebretonpost.com/media/photologue/photos/cache/CB-29072018-Fiddlers_medium.JPG

Cela commence à 15h et se termine à la nuit.  Au début, cela tient un peu de la fête à neuneu. Les musiciens et danseurs se suivent avec un ou deux morceaux.

On a eu droit à la chorale de la paroisse, dirigée par le révérend MacDonald avec un beau gilet écossais, puis les petites danseuses de l’école, puis toutes les gloires locales de la musique celtique.

Petit à petit, les musiciens sont montés en gamme et vers la fin de l’après-midi, on a vraiment apprécié la musique. On a l’impression que dans ce coin du monde tout le monde joue du fiddle (violon)!

Le clou du spectacle était un mini concert de Mary Jane Lamond et Wendy MacIsaac. Là ça a été une belle découverte. Mary Jane Lamond a une voix extraordinaire, et une présence en scène assez hypnotique, bien servie par le violon de Wendy MacIsaac.

On ne vous fera pas subir nos enregistrements « live » de ce moment magique, mais on vous offre gracieusement quelques pépites trouvées sur youtube.

Les chansons en Gaélique écossais de Mary Jane Lamond nous ont fait frissonner, même si on n’y comprenait rien. L’âme de l’Ecosse était bien là, dans ce coin de terre américaine ! On y parle Gaélique et Anglais, et on sort les tartans et les kilts pour les grandes occasions. Les écoles de Cap Breton enseignent aussi la langue et il existe un département d’études gaéliques à l’Université d’Antigonish.

Il y a même une distillerie de whisky dans le coin. Ils y préparent un concert de mille violons pour le 31 août. Si vous êtes dans le coin, n’hésitez pas !

https://media-cdn.tripadvisor.com/media/photo-s/02/b8/2b/0c/red-shoe-pub.jpg

Pour continuer sur cette même tonalité, nous sommes allés passer une soirée au Red Shoe Pub, dans le petit village de Mabou. La salle était bondée, et les musiciens ont dû pousser les tables pour s’installer.

Ils étaient quatre fiddles au début, et au fil de la soirée, ils se sont retrouvés à douze plus un banjo, un piano et une guitare. Très beau moment.

Là aussi, n’ayant pas les compétences d’ingénieur du son de notre ami Serge, on préfère vous proposer des extraits de soirées au Red Shoe trouvés sur Youtube. A consommer sans modération !

PS : Pour les bières du jour, on vous laisse deviner ce que le B veut dire !

PPS : Non, il n’y a pas de faute d’orthographe sur le nom de la bière : BRETT, avec deux T, est une levure particulière !


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Sur la route de Cap Breton

Comme on aime bien les bouts du monde, après la Gaspésie, la grande île de Cap Breton nous semblait la destination idéale. Et puis, bien sûr, ,le nom nous faisait rêver.

Quittant Percé et la gentillesse de Morgane, on a donc longé la côte sud de la Gaspésie, le long de la Baie des Chaleurs. Cartier l’avait baptisée ainsi pour la température de l’eau, mais on n’a pas vérifié.

Notre première étape a été pour Bonaventure, village qui héberge le Musée des Acadiens au Québec. Au delà de l’expo permanente qui rappelle l’expulsion des français de leurs terres devenues Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Ecosse, une expo temporaire valait son pesant de cacahuètes : un parallèle entre la religion catholique et la religion… du hockey au Québec. C’est vrai que la comparaison tient la route : des lieux de culte, des grands messes, des officiants, une foi partagée, des héros en odeur de sainteté, bref tout ce qu’il faut pour fonder une Eglise. Quant au titre de l’expo, il fallait oser :

Au fond de la baie, un grand pont métallique sur la rivière ; Côté québécois, on est sur le site de la réserve Micmac de Lestuguj, de l’autre on est au Nouveau Brunswick.

C’est ici qu’en 1981 les incidents violents de la « guerre du saumon » ont eu lieu entre les autochtones et cinq cents policiers québécois.

Les 11 et 20 juin 1981, la Sûreté du Québec a mené des rafles dans la réserve. En cause : les droits ancestraux de pêche au saumon des Micmacs.

Les restrictions que le gouvernement québécois tentait d’imposer sur cette pêche, source d’alimentation et de revenus pour les Micmacs, ont soulevé colère et consternation, et finalement les gouvernements québécois et canadien ont dû faire machine arrière devant la mobilisation des média et des organisations de droits de l’homme. Un film a été tourné sur cet évènement, à voir  en entier ici.

A lire également Taqawan, un excellent roman d’Eric Plamondon, qui évoque ces événements et démarre sur le fameux pont.

Les « indiens » avaient déjà perdu leurs territoires au bénéfice des chantiers forestiers, de l’exploitation minière, des grands barrages, sans oublier les confiscations de certaines rivières au profit de clubs privés de pêche. Si l’on rajoute la sédentarisation et l’évangélisation forcées, rien ne leur a été épargné ! Et voilà qu’on les traitait de braconniers sur leur propre rivière !

Il faut quand même rajouter qu’aujourd’hui les choses semblent avoir réellement évolué.

Une fois passé le pont, surprise, nous sommes en Acadie !

Drapeaux tricolores au vent, marqués d’une étoile jaune, poteaux électriques peints en bleu-blanc-rouge, étoiles peintes sur les maisons, municipalités francophones, la rive sud de la baie des Chaleurs est acadienne à 100%.

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En fait le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue du Canada, avec au total 35 % de francophones. Au delà de la « péninsule acadienne », face à la Gaspésie, on trouve des villages acadiens disséminés sur la côte jusqu’en Nouvelle-Ecosse plus au sud. Ca fait bizarre de trouver tous ces drapeaux tricolores en terre américaine.

https://i0.wp.com/www.cerfniagara.com/cerf-ferc/wp-content/uploads/2017/08/Acadie.jpg

Il s’agit de communautés qui avaient été chassées manu militari par les soldats anglais à partir de 1755 et qui sont de retour de leur exil québécois, français, terre-neuvas ou louisianais et revendiquent haut et fort leur identité.

Mais pour nous le Nouveau-Brunswick est pour le moment une longue route monotone entre des forêts de sapin, direction la Nouvelle-Ecosse.

Quelques panneaux indicateurs sont assez mystérieux *.

On se réserve le Nouveau-Brunswick pour le retour. On s’est juste offert une nuit en bord de mer au Cap Pelé – village acadien- pour un coucher de soleil magnifique.

La Nouvelle-Ecosse a aussi été une surprise, car elle mérite bien son nom. ici, les gens s’appellent MacDonald, MacGuiness, MacLella, MacEarchenn, MacNeil, Mac Isaac et autres Mac. Les villes et villages s’appellent New Glasgow, Inverness, Strathlorne, Glendale, et les panneaux sont en bilingue. Tout cela fleure bon les Highlands. Même l’accent est d’origine !

Notre objectif était donc l’île de Cap Breton, tout à l’est de la Nouvelle-Ecosse. Une bien longue route depuis Percé. Mille kms et trois jours plus tard, nous passons le pont qui relie l’île au reste de la province et nous atterrissons au joli village de Baddeck et son port sur le grand lac central de « Bras d’or » (c’est son nom).

 

Il nous faudra encore trois heures de route entre mer, lacs et forêt sur la magnifique « Cabot trail », côté est de l’île, pour monter tout au nord sur la côte sauvage de Meat Cove.

Et là, nous avons trouvé, grâce à ioverlander, un endroit incroyable !

A cent cinquante mètres au dessus de la falaise, face à la mer, sur un cap, loin de tout, une plate forme en ciment de cent mètres carrés a été construite pour un ancien phare -disparu-. Ou était-ce pour une batterie de mitrailleuses de la seconde guerre mondiale, pour surveiller les sous-marins allemands qui s’aventuraient sur les côtes ?

Toujours est-il que cet endroit extraordinaire valait bien les mille kms pour y accéder. C’était tellement exceptionnel qu’on y est resté trois jours complets, sans téléphone, sans internet. Juste nous et la mer, avec couchers de soleil à main gauche, et levers à main droite. On se serait cru sur une île déserte.

Le bois mort ne manquait pas et on a pu jouer les Robinsons pendant les trois jours.

Et on n’était pas au bout de nos surprises… Tout d’un coup, depuis la piste en surplomb de la plate-forme, on a été interpellés non pas par Vendredi mais par un jeune couple brandissant un grand Gwenn-ha-Du ! Sur l’antenne du van, Daniel avait accroché un petit drapeau breton, et Julien et Emilie l’avaient repéré de loin ! On ne pouvait que les inviter sur notre petit coin de paradis et c’est ainsi que nous avons passé avec eux une superbe soirée.

Bretons du Morbihan (nul n’est parfait), ils vivent tous les deux à Montréal depuis trois ans. Emilie travaille dans une troupe de théâtre et Julien est graphiste.

Après des vacances aux îles de la Madeleine, eux aussi étaient venus jusque là à cause du nom de l’île. On a quand même dû leur révéler la vérité. On avait découvert que ce nom avait été donné par des… Basques, en l’honneur de la ville de Capbreton dans les Landes ! Il a fallu quelques bières pour oublier cette déception majeure pour nous quatre.

Et tout s’est terminé avec un coucher de soleil spécial Bzh.

PS : * Même les sigles sont bilingues au Nouveau-Brunswick : IPE/ÎPé veut dire Prince Edward Island / île du Prince Edouard

PPS : Pour la bière du jour, on n’a pas hésité : Une pression de la brasserie locale de Sydney, la « capitale » de Cap Breton.

 

 

 


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Vers l’Anse-à-Beaufils

Le 24 juillet 1534, Jacques Cartier abordait à Gaspé, rencontrait les « indiens » du coin, Iroquois et Micmacs et prenait possession au nom du roi de France de ce qui allait devenir la Nouvelle-France puis le Québec.

Le 19 juillet 2019, autre événement fondamental : nous entrions dans Gaspé par la route côtière et notre premier arrêt a été aussi pour les « indiens », à savoir le centre d’interprétation de la culture Micmac. Pas de velléité de possession mais la curiosité devant les Premières Nations du Canada. On avait fait de même à Québec chez les Wendats/Hurons (des agriculteurs vivant dans des « longues maisons » de bois à l’époque), sur la côte nord du Saint-Laurent chez les Innus/Montagnais (nomades vivant entre les forêts l’hiver et le bord du fleuve l’été).

Un village Micmac a été reconstitué, avec ses wigwams, que l’on appelle nous des tipis. Pas de peaux pour les parois des tentes, mais des plaques d’écorce de bouleaux. Comme les Innus de la côte nord, les Micmacs étaient d’abord des chasseurs qui passaient l’hiver dans leur arrière-pays avant de redescendre pêcher morues et phoques l’été.

Mais tout ceci est terminé. Aujourd’hui, il reste deux réserves Micmacs dans le sud de la Gaspésie, mais les six cents autochtones de Gaspé n’ont plus de territoire à eux et vivent au milieu des « blancs ». Le folklore des indiens à plumes est également terminé, sauf pour les grandes fêtes annuelles, les pow wow.

La photo du « Conseil de bande » le prouve. La cheffe de la communauté, au premier rang avec son écharpe blanche, s’appelle Manon Jeanotte ! Ce qui est triste c’est que ceux de Gaspé ont aujourd’hui perdu leur langue, tout comme les Wendats de Québec et les Innus de la communauté des Escoumins (ce qui n’est pas le cas pous les autres Inus de la côte nord ni pour les Micmacs des réserves du sud de la Gaspésie).

Nous sommes allésb aussi au musée de Gaspésie. On y a découvert l’économie de la région, avant l’arrivée du tourisme, basée sur la pêche, à la morue en particulier. On parle toujours des Terre-neuvas de Saint-Malo, mais sur la côte aussi, on pêchait la morue, à profusion dans dans les eaux froides du coin. Des Basques, des Bretons, des Normands, des Jersiais s’y sont installés et ont fait souche.

Aujourd’hui c’est surtout les crabes et les homards qui occupent les pêcheurs. Les homards ont peut-être un goût un peu moins fins que ceux de Bretagne (dixit Chon) mais ils sont imbattables question prix : 10 € le kilo de homard cuit ! Pourquoi se priver ?

Et avec un peu de rouille et un vin blanc australien, c’est pas désagréable !

Après Gaspé, nous avons roulé sur la superbe route côtière vers Percé, célèbre pour sa roche… percée.

C’est une petite station balnéaire, entièrement dévolue aux touristes. Toutes les maisons de la rue principale sont occupées par des motels ou des restaurants. Cela manque quand même un peu de charme, même si la fameuse roche est magnifique.

Mais notre objectif était le petit port de l’Anse-à-Beaufils, quelques kms plus loin. Nous y avions rendez-vous avec une amie de notre fille, brasseuse à la micro-brasserie de bière Pit Caribou.

On a eu droit à une visite très privée de l’atelier de la brasserie, une des meilleure du Québec. Un univers étrange de gigantesques cuves en alu, reliée par des tuyaux. On n’a pas tout compris des explications de Morgane mais on a quand même dégusté le résultat !

Le soir, concert folk du groupe De Temps Antan de l’autre côté du quai, à la Vieille Usine, devenue un restaurant et salle de concert. Ces trois musiciens ont une énergie folle et l’ambiance était aussi dans la salle.

Le lendemain, on a découvert Mme Chantal Soucy et son exposition d’art « populaire » « la promeneuse d’oiseaux » dans une grange de Percé. Elle a réuni les oeuvres de 24 artistes québécois d' »art naïf ». Cette femme est épatante et elle en parle avec passion. Sans Morgane, on l’aurait sûrement ratée !

La soirée s’est passé dans un champ, à l’arrière de la micro brasserie « Auval« , à Val d’espoir, qui organisait une pizza-bières party bien sympathique.

Encore l’occasion de découvrir d’autres breuvages artisanaux dans une ambiance familiale.

Hier soir, nous avons dormi dans le fourgon sur la pelouse devant la petite maison bleue de Morgane. En fait je crois que nous avons trouvé à l’Anse-à-Beaufils notre cabane au Canada. On s’y sent tellement bien que je ne sais pas si on va rentrer !

PS : Les bières du jour sont bien sûr celles de Pit Caribou !

 


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Gaspésie, de parc en parc

La Gaspésie, destination touristique par excellence des Québécois, est la grande péninsule coincée entre le Saint-Laurent, l’état US du Maine et les provinces « maritimes » du sud du Canada, New-Brunswick, Nouvelle-Ecosse et ïles du Prince Edouard.

Notre première étape a été pour le superbe parc botanique de Grand-Métis.

Il nous a semblé encore plus beau que celui de Chaumont-sur-Loire.

Mais la Gaspésie c’est surtout le début de la chaîne des Appalaches, montagnes qui courent tout le long de la côte est de l’Amérique du nord sur 2400 kms, jusqu’en Alabama.

Au Québec, ces sommets- le pic Jacques-Cartier dans les monts Chic Choc culmine à 1200 m- créent des paysages magnifiques de forêts qui tombent dans la mer.

Nous avons donc mis le cap pour le parc national de Gaspésie, au coeur du massif.

Une arrivée le soir et un bivouac au bord d’une rivière laissaient augurer une belle journée de randonnées.

C’était sans compter sur le légendaire brouillard gaspésien qui nous a surpris en haut du mont Ernest-Laforce. Aucune chance de voir les orignaux qui habitent sur ses pentes.

Depuis le sommet, la vue était imprenable !

D’autant qu’on s’est pris une averse diluvienne lors de la descente !

On se serait cru dans Down by law, le film de Jim Jarmush lorsque le héros amène sa copine voir le lac de Cleveland, noyé dans la brume.

Mais après l’effort, le réconfort, ou plutôt après la saucée, les saucisses ! C’est cela le luxe du camping-car : prendre sa revanche sur la pluie, au sec et devant un repas chaud.

Dès l’après-midi, on a rejoint le Saint-Laurent, en route pour le parc national Forillon, juste au nord de Gaspé.

Les villages et leurs jolies maisons peintes de couleurs vives sont installés dans les anses du fleuve, et abritent de petits ports de pêcheurs. Ici on est au pays de la morue et on a mangé notre première Gadus morhua  gaspésienne à Sainte-Madeleine-de-la-rivière-Madeleine (si, si…) , au restaurant la Capitainerie des deux soeurs. De toutes façons, c’était le seul plat au menu, sans doute pêché par un des bateaux amarrés au quai.

Un resto sans chichis, dans un port tranquille, entre deux averses, avec juste deux matelots qui s’escriment sur le moteur de leur chaloupe. Rien à voir, sinon la vie qui va ! Et nous, ça nous va bien !

La route côtière spectaculaire serpente entre mer et montagne, et le ciel chargé d’orage participait au spectacle.

Pour la nuit, l’appli I-overlander, formidable outil pour les campeurs « sauvages », nous a suggéré un petit lac loin de tout. On était seuls au monde.

On se serait cru au lac Pavin en Auvergne.

Après deux jours de temps breton, c’est sous le soleil que nous avons abordé le parc national Forillon. Ses falaises tombent directement dans la mer. La balade jusqu’au cap Gaspé et son phare est très spectaculaire.

C’est en fait le début du Sentier international des Appalaches qui rejoint la Géorgie en suivant la chaîne, sur 6091 kms. On peut même pousser plus loin jusqu’en Floride. L e chemin de Compostelle est battu à plate couture.

Quant à nous, on a commencé à se le faire : on a déjà huit kms derrière nous !

PS : la bière du jour est la Hurlu Berlue, brassée à Rivière-du-loup par  la microbrasserie Aux Fous Brassant ! Santé !


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Internet et portable au Québec

Une petite fiche pratique qui peut servir aux visiteurs de ce beau pays.

On a l’habitude quand on voyage à l’étranger d’acheter une puce locale avec téléphone et data pour profiter de l’internet et du téléphone sans problème. On a ainsi acheté des puces en Bulgarie, Roumanie, Pologne, Turquie, Géorgie, Iran, Maroc, etc… et toujours pour des prix de plus ou moins 10 €, et on trouvait du réseau partout.

Depuis que l’UE a régulé les tarifs intra européens, c’est plus simple : pour ces 28 pays (bientôt 27), plus de surcoûts pour le téléphone portable et plus besoin de puce locale (sauf si on est gros utilisateur de données).

 

Avant de partir pour deux mois au Québec on a gratté un peu sur internet pour savoir comment faire. Trois réseaux « nationaux » annoncent couvrir tout le Canada : Bell, Telus et Rogers. Tous coûtent environ 75 dollars canadiens par mois avec téléphone et données, soit 60 € ! et avec des engagements sur un an ou 24 mois !

Free propose en France un forfait à 20 € par mois sans engagement, avec 25 gigas de données, et communications gratuites entre France et Canada et vice-versa et intra-Canada. Parfait !

Sauf que le partenaire de Free au Canada est Rogers et que sa couverture est franchement MERDIQUE, ou plutôt inexistante là où on veut aller. Ok pour le « Québec utile » de Montréal et Québec, mais aucune réception sur la côte nord ni la Gaspésie.

Une ville touristique comme Gaspé, 15 000 habitants, n’a aucun relais Rogers !

Comme en plus nous sommes plutôt adeptes du camping sauvage (« boondocking » en Québécois) on est souvent en manque !

Bref, Daniel ronge son frein depuis 15 jours en cherchant du wifi pour pouvoir se connecter. Heureusement les offices du tourisme, les musées, les restaurants, certains campings, les supermarchés Walmart, MacDonald’s et Canadian Tire  (l’équivalent de Bricorama chez nous) offrent des accès gratuits mais pas toujours assez puissants et il y a plus cool que les parkings de supermarchés pour consulter internet ou bloguer.

Et comme tout le monde n’utilise pas forcément Whatsapp ou Messenger, on se retrouve souvent sans téléphone. Comment on fait pour prendre rendez-vous chez le coiffeur ? Grrrr !

Ceci explique que nous bloguons moins que d’habitude… Et que Daniel a une coupe de cheveux (made in Chon) à pas piquer des hannetons !

Et nous qui pensions que l’Amérique du nord serait le paradis de l’internet !


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D’une rive à l’autre

Après notre expédition jusqu’au bout de la route 138 aux confins du Labrador, il était temps de passer sur l’autre rive du Saint-Laurent et de prendre le chemin de la Gaspésie. Une longue journée de route nous a amené au camping Le Tipi aux Escoumins. Ce camping, comme son nom l’indique se trouve sur la réserve de la communauté Innu d’Essipit.

Pas de tipis à l’horizon mais un petit aperçu de la vitalité de cette « bande » qui sait allier tradition et initiative.  C’est notre troisième approche du peuple Innu, qui méritera un article un de ces jours.

Un premier « traversier » pour passer le fjord du Saguenay, puis un autre pour franchir le Saint-Laurent et nous voilà sur la rive sud du fleuve.

Nous avons atterri à Rivière-du-loup, qui fut le quartier général des pêcheurs baleiniers Basques et reste fière de cet héritage. En face de l' »île des Basques », on y trouve une banque « des Basques », un garage « Basque », un restaurant « le Biarritz », une fromagerie « Basque » et le « Parc de l’aventure Basque en Amérique ». Malheureusement il était fermé mais on a quand même pu voir le seul et unique fronton de pelote d’Amérique du nord.

Pas de Basques donc  à l’horizon mais le magnifique parc national du Bic pour nous reposer de trois jours de parcours de liaison. C’est un petit territoire de collines, dessiné par le fleuve en de magnifiques anses entre les ilots. Idéal pour deux jours de farniente et de randonnées..

Des indiens en canoë ? ou des touristes en kayak  au coucher du soleil ?

Passer du temps à regarder pousser les jeunes sapins en écoutant les chants d’oiseaux et en mélangeant la salade, il n’y a rien de tel !

Le camping du parc nous rappelle ceux du Yellowstone avec Gaëlle, il y a déjà quelques années.

Ma Dalton ou Calamity Jane ?

PS : la bière du jour est la Collin.

Elle rend hommage à un pêcheur et conteur gaspésien, Léon Collin. Son slogan : « Une poésie orale faisant découvrir le caractère unique de la haute-Gaspésie. »