Prenez un Duc de Courlande d’origine allemande, régent de la Lettonie pour le compte de la Russie, Ernest Von Biron, un peu mégalo, un architecte italien, Bartolomeo Rastrelli, à qui on doit le palais de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, deux tsarines Anna et Catherine II et leurs amants, des intrigues inextricables de palais – Von Biron passera 22 ans en Sibérie avant de revenir en grâce- et vous avez le plus beau château que nous ayons croisé sur notre chemin : le palais de Rundale, à 100km au sud de Riga.
Ce palais est sans doute un avant goût de ce que nous allons découvrir à Saint-Petersbourg.
Il est très élégamment décoré, loin de la lourdeur de bien des châteaux de par chez nous.
En tous cas, il est symbolique de la main mise russe sur ce petit pays qu’est la Lettonie. Celle-ci est née officiellement il y a seulement 100 ans. Riga date cependant de 1200, mais la ville a longtemps été allemande et le pays occupé par de puissants voisins. La Russie, elle, s’est installée en 1710 à Riga, puis a occupé tout le territoire en 1795, et n’a lâché l’indépendance du pays qu’en 1920. Riga a longtemps été la troisième ville la plus importante de Russie après Moscou et Saint-Petersbourg.
Entre 1944 et 1991, les Russes sont de retour, font de ce petit pays de 2 millions d’habitants une des républiques de l’URSS et installent la flotte russe de la Baltique à Liepaja. Ils interdisent la langue lettonne et mènent une politique de peuplement, dont le résultat sera que les Lettons se retrouveront pratiquement minoritaires dans leur propre pays en 1991.
Les derniers soldats de Moscou n’ont quitté le pays qu’en 1999 et aujourd’hui encore les Russes représentent 30% de la population et même presque 50% à Riga !
Comme les Lituaniens et les Estoniens, les Lettons ont rejoint l’UE en 2004, mais surtout l’OTAN. Avec Poutine aux commandes au Kremlin et ses annexions brutales en Géorgie et en Ukraine, et l’intérêt militaire et économique des ports lettons – libres de glace toute l’année-, ce confetti face au géant russe n’est pas très rassuré.
Alors, quand ce fou de Trump a déclaré qu’il n’engagerait peut-être pas les Etats-Unis en cas d’agression des Russes dans les pays Baltes, remettant en cause les fondements même de l’OTAN, c’est un peu la panique chez les Baltes et les Lettons en particulier.
En attendant, la vie continue.
Dimanche, c’était la foire de la Saint-Michel dans le centre de Riga , sous un ciel gris, avec un grand marché de produits locaux sur fond de danses folkloriques.
Et pendant ce temps, sur scène, on dansait sous la pluie…
La pluie, une bonne excuse pour se réfugier dans un bar et profiter des excellentes bières locales, servies avec un sourire, avant de partir à la découverte du Riga Art nouveau.
Mais cela sera l’occasion du prochain épisode.
28 septembre 2016 à 14 h 22 min
Quelques précisions :
# L’architecte de Rundale s’appelle exactement Bartolomeo Rastrelli
# La Livonie (avec Riga) deviendra russe en 1721; la Courlande (avec Mitau/Jelgava et Rundale) ne deviendra russe qu’en 1795)
# « ce confetti » letton est quand même deux fois plus grand en surface (64 589 km2) que la Belgique …..
Cordialement
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29 septembre 2016 à 16 h 17 min
Merci Gilles pour ces précisions. J’ai corrigé mes « à peu près » !. Un confetti ? un peu quand même quand on compare à la Russie (c’était l’idée)
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