Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)

Birkenau, la mort industrielle

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Tout a déjà été dit et écrit sur Auschwitz-Birkenau. On a tous en tête les images terribles des camps et le regard halluciné des rescapés. Il n’empêche que visiter les lieux du plus grand massacre de l’histoire reste incontournable ne serait-ce que pour honorer la mémoire du million de morts.

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la visite se fait en deux temps : tout d’abord Auschwitz, le camp originel. C ‘était au départ un camp d’internement des opposants polonais et soldats soviétiques. C’est devenu très vite un camp de travail puis d’extermination. Sous un ciel plombé, nous avons parcouru les allées  entre les bâtiments de brique rouge à un étage.

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Chaque bloc abrite des expositions qui racontent l’horreur. Impossible cependant de prendre le temps de la réflexion : il y avait tellement de monde que nous étions littéralement poussés de pièce en pièce, dans une file ininterrompue digne des couloirs du métro à 6h.  Il nous restera tout de même des images terribles, comme la montagne de cheveux humains, les tas de chaussures et les papiers commerciaux : commandes de ballots de cheveux par des usines textiles en Allemagne, accusés de réception de lingots d’or provenant de la fonte des dents des suppliciés. La machine administrative était bien rodée. La visite d’Auschwitz se termine par le passage dans une chambre à gaz que jouxtent 2 fours crématoires. Glaçant.

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Birkenau a été créé un peu plus tard, à 3 km d’Auschwitz, quand la solution finale a été mise en place. 300 baraques de bois ou de briques ont accueilli jusqu’à 95 000 détenus destinés à être gazés. Et ce sont eux qui ont entièrement construit le camp ! Les wagons y entraient en passant sous le fameux porche, déchargeaient leur cargaison humaine qui était immédiatement triée sur le quai.

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Ceux qui étaient aptes au travail bénéficiaient d’un sursis, et rejoignaient des baraquements où ils étaient entassés à raison de 1000 à 1300 personnes par bâtiment prévus pour 750, dormant sur des bas-flancs de bois, dans des conditions effroyables.

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Les autres étaient directement dirigés au fond du camp vers les chambres à gaz. Celles-ci ont été dynamitées par les Nazis avant l’arrivée de l’Armée Rouge. Les ruines sont toujours là. Les allemands ont forcé les survivants à les accompagner dans des marches terribles vers les camps en Allemagne. 15 jours après leur départ, les Russes découvraient le camp, et les 7 000 malades qui avaient été abandonnés sur place.

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Comment des êtres humains ont-ils pu atteindre ce degré de déshumanisation ? Comment des millions de soldats et de fonctionnaires allemands, issus de ce peuple de grande culture qui a porté la littérature et la musique à son sommet au XIXème siècle, ont-ils pu en arriver là et participé à cette entreprise de haine et de mort industrielle ? Les questions restent sans réponse et on en sort avec la peur au ventre : cela pourrait-il se reproduire un jour ? Ces questions sont d’autant plus présentes que l’Europe vit un moment terrible de montée des égoïsmes, du racisme, des nationalismes, du repli sur soi, de haine de l’Autre. Vit-on un remake des années 30 ?

A la sortie du camp, comme une bouffée de vie malgré tout, le premier immeuble que l’on rencontre propose au rez-de-chaussée des cours de tango et de danses de salon. De grandes affiches  montrent des couples virevoltant sur une piste de danse. La vie a quand même repris à Auschwitz.

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