Le 1er août 1944, le gouvernement polonais en exil et la résistance intérieure lancent l’insurrection de Varsovie contre l’occupant nazi. L’objectif est de libérer la ville pour accueillir ensuite l’Armée rouge qui arrive, en capitale d’un pays libre. Si le centre ville est vite vidé des soldats allemands, l’euphorie est de courte durée. La contre-offensive durera 63 jours et la population sera écrasée sous la puissance de feu allemande. Les soviétiques, à quelques kms seulement de la ville, restent l’arme au pied et sourds aux appels à l’aide de Varsovie ! Staline préférait récupérer à la fin de la guerre une Pologne exsangue vidée de ses résistants et de ses élites et a laissé faire les Allemands sans bouger.
Les Nazis détruiront 85% de la ville et lorsque l’Armée rouge y entrera finalement, en janvier 1945, elle ne trouvera dans les ruines qu’un millier de survivants hagards. Avant cela, elle aura envoyé au Goulag ou assassiné les résistants polonais. Les photos de l’époque sont hallucinantes, sans doute les mêmes que celles de Dresde, bombardée massivement par les alliés.
Le musée dédié à l’insurrection raconte cette histoire de manière très poignante, bien qu’ on en ressorte avec un certain malaise, car tous les habitants sans exception semblent avoir été des résistants combattants et les communistes polonais installés au pouvoir par les Russes semblent être sortis de nulle part en 1945.
Aujourd’hui Varsovie est reconstruite, même si on peut penser que certains terrains vagues couverts d’herbes folles et entourés de palissades pourraient dater de 1944. On arrive en ville par des autoroutes à quatre-voies toutes neuves et de grandes avenues bordées d’immeubles dignes de la Défense.
Le symbole de la longue parenthèse communiste est la Palais de la Culture et de la Science qui dominait la ville à la chute du régime, et reste le point culminant du paysage urbain. Il est aujourd’hui entouré de tours futuristes et d’une gare ferroviaire ultra moderne.
Tout semble neuf. Les nouveaux bâtiments de verre -des banques, des bureaux, des hôtels- tranchent avec les austères bâtiments staliniens. Bizarrement, nous n’avons vu aucun drapeau européen contrairement, par exemple, à la Bulgarie et la Roumanie.
Quant à la vieille ville médiévale, elle a été reconstruite entièrement à l’identique avec ces places aux belles maisons décorées et son château. On pourrait oublier totalement que ce quartier a seulement 70 ans !
La voie royale qui relie les parties de la vieille ville est le soir le domaine des piétons, des vélos, des musiciens de rue, des danseurs de hip-hop et des bulles de savon !
On a passé à Varsovie une soirée formidable, avec un concert de jazz flamenco -gratuit- qui clôturait le festival qui a lieu chaque été sur la place centrale du « vieux » quartier. Si vous avez l’occasion de voir et d’entendre le « Antonio Serrano quartet », n’hésitez pas : Serrano lui-même est un harmoniciste extraordinaire et le guitariste Antonio Sanchez est digne de Paco de Lucia. Voici un extrait du concert !