Repos. On en avait bien besoin après notre remontée depuis le sud. Le Laos ressemble à l’Italie -sans la botte et la Sicile- et pour rejoindre la capitale, il a fallu encore aligner les heures de car le long du Mékong et de la frontière thaïlandaise. Surprise, on peut charger une moto ou tout un mobilier dans la soute, qui occupe tout le rez-de-chaussée du bus !
L’accueil à Vientiane par Anaïs et Jean a été formidable. Ce jeune couple franco-lao (Anaïs a un papa laotien) nous a ouvert sa maison pendant trois jours. Ils sont arrivés de France à Vientiane depuis deux ans et travaillent dans l’informatique via internet. On sent qu’ils adorent ce pays. Ils en parlent avec passion, un peu comme d’autres parlent du Maroc (suivez mon regard).
On a enfin pu dialoguer avec des « vrais gens ». Jouer les touristes c’est bien beau mais causer du pays qu’on visite avec des gens qui le connaissent change tout. Cà commençait à nous manquer sérieusement. On a aussi pu se reposer et partir découvrir la ville avec leurs recommandations avisées.
Vientiane est une petite capitale bien calme en dehors des heures de pointe le matin et en fin d’après-midi. Les rues tranquilles du centre-ville avec ses villas coloniales défraîchies nous ont fait penser au quartier du Gueliz de Marrakech il y a trente ans.
Les Laotiens sont des gens très calmes, voire un peu nonchalants et leur Bouddha aussi !
Comme partout on tombe sur des pagodes à tous les coins de rue, et la plus étonnante est celle de Wat si sakhet. Les galeries du cloître rassemblent plus de 6 000 bouddhas. Debout ou assis devant des niches qui contiennent aussi des milliers de statuettes, ils sont indifférents au passage des touristes qui les mitraillent à longueur de journée.
La pagode elle-même est couverte de fresques racontant des scènes de la vie du Bouddha, et les murs sont également creusés de niches contenant des Bouddhas en réduction.
Nous avions eu un aperçu des broderies laotiennes sur les jupes traditionnelles que les femmes portent très couramment.
Mais, toujours grâce à Anaïs et Jean, nous avons découvert l’atelier de Carole Cassidy, une américaine tombée amoureuse du pays et de sa culture. Elle a créé un atelier ou une vingtaine de femmes tissent, sur de vieux métiers traditionnels, des pièces extraordinaires en soie et d’autres matériaux naturels.
La ville ne s’anime vraiment que le soir le long du Mékong, lorsque ses habitants viennent faire le paseo entre les marchandes d’herbes aromatiques, les stands de street food, les manèges et le marché de nuit. Les Laos utilisent des dizaines d’herbes différentes dans leur cuisine.
Le Mékong est a peine visible au delà de l’immense prairie qui pousse sur ses rives chaque année à la saison sèche. Difficile d’imaginer que dans quelques mois tout cela sera inondé jusqu’au haut des digues. A la saison des pluies, le fleuve multiplie son débit par huit et est une menace permanente pour les riverains.
La vie laotienne est rythmée par le Bouddhisme. Pour nous, touristes naïfs, le plus étonnant ce sont les bonzes. On s’attendait à une sorte de clergé permanent comme les moines chrétiens et on a découvert grâce à nos amis que le statut de bonze peut être très provisoire. On peut prendre la robe orange pour trois mois, voire une semaine, ou même une journée. Besoin d’une retraite spirituelle, ou simplement d’un peu de recul lors d’un événement familial douloureux. Les familles peuvent aussi envoyer un enfant à l’école de la pagode lorsque l’école publique est trop éloignée, ou lorsque l’ado est un peu turbulent. Un système compliqué d’offrandes et de cérémonies organise la vie sociale. Les bonzes vivent de ces offrandes auxquelles participent tous les laotiens. Nous avons même été dans des bus où des places gratuites leur étaient réservées.
On n’a pas tout compris, mais l’idée que la moitié des Laotiens adultes soit passé à un moment ou un autre sous le statut de bonze est une vraie découverte pour nous.
Notre court séjour a été aussi l’occasion de découvrir la cuisine. Lorsque vous ne connaissez pas les codes, vous vous retrouvez à alterner nouilles et riz, alors qu’il y a tant d’autres choses à déguster. Merci Anaïs et Jean pour cette plongée dans la gastronomie locale. Si vous passez par Vientiane, ne ratez pas le restaurant Doi ka noi.
Il est tout simplement fabuleux !
Le dimanche ils nous ont amenés dans un endroit improbable, à Tha Ngon, à trente kms de Vientiane, au-dessus d’une rivière où des bateaux restaurants font des ronds dans l’eau.
On y mange -très bien- dans un jardin décoré de statues d’art brut et d’antiquités automobiles, le tout au milieu de la végétation tropicale. Bizarre, bizarre !
Et le lendemain, avant de les quitter, on a eu droit à un petit déjeuner dans le meilleur café de Vientiane, avec d’excellentes viennoiseries.
Et c’est sur ce clin d’oeil français que nous avons quitté Vientiane, la belle endormie, pour Luang Prabang et les montagnes du nord, sur un bus chinois.
11 février 2019 à 8 h 44 min
Le gilet jaune sur la photo, c’est une antiquité ou un clin d’oeil ?
Bises. MO
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