Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)

Laos sur la montagne

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En montant vers le nord, on rencontre très vite les reliefs. Autant le sud, le long du Mékong, est sec, plat et poussiéreux, autant le nord est verdoyant et  montagneux.

On est d’abord allés jusqu’à Louang Prabang en bus. Puis nous y avons loué un 4X4 pour nous rendre dans l’extrême nord ouest, aux confins de la Birmanie et de la Chine.

De Vientiane à Paksong, les routes sont souvent défoncées, avec des nids de poules, d’autruche, voire d’éléphants. Le goudron alterne avec des passages de pistes empierrées. Ce nord Laos est vraiment isolé du monde.

Pas tout à fait, en fait, car le voisin chinois s’y intéresse. La compagnie PowerChina (tout un programme) est en train de construire un chemin de fer nord sud, et des routes, avec comme objectif final de rejoindre Singapour ! Les Chinois sont partout dans le nord. Que peut faire le petit Laos de 7 millions d’habitants face à son énorme voisin ?

Après tout, ces infrastructures serviront aussi aux gens du nord.

(la photo n’est pas de nous, mais du New York Times !)

Ce qui ne servira pas aux Laotiens, ce sont les enclaves concédées à des sociétés chinoises, à la frontière avec la Chine (Boten), et avec la Thaïlande (Ton Pheung). Dans ces deux pays, les casinos sont interdits, et c’est donc une aubaine pour les joueurs que de se rendre dans ces deux villes champignons. Les  lois chinoises s’y appliquent, et même si théoriquement, les jeux d’argent ont été interdits à Boten depuis quelques années, ce sont les lieux de toutes les débauches. Prostitution enfantine, dégustation dans les restaurants de viande de tigre ou d’éléphant, deux espèces protégées, plateformes de diffusion de drogues de toutes sortes (nous sommes dans le triangle d’or). On y trouve même, parait-il, de la corne de rhinocéros en pharmacie ! Boten attend avec impatience la livraison de la ligne de chemin de fer vers Vientiane.

Quant à nous, on s’est contentés de profiter des paysages magnifiques.

Autour de Vang Vieng, les montagnes prennent la forme de pains de sucre, comme on en verra du côté de la baie d’Halong au Vietnam.

Conduire dans ces conditions jusqu’à Louang Namtha, c’est négocier des milliers de virages  entre deux murs de végétation, avec de temps en temps des percées entre les forêts de bambous et des aperçus magnifiques sur les chaînes à perte de vue dans toutes les directions.

Les villages s’alignent le long de la route. La production de balais de « genêt » semble une activité essentielle.

C’est le pays des « minorités » ethniques, surtout établies dans les montagnes. Akhas, Hmongs, Yao, Laren, Lu-miens, Kmhmus, Taïs et consorts forment 40 % de la population. Vivant dans les hauteurs avec leurs langues et costumes, ils sont majoritaires dans le nord et une des « curiosités » de la région.

Leurs villages se visitent selon des circuits établis et pour tout dire, on s’est sentis très mal à l’aise à l’idée de le faire. Bien sûr cela leur amène un peu d’argent grâce à leur artisanat, mais le voyeurisme n’est pas loin.

On s’est aventurés dans un village Yao en bord de route où de vieilles dames fabriquaient du papier de bambou. Clic clac Kodak. On est ressortis très vite et ça a été la seule escapade dans un de leurs villages. Sans doute qu’avec un guide les choses auraient été différentes.

Ce qu’on a surtout retenu de ce village, c’est la pauvreté des gens, habillés de bric et de broc, avec de vieux joggings et T shirts. Les superbes costumes des cartes postales doivent être rangés pour les fêtes ou peut-être faut-il plusieurs heures de randonnée dans les montagnes pour rencontrer des  minorités « photogéniques ».

Une minorité attire plus l’attention sur son sort.  Ce sont les Hmongs. Montagnards farouches, ils ont conduit une « guerre secrète » sous la direction de la CIA contre le régime communiste de 1964 à 1975. Après la victoire du Pathet Lao, ils ont subi le sort de « Harkis » : pourchassés dans leurs montagnes, éliminés en masse, traités comme des parias, ils ont finalement été regroupés dans des villages le long des routes, étroitement surveillés par les autorités communistes. Le même sort semble leur être réservé au Vietnam. Plus de 100 000 ont été exfiltrés vers les Etats-Unis et la France en a accepté 20 000 dont 2 000 installés en Guyane.

Les Hmongs, les « Roms » de l’Asie du Sud-Est ?

On en a pris plein les yeux pendant ces quatre jours de périple au nord de Luang Prabang.

La jungle, la vraie, seulement un peu grignotée par les plantations d’hévéas et de bananiers, et les cultures sur brûlis qui détruisent des pans entiers de collines.

Vue du ciel, cette forêt quasi impénétrable doit ressembler à un champ de brocolis ! Toutes les nuances de vert, une vraie symphonie de couleurs et de lumière !

 

 

 

 

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2 réflexions sur “Laos sur la montagne

  1. Un mois au nord laos en 2012 : nous avons plus qu’aimé ce pays. Déjà les chinois commençaient à s’y implanter en achetant des terres et des plantations. C’est suffisamment vaste et désolé pour que leure présence ne soit pas partout visible, mais ça viendra sans doute … Bonne suite de voyage ( vers où ?) Je vous embrasse.

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