Une courte nuit en train couchettes (très confortable) et nous voici 400 kms plus bas au centre du Vietnam, à Dong Ha/ Quang tri, juste au sud de la zone démilitarisée (DMZ) et du 17ème parallèle.
Autant le dire tout de suite, c’est un peu une arnaque. Tout d’abord, on a eu beau cligner des yeux on n’a vu aucun parallèle, et les tours de la DMZ proposés aux touristes sont sans grand intérêt.
la DMZ s’étendait sur 6 kms de part et d’autre de la rivière Ben Haï , depuis la frontière laotienne jusqu’à la mer.

Photo by L’homme venteux – Own work, CC BY-SA ,https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15388426
La grande base US de Khe Sanh, à l’est dans les montagnes, avait vocation à verrouiller la piste Ho Chi Minh de l’autre côté de la frontière laotienne. En 1968, les 10 000 hommes de la base ont failli, après 75 jours de siège, subir le même sort que Dien Bien Phu. Il ne reste rien des installations, dynamitées par les Américains en partant en 1972. Quelques avions et hélicos placés là a postériori par les vainqueurs près de la piste d’atterrissage en latérite ont un peu d’intérêt. Bof.

By Bút Chiến CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=9691325
Au milieu de la bande de terrain au sud de la DMZ, vue sur le « rockpile », un piton rocheux d’où les GI’s observaient le paysage. Bof.
Plus loin, vue sur un pont servant aux Vietcongs à infiltrer le sud. Bof.
D’après ce qu’on a lu, la seule chose vraiment intéressante, c’est la visite des tunnels de Vinh Moc. En route donc pour ce site, et en scooter cette fois-ci. La petite route côtière est magnifique sous le soleil et les plages, superbes et désertes, invitent à la baignade.
La région juste au nord de la DMZ a subi des bombardements massifs entre 1968 et 1975. Chaque habitant de la zone aurait reçu l’équivalent de sept tonnes de bombes sur la tête ! Beaucoup ont fui, sauf les combattants, et les habitants de quelques villages comme celui de Vinh Moc. Celui-ci donnait directement sur la plage et a ainsi servi de relais à la piste Ho Chi Minh maritime, qui longeait la côte depuis Hai Phong.
En vingt mois, en 1968, les habitants de Vinh Moc et les soldats Viecongs ont creusés à la pioche 4 kms de galeries souterraines pour se protéger des bombardements.
Le réseau s’étendait sur 3 niveaux, le premier -à 17 m de profondeur- servait aux militaires, le deuxième sous-sol aux familles des villageois, et le troisième servait d’entrepôts pour les les armes et les provisions.
Une cavité servait d’hôpital. On y trouvait aussi une salle de classe, une maternité – 17 bébés y sont nés- et chaque famille disposait d’un espace privé -le mot est un peu fort- de 2m X3m.
De leur côté, les soldats utilisaient les tunnels qui débouchent sur la plage pour alimenter en vivres et en armes l’île « nordiste » de Con Co, 30 kms au large. Ils naviguaient de nuit, sans lumières et à la rame afin d’éviter les obus de la septième flotte américaine.
Quand on voit ces tunnels et la ténacité de ces gens à résister à la machine de guerre US, on comprend mieux comment ils ont pu mettre à mal la première puissance militaire de la planète.
Aujourd’hui, dans la campagne de la DMZ, il n’y a plus de trace des combats mais attention tout de même à ne pas sortir des terrains dégagés. Des milliers de bombes non explosées et de mines sont encore cachées dans le sol. A Quang tri, une ONG payée notamment par le Département d’Etat US (dommages de guerre ?) et les Norvégiens continue de sortir ces engins par dizaines de la terre vietnamienne. Pour combien de temps encore ? On déplore 8 000 morts depuis 1975 dans la province de Quang Tri à cause des mines, dont 31% d’enfants.
Mais aujourd’hui seuls les pêcheurs troublent les eaux cristallines de la mer de Chine avec leurs jolis bateaux pointus et leurs barques rondes en bambou goudronné.
La vie normale a repris à Vinh Coc.