Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)


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Route 138

Tout le monde connait la mythique route 66 aux états-Unis. Nous, on a choisi de « faire » la route 138. Elle part de Québec et longe la rive gauche du Saint-Laurent jusqu’à l’Atlantique.

Le fleuve, qui fait déjà un km de large à Québec, s’élargit petit à petit jusqu’à devenir un golfe majestueux dont on ne voit plus l’autre rive.

Question orientation, ce n’est pas compliqué. Si vous sortez de Quebec par l’est, vous prenez la 138 et c’est tout droit sur 1080 kms ! De toutes façons, il n’y a pas d’autres routes !

A main droite, vous apercevez le Saint-Laurent de temps en temps entre les sapins, et à main gauche, c’est la forêt. C’est simple.

Les villages se succèdent et se ressemblent. De jolies maisons de bois peint, posées sur des pelouses impeccables, à bonne distance les unes des autres -on a de la place au Canada-. Difficile d’identifier un centre-ville. On n’est pas en France où les habitations se pelotonnent autour de l’église, du bistrot PMU, de la boulangerie et de la pharmacie. Ici, les maisons sont dispersées le long de la route, avec comme seuls repères l’église blanche en bois et le « Dépanneur ».

Celui-ci est une véritable institution, héritage du « Magasin général » de l’époque des pionniers. On y trouve une épicerie, du pain, un téléphone public, les tickets de loto, un coin de vente d’alcools, des médicaments, des sacs de glaçons, des permis de chasse et de pêche, des vers, mais aussi souvent un distributeur de billets, un café, des pâtisseries maison et quelques plats chauds, une pompe à essence, bref, tout ce qu’il faut pour se… dépanner.

C’est surtout le cœur vibrant de la communauté. Un village sans dépanneur, c’est un village qui meurt !

Les villages sont souvent installées à l’embouchure des rivières qui se jettent dans le fleuve. Ces rivières sont toutes magnifiques et on ne se lasse pas de les admirer. Souvent tumultueuses, elles sont le terrain de jeu des saumons. Elles étaient aussi des voies de communication essentielles pour les autochtones qui les remontaient pour rejoindre l’hiver leurs terrains de chasse en forêt, avec leurs fameux canoës en écorce de bouleau.

La conquête de la Nouvelle-France est inscrite dans les noms géographiques le long de la côte.. Bien sûr, des noms « indiens » ont été conservés , souvent déformés, pour nommer des rivières ou des villages. Mais comme l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, descendre la 138, c’est remonter le cours de l’histoire.

La première nuit après notre départ du Paradis marin, nous avons ainsi dormi un peu après les Ilets-caribou et Grand-ruisseau sur le petit port de Rivière-Pentecôte, au bout de la rue des Pionniers, juste après la Pointe à Toune, la Pointe à Fred, l’Anse des billots, au fond de la Baie des homards. Plus loin, on voyait l’Anse du coffre-fort, le Havre à Picard, la Baie des îles de mai. On imagine bien les marins bretons ou basques arrivant pour la première fois sur le Saint-Laurent, et nommant ainsi tous les caps, baies, anses, pointes qu’ils découvraient devant l’étrave de leurs bateaux.

Il ne faut pas s’étonner que le Québec soit une terre de conteurs !

Bizarrement, on n’a pas vu de Baie des maringouins, les moustiques locaux, ou de Cap des mouches noires. Pourtant, ces insectes sont une vraie engeance, une calamité. Impossible de profiter des soirées douces de l’été québécois sans se tartiner et souvent c’est enfermés dans le fourgon, après une chasse aux intrus qu’on a profité du paysage à travers les vitres. On en veut particulièrement aux minuscules mouches noires qui vous arrachent insidieusement des lambeaux de peau. Nous sommes pour la biodiversité, mais jusqu’à un certain point.

A force de rouler vers le nord-est, le paysage change imperceptiblement.. Toujours autant de rivières à traverser, mais les sapins qui encadrent la 138 deviennent de moins en moins vigoureux. On passe tout doucement vers une végétation boréale.

De jolis villages, de plus en plus espacés, ponctuent notre « montée » vers la fin de la route. Des pancartes signalent que tel hameau a fêté l’an dernier les cent ans de son existence ! On comprend que les nord-américains soient subjugués par nos vieilles pierres quand ils traversent l’Atlantique.

Une étape à Longue-Pointe-de-Mingan nous a donné l’occasion d’une balade vers les îles Mingan et ses phoques, rorquals, macareux, pingouins. On vous réserve pour bientôt (les québécois diraient « pour tantôt ») un billet spécial sur le sujet !

Notre objectif était Natashquan, tout au bout du goudron, à mille cinquante kms de Québec. Le village d’Aguanish, trente kms avant cela, nous a réservé une jolie surprise.

En entrant dans la boutique du fumoir de saumon local, on découvre un drapeau un peu particulier : celui de l’Acadie, tricolore, avec une étoile jaune. La petite communauté d’Aguanish est en fait formée des descendants de réfugiés acadiens, qui ont quitté les îles de la Madeleine – au centre du golfe du Saint-Laurent- lorsque le gouverneur anglais des îles leur a rendus la vie impossible. L’histoire tragique de l’Acadie.

Le drapeau acadien flotte aussi fièrement dans le village. Ces français, originaires de ce qui est aujourd’hui le Nouveau-Brunswick et l’ïle-du-Prince-Edward, deux provinces « anglaises » au sud du Québec, ont été éparpillés dans toute la région lorsque les Anglais les ont expulsés de leur terre. On en reparlera sûrement quand on passera pas là dans quelques semaines.

Et puis, voici enfin Natashquan, trois cents âmes, son dépanneur, son église, son bistrot, son restaurant -excellentes lasagnes aux pétoncles- et ses « galets ». C’est ainsi que l’on appelle ici ces cabanes de pêcheurs sur la baie .

C’est l’image emblématique du village et c’est vrai qu’elle sont belles sous le soleil. On a du mal à les imaginer l’hiver lorsque la baie est prise dans les glaces et que l’on circule dans les rues en moto neige !

 

Le village est célèbre dans tout le Québec pour être le lieu de naissance de Gilles Vigneault.

L’auteur de « mon pays c’est l’hiver » a aujourd’hui quatre vingt onze ans et a encore donné des concerts l’an dernier à Montréal. Les Vigneault font partie des familles acadiennes venues se réfugier sur la côte nord au XIXème siècle.

La petite maison de ses parents est en cours de rénovation pour accueillir bientôt les visiteurs pour une présentation de l’oeuvre de l’enfant du pays.

On trouve ici une vraie ambiance de « fin de la terre », et c’est ce qu’on recherchait. Natashquan, fin de la route 138 ? après avoir crié victoire, on s’est rendus compte que ce n’était pas tout à fait vrai. Si le goudron s’arrête au bout du village, la 138 continue ! Une piste de quarante cinq kms file dans le paysage de toundra jusqu’au dernier hameau accessible en voiture, Kégashka. Plus loin, encore quelques villages québécois ou Innus, isolés, sans route, accessibles seulement par bateau ou avion.

On a bien entendu poussé jusque Kégashka, ne serait-ce que pour la photo !

Nous sommes toujours au Québec, mais surprise, le hameau est anglophone. A l’épicerie, on nous explique que ce sont des migrants du Labrador, plus au nord, qui ont fondé la communauté. C’est aussi le premier vrai port de pêche que l’on rencontre sur notre route. Un petit côté breton pour ce village du bout du monde ! Ici c’est la pêche au crabe qui fait vivre les gens.

Nous méritions bien, après ces mille kms, un pique nique sur la plage, avec des toasts de saumon fumé d’Aguanish sur un lit de beurre de chicoutai, accompagné par un Alsace made in Riquewihr, miraculeusement arrivé jusqu’au dépanneur local.

Au café-épicerie-restaurant, on se fait servir un café -en anglais- quand une dame entre avec ses deux garçons. Visage rond, teint cuivré, tout sourire, francophone, c’est une Innu qui habite encore plus loin sur la côte. La nation autochtone Innue est présente dans neuf villages de la côte nord. Pour rejoindre Kegashka, la seule solution pour elle l’été est de prendre le bateau qui fait le cabotage le long de la côte jusqu’au dernier village québécois – Blancs sablons – avant le Labrador. L’hiver elle vient à Kegashka en moto-neige.

Aujourd’hui, après une robuste poutine, elle part pour Québec avec son pick up, garé en permanence sur le port. A son tour de prendre la 138, mais dans l’autre sens ! Bonne route !

PS : et comme il faut bien faire demi-tour, la bière du jour sera la Vire capot.

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De l’eau, du vert et des baleines

Après Québec, direction la côte nord, le long de la rive gauche du Saint-Laurent.
Au sortir de la ville, les chutes Montmorency sont incontournables.

Elles sont plus hautes que le Niagara, même si elles sont moins larges.

On les a abordées par le haut et pour aller au pied des chutes, un escalier de 450 marches permet de prendre une douche gratuite. Par contre, il faut ensuite les remonter ! N’est-ce pas Chon ?

Une nuit à sur l’ïle d’Orléans, juste en face des chutes, a été l’occasion d’avoir une pensée pour Félix Leclerc, qui a chanté le tour de l’île, et dont la tombe fait face à la mer. On y  a essayé le vin (bof) et le cidre locaux (re-bof). Par contre les fraises sont excellentes.

Et les roches sur le bord du fleuve à Saint-Jean de l’Ile d’Orléans y sont étranges.

L’étape suivante a été pour le parc national des hautes gorges de la rivière Malbaie.

Après un orage diluvien et une bonne nuit sous la pluie à Malbaie, on s’est lancés à l’assaut du parc, avec une belle randonnée de douze kms dans la forêt. Forts de notre expérience de Saint-Elie de Caxton, on s’était badigeonnés d’un cocktail détonnant d’anti-maringouins. Ca les a -à peu près- tenus à distance.

Très belle balade dans le vert tendre du début d’été québécois. Cela nous a réconciliés avec la forêt.
Après que Daniel ait suivi le match France-USA dans un café, route vers Tadoussac, la capitale des observations de baleines.

En effet, autour de Tadoussac, à l’embouchure du fjord Saguenay, elles trouvent leur nourriture dans les profondeurs du fleuve Saint-Laurent, qui a des fosses de plus de cinquante mètres à cet endroit. Pas de chance pour nous, nous sommes tombés sur le weekend du festival de la Chanson de Tadoussac, et le village était envahi de milliers de visiteurs. Les deux campings étaient complets. On a donc continué vers le Paradis marin et on ne l’a pas regretté.

Le Paradis marin est un camping très nature aux Grandes Bergeronnes. On nous l’avait chaudement recommandé et on n’a pas été déçus. Face au fleuve, et face aux baleines (en principe), il correspond tout à fait à notre philosophie du voyage. De la nature, du bon air et la tranquillité absolue. Le camping résonne seulement du rire des campeurs et des observateurs de baleines. Les Québécois sont un peuple charmant et joyeux. Ils engagent spontanément la conversation entre eux et avec nous. C’est vraiment très agréable. Avec eux, on a plus l’impression d’être en vacances plutôt qu’en voyage.

Bon OK, depuis deux jours, on a beau observer les eaux du fleuve, pas une énorme baleine à l’horizon mais des dizaines de magnifiques bélougas blancs et quelques petits rorquals. On a surtout sympathisé et bavardé avec les observateurs.


A notre tableau de chasse de photographe, tout de même trois belougas (si, si, ce sont eux sur la photo !) et quelques marsouins. Ce n’est pas faute de surveiller ce qui ressemble plus à une mer qu’à une rivière. On voit à peine la côte de la Gaspésie en face !

Par chance, le soleil est de retour. L’occasion de faire sécher les chaussettes. Qui a dit que des vélos étaient inutiles en voyage ?

La bière du jour, : la Canardière, dont le goût et l’arôme sont censés évoquer les fruits tropicaux, les agrumes et la résine. Santé !


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Bons becs* de Québec

Rejoindre Québec depuis la Mauricie par le chemin des écoliers, c’est plutôt faire la litanie des saints. On est passé par Saint-Georges, Sainte-Tite, Saint-Séverin, Saint-Stanislas, Saint-Prosper, Saint-Casimir, Saint-Marc-des-carrières, Saint-Alban, Sainte-Christine-d’Auvergne, Saint-Basile, avant de rejoindre le Saint-Laurent à Donnacona et de prendre l’autoroute.

On avait réservé à Québec une place au camping, et là, notre première impression a été plutôt mitigée : nous étions environnés de campings cars et caravanes monstrueux. De vrais mastodontes de plus de douze mètres. On est bien en Amérique !

On s’y sentait pas trop à l’aise, aussi on est allés dormir dans une rue calme de Québec, devant chez des amis de Mireille. Surprise, non seulement ils connaissent Limoges, mais ils sont venus plusieurs fois au Festival des Francophonies à l’époque de Monique Blin en tant qu’artistes. Gilles est metteur en scène et Linda est comédienne.

Nous sommes arrivés dans la capitale de la « Belle Province » la veille de la Saint-Jean-Baptiste, jour de la fête nationale du Québec. Les festivités commençaient par un méga concert sur les Plaines d’Abraham.

C’est sur cet immense terrain aujourd’hui transformé en grand parc au dessus du fleuve qu’a eu lieu en 1760 la dernière bataille, perdue par les Français, qui a précipité la perte de la Nouvelle-France et son annexion par les Anglais.

Quel beau symbole que ce concert dans ce lieu historique pour marquer la résilience des Québécois et leur attachement à leur langue et leur culture au milieu de ce continent anglophone. Tous les artistes s’exprimaient exclusivement en français !

Deux référendums en 1980  et 1995 ont failli arracher l’indépendance du Québec. Un troisième, un jour, sera-t-il le bon ?

En tous cas, à voir la ferveur du public ce soir-là -80 000 personnes- on peut y croire. Visiblement, les québécois ne sont pas des américains francophones, mais bien des « Français d’Amérique » et ce n’est pas De Gaulle qui nous contredira.

Son « Vive le Québec libre » de 1967 résonne encore dans la tête de tous les québécois et sa statue se dresse fièrement, nez au vent, face aux Plaines d’Abraham. Pour l’anecdote, à entendre notre accent, on a été a interpellé gentiment à la terrasse d’un café par un « alors, comme çà, vous venez de la maison-mère ? ».

La vieille ville de Québec est la seule ville d’Amérique du Nord encore ceinte de remparts. On s’y promène comme dans une page d’histoire. Les maisons de pierre grise  racontent encore et toujours l’épopée des Cartier, Champlain, MaisonNeuve et la création de la Nouvelle-France. Les drapeaux québécois étaient partout en cette Saint-Jean-Baptiste mais pas beaucoup de drapeaux canadiens !

Le bâtiment emblématique de la ville est bien sûr le château Frontenac, énorme et magnifique palace qui domine la cité et le fleuve. Nous y aurions bien dormi, mais il était complet en ce week-end de fête nationale !

Sans doute aussi photographié que le Tour Eiffel, c’est depuis le ferry, pardon le « traversier », qui relie les deux rives du Saint-Laurent qu’on le voit le mieux.

Abordant ainsi au pied de la colline de Québec on peut se sentir un peu dans les bottes de Jacques Cartier et de ses marins de Saint-Malo.

Il ne nous restait plus, sous la pluie, qu’à partir à la découverte de la ville et de ses spécialités locales, la poutine bien sûr, mais aussi le « roteux all-dressed », un improbable « chien-chaud » avec choucroute, moutarde, relish et oignons. Bon rot à tous !

Le tout bien sûr, avec une bonne bière, comme la Pitoune, la boisson des bûcherons de Mauricie.

*Un « bec » est une « bise » en québécois.


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Des lutins et des maringouins

Il y a vingt ans, le feu Festival du Conte de Dinan faisait découvrir un petit jeune blondinet à lunettes venu du Québec, Fred Pellerin. Depuis, il est devenu une star des deux côtés de l’Atlantique en racontant ses « Parlures de Saint Elie de Caxton ».

Saint-Elie de Caxton, ça existe vraiment  et c’est d’ailleurs le slogan décliné sur les T shirts en vente dans le village.

En prenant le chemin des écoliers pour rejoindre Québec nous l’avons découvert un peu par hasard du côté du parc national de la Mauricie, niché dans les bois de feuillus et de sapins.

Ici Fred Pellerin est prophète en son pays et l’office du tourisme local propose une visite guidée du village illustrée par des extraits de spectacle du facétieux conteur.

En se promenant ainsi à vélo le long des quelques rues du village, On découvre les évocations de Toussaint Brodeur et son magasin général qui vendait de la bière sous le manteau au curé, du géant Ésimésac Gélinas, de la Stroop, l’étrangère à la gâchette facile, de Belle Lurette la fille du forgeron, et bien sûr de sa grand mère « pré-historique », celle qui connaissait les histoires avant qu’elles existent !

(Pardon Réjean S., on n’a pas résisté.)

Il n’est donc pas rare de rencontrer deux touristes  appuyés à leur vélo, l’oreille collée à leur audio guide, et hilares devant telle ou telle maison !

Il ne faut pas non plus oublier de mentionner qu’à l’entrée de Saint-Elie un passage « piétons »  été aménagé pour permettre la traversée de lutins !

Le quartier général de Fred  est le garage culturel où un petit musée lui est consacré.

Mais aller à Saint-Elie, ça se mérite. Nous sommes arrivés en soirée au camping parmi les arbres. Il pleuvait et lorsque Chon est sortie pour diriger les manoeuvres pour garer « la » van (bizarrement le mot est féminin en québécois), elle s’est lancée dans un chorégraphie évoquant la girouette, l’éolienne ou la déesse Shiva ! des milliers de maringouins -les moustiques locaux- en voulaient à sa tendre peau ! Difficile pour le chauffeur de savoir s’il devait aller plutôt vers la droite ou vers la gauche !

On nous avait prévenus, mais il faut dire que les « bibites » sont à la hauteur de leur réputation. Nous avons passé notre première soirée sylvestre calfeutrés dans le camping car, à nous battre contre ceux qui avaient réussi à entrer ! Maudits maringouins. Aller pisser sous les arbres c’est ramener quelques souvenirs mal placés (n’est-ce pas Daniel ?) .

Entre Montréal et Québec, la région de la Mauricie a donc été notre premier contact cuisant avec la forêt québécoise. Mais le soleil revenu, tout est rentré dans l’ordre.

La région doit son nom à la très belle et très large rivière la Saint-Maurice. Ce fut la dernière rivière utilisée pour flotter le bois jusqu’aux usines en aval. Le musée des bûcherons à Saint Jean des Piles rend hommage à ces forçats de la forêt qui partaient en hiver dans les camps abattre les billes de bois qu’ils faisaient ensuite « draver » sur les rivières l’été.

Et c’est au bord de la rivière que nous avons sacrifié à une tradition québécoise et danieletchonesque, le barbecue. Le premier et sûrement pas le dernier.

Au musée du bûcheron, il y avait des chemises à carreaux (comme de bien entendu) à vendre, mais c’est plutôt un T shirt « vive le Québec libre » qui a attiré notre attention :

mais c’est le recto qui valait le déplacement !

Mais ceci est une autre histoire.

Quant à la bière du jour, on vous propose la Brett pas Brett, bière de cachette, brassée en Abitibi, en haut, là-bas, au pays des… maringouins..


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ballon-balai, oreilles de crisse et fèves au lard

Serge et Mireille nous ont hébergés chez eux à Montréal pendant trois jours. Trois jours à « jaser » et à partager le plaisir d’être ensemble. Ils ont profité de notre camping car en Espagne et Portugal et maintenant ce sera notre tour de prendre leur van, ou plutôt leur « VR » ou leur « motorisé ».

Près de notre chambre une série d’étagères a attiré notre attention.

Mais que sont donc ces trophées représentant un joueur tenant une espèce de balai ? Serge, le champion maintes fois récompensé dans la discipline, nous a donné les clés de l’énigme. Ce sont des récompenses de compétitions de ballon-balai !

Tout a apparemment commencé dans des soirées d’après-bière à la taverne. Prenez un balai brosse, coupez lui les brins de paille libre, trempez le reste dans l’eau pour qu’il durcisse au gel et vous avez une sorte de pelle à tarte emmanchée d’un long cou. Trouvez une patinoire et des chaussures qui ne glissent pas et vous voilà partis pour une partie de ballon-balai.

Aujourd’hui c’est un vrai sport avec un matériel plus professionnel. La pelle à tarte est en plastique et les chaussures ont des ventouses sous la semelle pour éviter au maximum les chutes.

Bizarrement, vous avez deux sortes de ballons : les rouges pour jouer à l’intérieur et les bleus pour jouer dehors. pourquoi ? mystère.

Serge nous a confié un secret ; pour éviter que les raclures de glace bouchent les ventouses, certains font tremper les semelles de leurs chaussures dans du vinaigre. C’est interdit mais parait-il efficace. Notre champion nous a avoué qu’il avait essayé une seule fois seulement car son équipement et son sac de sport ont senti le vinaigre pendant quinze jours !

Il semblerait que ce sport, une sorte de hockey du pauvre – soit en perte de vitesse. Cela n’a pas empêché Daniel de revêtir l’équipement. Bon OK, la chasuble est un peu grande et il manquait la patinoire mais ce qui compte c’est que le pantalon soit rembourré, pour éviter de se faire mal aux foufounes* en cas de chute.

Après un tel effort, un bon repas s’imposait. Mireille nous a concocté le menu typique des cabanes à sucre. Chaque printemps, les Québécois rejoignent les érablières autour du repas spécial « cabane  à sucre ». C’est le signe que l’hiver s’en va et que les beaux jours sont pour bientôt.

Un repas léger mais roboratif :

– des fèves au lard

-des oeufs brouillés cuits dans du sirop d’érable (si, si !)

-une tourte à la viande (un peu sucrée quand même)

-des « oreilles de crisse » : des lamelles de lard fumées et frites.

On peut à volonté faire couler un peu de sirop d’érable sur le tout, pour que ça glisse mieux. Faut ce qu’il faut ! En dessert, une tarte au sucre avec deux boules de glace vanille-sirop d’érable fait descendre le tout.

*Pour les mauvais esprits, sachez que les foufounes au Québec signifient les fesses.

PS : J’ai failli oublier la bière du jour :

Désirée, une ISA blonde (si, si, ça existe), « à la fois douce et avec une pointe d’amertume », de la micro-brasserie Archibald.

 


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Balade à Montréal

Nos amis québécois habitent près du carrefour de la 43ème avenue et de la rue Bellechasse. Quelle meilleure illustration de Montréal ! Tout à la fois américaine et française.

Les quartiers ont des plans quadrillés, les rues et avenues sont larges et plantées d’arbres, avec des petites pelouses sans clôture devant les maisons, souvent en bois ou en briques. On pourrait se croire dans une banlieue américaine.

Mais très vite, l’âme québécoise se révèle. Les enseignes, publicités, noms des produits sont tous en français. Ici pas de KFC mais des PFK (pour poulets frits du Kentucky), pas de show rooms mais des salles de montre, pas de Toy story mais des Histoires de jouet, pas de Rocking chairs mais des Chaises berçantes ! On a « du fun » à se promener sur la rue Saint-Catherine ! Pour nous il y a un vrai plaisir à se balader dans cet environnement francophone, où on aborde les passants pour demander son chemin sans crainte de ne pas comprendre la réponse. Le parler québécois est un merveille. Ce n’est pas une question d’accent, mais plutôt une bonhommie, une gentillesse simple et tranquille qui transparaissent dans les échanges. Ces gens sont décontractés, ont le sourire facile et cela fait du bien.

Mont Royal à l’automne. Par Guilhem Vellut CC BY 2.0,

Montréal est dominée en son centre par le Mont Royal. Cette grande colline boisée est le paradis des promeneurs et des touristes. Les belvédères permettent d’appréhender la cité dans toutes les directions. En regardant vers le sud et le fleuve depuis le sommet, sur un immeuble, un magnifique portrait de Léonard Cohen. Saurez-vous le retrouver ?

Depuis le Mont Royal, nous avons descendu le Boulevard Saint-Laurent en direction du Vieux-Montréal. Passant par le quartier portugais, puis le quartier juif -excellent sandwich de viande fumée chez Schwarts-. On y découvre, au hasard des ruelles adjacentes, les murales qui sont un des charmes de la ville.

Il y en a même au sol : Quand on vous dit que les québécois ne se prennent pas au sérieux…

Plaisir aussi de passer par les ruelles arborées où s’alignent les petites maisons cachées sous la verdure, avec leurs escaliers en façade typiques de la ville.


Le Vieux Montréal se résume à quelques rues bordées de maisons du XVIIIème siècle, face au port. Après notre longue descente depuis le Mont Royal, on doit avouer qu’on l’a un peu oublié.

Le port est assez décevant, le « front de mer » étant envahi par une sorte de Luna park avec attractions gonflables pour les enfants et galions en carton pâte.

Mais on se console vite avec une spécialité québécoise, les bières brassées dans les micro-brasseries.

Le choix est immense et on se promet de vous en présenter une à chaque billet : D’après l’étiquette au dos de la bouteille, Une Saison de tracteur « est censée combiner avec un charme certain le flair du nouveau Monde et la rusticité du vieux continent !  » Que demander de plus ?

A votre santé !


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Vous avez vos AVE ?

On en rêvait depuis longtemps. Cette fois-ci, c’est parti : en route pour le Québec !

Arrivés trois heures avant le décollage à Orly, on s’est tranquillement dirigés vers les comptoirs d’enregistrement, tout guillerets, jusqu’à entendre la question fatidique :

– « Vous avez vos AVE ? »

– » Euh, ben non, on savait pas ! »

– » Alors, pas d’AVE, pas d’avion, désolé. »

On venait de découvrir que comme pour les USA, il faut faire en ligne une demande d’Autorisation de Voyage Electronique pour entrer dans le pays. On est vraiment des buses de ne pas avoir vérifié !

Panique à bord. Daniel part à l’autre bout de l’aéroport chercher du réseau (Free, c’est pourri à Orly) et commence à saisir fébrilement sur le site ad hoc les formulaires d’AVE, les doigts tremblants sur le téléphone. Au milieu de la saisie, alerte au paquet suspect : il faut dégager en urgence… et recommencer les manoeuvres à l’autre bout de la salle. Finalement, après une demie-heure de sueurs froides, ça marche et le Ministère de l’Immigration canadien nous envoie gentiment deux accusés de réception nous garantissant une réponse… sous 72h. Nous sommes alors à deux heures du décollage.

Un coup de fil à la compagnie aérienne (LEVEL) nous apprend que repousser le vol d’une semaine coûterait 1100 € !

Inutile de dire qu’on a le moral dans les chaussettes, voire plus bas si c’est possible. On commence à se dire que la Bretagne en été, c’est pas mal non plus.

Et le miracle (sans récitation de Pater ni d’AVE) se produit un quart d’heure avant la fermeture du check-in. Un mail nous annonce que c’est bon : les AVE sont arrivés !

Quelque part dans le cyber espace un(e) gentil(le) fonctionnaire canadien(ne) de permanence ce samedi matin à Ottawa, (ou plus vraisemblablement un robot fonctionnant au sirop d’érable) a eu pitié de nous et nous a envoyé le précieux Sésame.

Ouf !

Mais ce vol décidément ne sera pas de tout repos. En vue des côtes canadiennes, un message du commandant de bord :

– « En raison d’un problème médical, nous nous détournons vers Halifax pour débarquer un passage malade. Merci de votre compréhension. »

S’en suit un beau coucher de soleil sur les côtes de Nouvelle-Ecosse et deux heures d’attente sur le tarmac de Halifax.

Résultat des courses : trois heures de retard à l’atterrissage à Montréal (tant qu’à faire, l’avion avait décollé d’Orly avec une demie-heure de retard).

Mais les sourires de nos amis Mireille et Serge nous ont vite remis d’aplomb.

Ave Montréal, Turisturi te salutant !