Daniel et Chon

Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront (René Char)

Iran en camping car, mode d’emploi

8 Commentaires

Vous voulez venir en Iran en camping car ? N’hésitez pas, c’est une destination formidable et vous serez totalement en sécurité, contrairement aux idées reçues. Inutile de venir en véhicule blindé. Notre CC est un Challenger Génesis 34.

Ci-dessous quelques détails techniques pour préparer votre voyage.

Visa

Pour un titulaire d’un passeport français, à date de juillet 2017, les choses se passent en 2 temps

Obtenir un numéro d’autorisation du Ministère des affaires étrangères iranien à Téhéran. Cela peut se faire en ligne, mais on a eu des échos comme quoi la demande s’était perdue sur le site du MAE iranien. Il vaut mieux passer par une agence spécialisée. Nous avons utilisé les services de Perse voyages à Paris (http://www.persevoyages.fr ). Après une saisie en ligne sur leur site et le paiement de frais de 39 € , il faut environ 15 jours pour recevoir par mail de l’agence le n° en question (en fait une feuille A4 à imprimer avec le précieux n°).

Vous avez ensuite un mois pour déposer la demande de visa dans un consulat. Il faut donc tenir compte de ce délai pour la demande de visa. A noter que dans le formulaire de demande de n°, il faut préciser dans quel consulat vous souhaitez retirer le visa. Pour nous c’était Erevan en Arménie. On doit aussi donner un itinéraire potentiel, mais personne ne vérifie.

Le visa : Un formulaire, une attestation d’assurance rapatriement (en anglais, sauf peut-être à Paris) à demander à son assurance (Pour nous c’était Inter mutuelle assistance via la MAIF qui nous l’a envoyée par courrier en deux jours), le n° d’autorisation imprimé, deux photos (voilées pour les dames) et le reçu de la banque iranienne Melli attestant que nous avions payé 50 €.  Il a fallu aller en ville à Erevan à une agence précise pour déposer les 50 €. On a eu notre visa à Erevan 7 jours après le dépôt de la demande. On pouvait l’avoir en 48h pour 75 €.

Le visa est valable 30 jours à partir de la date d’entrée en Iran. Il faut entrer dans le mois suivant la délivrance du visa.

Conclusion : Bien réfléchir aux délais pour ne pas être coincé.

Si vous voulez plus de 30 jours, il faut le faire sur place en Iran auprès des bureaux des Affaires étrangères dans les villes. On vient de le faire sans problème à Ispahan. Il faut demander l’adresse à la Police ou à l’Office du tourisme quand il y en a un. Arrivés à 9h30, on est reparti à midi avec le nouveau visa.

Là aussi, passage obligé par une banque Melli pour déposer le montant : par personne on a payé 34 500 tomans, soit environ 8 €. Des taxis attendent devant les bureaux pour vous amener à la banque et vous ramener, et le taximan a fait la démarche pour nous à l’intérieur de la banque (un exemple de la gentillesse des Iraniens) : cela nous a coûté 20 000 tomans de taxi, soit un peu plus de 4 €. Tout cela se passe de manière très cool dans les bureaux, avec sourires et nombreux « welcome to Iran ». Rien à voir avec la gestion des étrangers dans les préfectures en France !

Pas de visa pour la Turquie, la Géorgie et l’Arménie, mais attention aux dates de l’importation temporaire du CC en Arménie (voir plus bas).

Monnaie

Les billets sont en rials, avec la tête de Komeini dessus. Aujourd’hui 20 septembre 2017 on a changé au taux de 1 €=46 000 rials.

AVERTISSEMENT : Compte tenu de la situation internationale et des pressions mises par Trump sur le pays, la monnaie s’est considérablement dépréciée. En août 2019, 1€ s’échangeait 150 000 rials. Le reste des coûts signalés dans ce blog n’a pas été réévalué en ce sens et correspond à la réalité de 2017.

Mais les iraniens comptent en tomans, soit les rials avec un zéro en moins, et vous annoncent avec leurs doigts en milliers de tomans. 3 doigts levés veulent dire 3 000 tomans, soit un billet de 30 000 rials, soit 75 centimes d’€. On arrive très vite à des sommes monstrueuses en billets ! 1 000 000 rials, soit 100 000 tomans, valent 22 € !

A cause des sanctions, les cartes visa ou mastercard ne sont pas utilisables en Iran. Cela veut dire qu’il faut venir avec du cash pour la durée du voyage. C’est évidemment un peu compliqué quand on a pris l’habitude de la carte bleue, et là aussi, il faut anticiper auprès de sa banque en France pour obtenir le montant en euros nécessaires. Les banques demandent quelques jours pour « lâcher » cet argent qui pourtant nous appartient !

Carnet de passage en douane

Le truc le plus dur à avaler : pour éviter que vous vendiez votre véhicule en Iran, il faut déposer auprès de l’Automobile club en France 150% de la valeur argus de votre camping car ! Impossible d’y échapper ! (de l’intérêt de ne pas partir avec un CC neuf !). La demande de carnet peut mettre jusqu’à 3 semaines. Il faut donc anticiper. On récupère les sous une fois rentrés, avec les beaux tampons de sortie du territoire iranien. IMA nous garantit une assistance personne, mais pas de rapatriement du véhicule en cas de problème. Au pire (CC inutilisable), il faudrait le mettre sur un camion plateau jusqu’à le sortir vers la Turquie et ensuite appeler IMA pour l’assistance véhicule.

Si vous passez par l’Arménie, il vous faudra payer une Importation Temporaire pour le CC (45 €) et on part avec un papier tout en arménien. A la sortie, on s’est rendu compte que l’IT était de 15 jours : c’était écrit en petit en arménien sur la feuille, mais personne ne nous avait prévenu. On avait 3 jours de retard  en sortant : on a du payer 700 (sept cents) dollars US d’amende !! donc bien vérifier cette histoire de date à l’entrée.

Assurance

La MAIF couvre la Turquie et l’Iran, qui est dans les conventions carte verte. Ce n’est pas le cas en Géorgie ou Arménie. En Géorgie, on a pris une assurance (Aldagi) dans la première ville rencontrée, Batoumi, et à la frontière en Arménie. 30 € pour un mois à chaque fois pour une assurance au tiers.

Parcours de liaison

Pour nous c’était Limoges-Strasbourg-Vienne-Hongrie-Serbie-Bulgarie-Istanbul- la route de la mer noire jusqu’à la frontière géorgienne. On a ensuite passé un mois entre Géorgie et Arménie. Le plus court c’est quand même Istanbul-Erzurum-Dogubeyazit et la frontière iranienne à Bazargan. Bien sûr cela fait pas mal de pleins au tarif « européen », mais on se rattrape avec le prix du gasoil en Iran.

Par contre la traversée d’Istanbul est une vraie galère : 60 kms d’embouteillages garantis dans la journée : essayer de passer de nuit !

Réseau routier

Les routes jusqu’à la Géorgie sont de très bonne qualité. Ce n’est pas le cas en Géorgie et encore pire en Arménie. Dès qu’on passe en Iran, on retrouve un réseau nickel avec de nombreuses 4 voies et autoroutes. Souvent on ne paye pas les péages quand les préposés voient les plaques françaises : « welcome to Iran ! ». De toutes façons les tarifs sont ridicules. Les villes sont sillonnées de 4 voies à sens unique. Il faut un peu avoir les yeux derrière la tête vu le comportement des conducteurs, mais ça passe. Attention tout de même sur les nombreuses pistes avec le porte-à-faux et la garde au sol ! (expérience vécue).

Carburant 

Si vous roulez au diesel, il faut faire attention. Il y a peu de pompes car seuls les camions marchent au gasoil. Mais il suffit de demander à quelqu’un de vous indiquer où en trouver (souvent on nous a accompagné gentiment à la sortie de la ville à la seule station pour camions). Un petit bidon d’avance est une sécurité. Le prix défie toute concurrence : 16 centimes d’euro le litre (environ 70 centimes en Géorgie et Arménie). Il faut une carte magnétique pour débloquer les pompes. On n’en a pas, mais les pompistes mettent la leur. Pas de problème. On avait lu qu’il fallait en acheter une à la frontière, mais apparemment c’est une info obsolète.

Hébergement

Il y a très peu de campings en Géorgie ou en Arménie et aucun en Iran. Mais pas de panique : les Iraniens sont des fous de camping ! Toutes les villes ont des parcs équipés pour recevoir les tentes et les campeurs, avec toilettes, quelquefois douches et toujours des lavabos avec robinets d’eau.

Il y a toujours un point d’eau pour le réservoir. La meilleure option est donc de viser un parc pour se garer. C’est aussi la meilleure façon d’être sûr de rencontrer des Iraniens et d’être invités pour un thé ou un repas. Difficile de refuser ! Cela devient même parfois envahissant ! Sinon, vous pouvez bivouaquer absolument partout sans problème. Vous attirerez systématiquement la curiosité des passants, et ferez visiter mille fois le CC et serez pris en selfie au moins autant devant le camion. On n’a croisé aucun CC en Iran.

Applis pour le téléphone / internet

Pour le téléphone et internet, le plus simple est de prendre une carte SIM locale. Par exemple la carte Irancell coûte quelques € et les recharges sont aussi très peu chères : par exemple 6 Gigabits pour 7 €. Avec 6 Gb, on « tient » une dizaine de jours en partageant la connexion du téléphone avec l’ordi. Pour téléphoner gratuitement via internet, on utilise Whatsapp ou Messenger (Messenger = Facebook, donc il faut avoir un VPN). Mais on nous a dit que le réseau avec la meilleure couverture était « Hamrahe avval ». Les Iraniens utilisent beaucoup Telegram.

Plusieurs applis permettent de se servir du GPS sans internet : Nous avons téléchargé avant de partir les cartes des pays traversés sur Google maps et Navigator. Bizarrement Google maps fonctionne seulement à moitié (pas de copilotage vocal en route au Nagorno-Karabagh ou en Iran). Par contre Navigator est impeccable partout, si on a déchargé les cartes en amont.

Internet est verrouillé en Iran pour pas mal de sites : Facebook, Youtube, les blogs Blogger ou les outils de gestion de WordPress. Un VPN permet de détourner cela, en positionnant fictivement votre téléphone ou ordi à l’étranger. Nous utilisons ExpressVPN. Il faut évidemment installer (et acheter) l’appli avant d’arriver en Iran, car les sites de téléchargement de VPN sont bloqués. Vous pouvez aussi voir les programmes télés français en positionnant votre adresse IP en France avec le VPN.

Pour trouver des bivouacs signalés par des voyageurs, on utilise l’appli Ioverlander (http://Ioverlander.com) ou Park4night (http://www.park4night.com) . Attention aux infos d’i-overlander : ce sont souvent des sites proposés par des quatre-quatreux et pas toujours accessibles aux camping cars classiques. Mais jusqu’à maintenant cela nous a toujours permis de trouver des points de chutes (souvent des parcs) dans toutes les villes traversées : c’est un outil inestimable ! Quant à Park4night, peu de lieux de bivouacs signalés en Iran. On en a rajouté quelques uns sur ces deux applis participatives.

Coût de la vie

Chacun a bien sûr sa façon de voyager. Pour nous, après déjà 3 semaines en Iran, on peut dire qu’on dépense entre 20 et 40 € par jour, en comptant l’essence, et on ne se prive pas. Un resto pour locaux revient au maximum à 10 € pour 2. Pour le CC, la seule fois qu’on a payé pour la nuit, c’est 18 000 tomans pour 24h dans un parking gardé à Isfahan près du centre (environ 4 €).

Sécurité

Les Iraniens sont les gens les plus chaleureux que nous ayons jamais rencontrés. On se sent en sécurité partout. Il ne faut quand même pas oublier qu’ils vivent sous un régime dictatorial et paranoïaque. Soyez prudents lorsque vous prenez des photos à ne pas  prendre de bâtiments officiels et a fortiori des hommes en uniforme ou des sites militaires ou nucléaires. Dans le doute, abstenez-vous. Ne vous arrêtez-pas à Natanz, au nord d’Isfahan, site d’un important complexe nucléaire. Utiliser un drone sans permis peut vous amener directement en prison pour six mois, ce qu’on ne souhaite à personne.

8 réflexions sur “Iran en camping car, mode d’emploi

  1. et notre caravane hobby passerait aussi ?

    vive vous

    pierre yves et valerie

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  2. Bonjour
    Merci pour ce partage fort intéressant. Nous projetons un voyage en Iran à l’automne prochain.
    Nous ne manquerons pas de vous « solliciter » si besoin.
    Si vous envisagez un voyage en Amérique du Sud, n’hésitez pas à nous contacter ou à consulter notre site Internet.
    C’est un continent que nous avons parcouru 3 fois dont deux avec notre fourgon.
    Bien cordialement
    Erick et Monique

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  3. Bonjour.
    J’ai pris plaisir a vous lire.
    J’ai en projet, presque le même parcourt que vous mais en cc au gpl afin de minimiser au maximum le budget carburant.
    D’après les premiers renseignements les iraniens roulent beaucoup au gaz.

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  4. Bonjour, merci pour votre partage – une petite question sur l’approvisionnement en gaz (remplissage de 2 bouteilles de gaz) durant notre parcours jusque Dubai en passant par la turquie et bien évidement par l’Iran. Comment avez vous fait pour vous réapprovisionner en gaz ? Merci pour vos conseil
    Oualid

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    • Bonsoir Oualid,
      nous avions 2 bouteilles de propane françaises de 13kg, classiques. A Téhéran, une était vide et tous les connecteurs achetés sur internet pour tous les payas d’europe ne marchaient pas. Des amis iraniens nous ont fait déposer la bouteille chez un petit marchand de gaz au fin fond d’un quartier populaire et miracle, le lendemain elle était pleine ! ne me demandez pas comment le gars a fait pour le remplir ! miracle iranien !

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  5. Bonjour et merci pour ces renseignements concernant surtout l’ Iran !
    Je compte aller de France en Australie en « camion=ccar » en passant par l’ Iran puis le sud du Pakistan et l’ Inde jusqu’ a Calcutta puis bateau jusqu’ à Darwin . Projet automne / hiver 2019/2020.
    Si vous avez quelques renseignements sur le Sud Pakistan , je suis preneur !

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